CHAPITRE CINQUANTE ET UN (RÉÉCRITURE)
TOBIAS
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- Où sont-ils tous? s'inquiète Amar.
On passe le poste de sécurité sans s'arrêter. De l'autre côté, j'aperçois Cara. Elle a la moitié du visage gonflé ainsi qu'un bandage sur la tête, mais ce qui m'alarme le plus, c'est son expression.
- Qu'est-ce qui se passe?
Elle secoue la tête sans répondre. Du coin de l'œil, j'aperçois Caleb, assis à même le sol, la tête dans les mains, l'air anxieux. C'est alors qu'un scénario des plus horrifiants se fraie lentement un chemin jusqu'à mon esprit. Non. C'est impossible.
- Non, je répète à voix haute en sentant le sang quitter mon visage. Caleb...
Ce dernier tressaille. Lorsqu'il lève les yeux vers moi, son visage arbore un air piteux, comme s'il redoutait que je le frappe ou je ne sais quoi. Cette expression n'aide guère à faire descendre la colère sourde qui commence à monter en moi.
- Oui?, articule-t-il d'une voix presque chevrotante que je ne lui connaissais pas.
- Cette question ne sonnera pas des plus diplomates, mais... Pourquoi n'es-tu pas mort? Réponds franchement.
Mon ton est tranchant et froid sans une once de compassion. Je m'étonne moi-même d'être encore apte à paraître aussi imperturbable, alors que mon cœur semble prêt à bondir hors de ma poitrine.
Caleb rentre la tête dans les épaules et baisse les yeux, comme s'il voulait disparaître sous le plancher. J'ai récemment remarqué que Tris faisait la même chose lorsqu'elle était trop ennuyée -ou butée- pour répondre à une question embarrassante. Mais pourquoi est-ce que je parle d'elle au passé? Un frisson me parcourt l'échine et je dois faire preuve d'efforts surhumains pour garder mon calme.
- Réponds, Caleb!, je répète encore plus rudement.
Aucune réponse.
Sans ménagement, je me jette sur lui, empoignant son col de chemise, et au moment où je sens mon poing heurter sa mâchoire, deux bras musclés m'agrippent la taille et me tirent abruptement vers l'arrière. Je me débat l'espace de quelques secondes jusqu'à ce que j'entende Cara m'interpeller.
- Arrête Tobias! Ce n'est pas en lui faisant mal que tu vas pouvoir changer ce qu'il s'est passé!
- N'empêche que ça défoule assez bien, grogné-je. Bon sang, où est Tris, Cara?
- Elle... Elle a pris la place de Caleb. Elle a survécu au sérum de mort, ce qui est déjà un exploit assez important, et elle a réussi à entrer dans la salle où se trouvait le sérum d'oubli. Cependant, David l'y attendait. Il lui a tiré dessus et...
Elle se tait l'espace d'une fraction de seconde pour reprendre son souffle, mais je l'empêche de continuer avec un signe de la main. J'aurais dût m'en douter. C'est du Tris tout craché, ça: S'exposer au danger sans une hésitation pour sauver un être qui lui est cher, alors que celui-ci a tout fait pour la détruire.
- Mais quelqu'un va-t-il un jour nous dire où est Tris? s'énerve Christina.
Cara pose son habituel regard impassible sur nous, mais son ton se fait plus doux qu'à l'habitude.
- À l'infirmerie. Son corps réagit mal aux effets du sérum de mort et personne ne sait avec certitude si ses jours sont comptés. Il faut dire qu'elle n'a pas eu le temps de mettre de combinaison, la pauvre. Tous les médecins qui auraient la formation pour l'aider flottent dans un nuage de perplexité et de naïveté, alors les Érudits qui restent, c'est-à-dire moi et Caleb, nous faisons de notre mieux, mais c'est un cas plutôt inhabituel.
Sous le choc, je regarde Caleb qui se tient encore la mâchoire à deux mains, son visage ravagé par l'inquiétude et à présent la douleur. Peut-être bien qu'il éprouve un peu de sympathie pour sa sœur, en fin de compte. Avant qu'il ne relève les yeux vers moi, je m'empresse de suivre Christina qui est déjà partie vers l'infirmerie au pas de course.
Tris n'est pas morte. Elle a failli mourir à cause de David, de Caleb et de sa propre bêtise, mais elle est vivante. Elle est vivante.
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Comment finit réellement Allégeance
FanficVoici ma fin personnelle du dernier tome de la trilogie de Veronica Roth, Allégeance (titre québécois). J'espère qu'elle vous plaira plus que la fin «officielle»!