PDV Hadrien
Avachi dans le canapé du salon, je contemple mon verre qui est à moitié plein. Le regard dans le vide, je fixe la couleur ambrée que possède ce whisky écossais. Je dirige d'un geste las le verre jusqu'à mes lèvres, puis bois une gorgée de ce liquide qui vient me brûler l'œsophage.Je soupire brièvement, me laissant petit à petit emporter par un sentiment de bien-être.
Je ne vais pas mentir, l'alcool est devenu mon remède, ma putain de dose journalière. Celui-ci s'avère être indispensable pour me faire tout oublier. Tout. Toutes ces années qui ont fait de moi ce que je suis maintenant: un alcoolique au sens pur et dur du terme.Rien ne m'épargne, je subit les effets positifs comme négatifs de cette spirale infernale. Mais je ne peux plus m'arrêter. Je ne peux plus, car l'alcool fait partie intégrante de ma vie. J'en ai toujours besoin lorsque je ne me sens plus capable de supporter quoique ce soit, ou lorsqu'un sentiment me submerge.
La haine.
Voilà ce que je ressentais avant de vider la moitié de ma bouteille de whisky. Une haine grandissante pour cette thérapie, mais surtout pour cette fille qui croit jouer les super-héros.
Au moment où mes yeux ont rencontré les siens pour la première fois, je savais que cette dernière allait me rendre encore plus mauvais, provocateur. Elle n'arrête pas d'attiser ce qu'il y a de plus détestable en moi. Elle me cherche, me tient tête. Et putain, c'est insupportable. Elle ne sait pas dans quoi elle s'embarque, en agissant de la sorte. Elle n'en sait fichtrement rien. Elle ne se doute pas une seule seconde de ce que je suis capable de lui faire, de lui infliger, si elle persiste encore à vouloir m'affronter. Si elle persiste, malgré l'avertissement dont je lui ai fait part tout à l'heure.
Dès le début, j'étais persuadé que venir à ces réunions était une mauvaise idée.
Si ça ne tenait qu'à moi, je n'y serai jamais allé. Car j'estime que la thérapie est une idée complètement stupide, sans aucun intérêt. Pourquoi? Parce que ce n'est pas ça qui va arranger mon cas. Encore moins si l'autre pathétique de Chiara continue de me casser les pieds avec ses leçons de morale. De toute façon je compte bien m'occuper de son cas, si elle le fait. C'est certain.Mais celui qui est à l'origine de tout ça, c'est bel et bien Seth Osborn; mon ami d'enfance âgé de vingt-quatre ans. Connaissant mon passé, c'est lui qui a essayé de me raisonner, qui m'a forcé à m'inscrire. Depuis que j'habite chez lui, dans cet appartement New-Yorkais, il ne cesse de me rabacher que l'alcool n'est pas la solution. Et je le sais, quelque part. Mais pour l'instant, c'est l'une des meilleures issues. Alors à contrecœur et seulement pour lui prouver que je ne suis pas un lâche, j'ai pris l'effroyable décision de poser tous les samedis mon fessier sur une chaise, pour qu'un "soi-disant" thérapeute parvienne à régler mon problème d'alcoolisme. Et encore, il y a peu de chance qu'il réussisse à le faire, vu son incompétence. Mais il vaut mieux ça que d'aller en centre de désintoxication. Jamais au grand jamais je foutrai mes pieds là-bas.
Je finis ma boisson d'une traite, puis me penche en avant pour poser le verre sur la table basse. Je m'affale à nouveau sur le canapé, puis bascule ma tête en arrière. Je ferme les yeux, histoire de chasser toutes ces pensées qui sont venues attaquer mon esprit. Dès lors, je me concentre uniquement sur mes poumons, qui se remplissent d'oxygène. J'essaye de ne penser à rien, de me détendre, au fur et à mesure que l'alcool se répand allègrement dans mes veines.
Je rouvre mes yeux vitreux et fixe le mur en face de moi. Mon regard, interpellé, divague ensuite sur un paquet de couleur rouge, posé au milieu de la table basse. Ma vision est trouble, mais j'arrive tout de même à distinguer le nom marqué sur l'emballage qui est déjà ouvert. Il s'agit de maltesers. Je ne connaissais pas du tout cette marque de confiseries, jusqu'à maintenant. J'attrape le paquet d'une main, et prend une fine poignée de ce qui en contient. Ou du moins, de ce qui en reste. Étonné, je constate que malgré les rappels à l'ordre que me lance mon estomac — complètement retourné par l'alcool, cette cochonnerie est plutôt bonne. Mais pas aussi addictive que mon whisky, cela va sans dire.
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Sombre Attraction
RomanceÀ vingt-et-un ans, Chiara Davidson est inscrite depuis deux ans à une thérapie de groupe. La jeune femme souhaite vaincre un traumatisme, encore bien ancré dans sa vie. Elle réussit peu à peu à se reconstruire, jusqu'au jour où elle rencontre Hadrie...