Aidez-Moi ! L'éclat Étoilé - Tome 1

Chapitre 2

Perdu entre rêve et cauchemar

Jake se retrouva de nouveau dans sa ville, mais cette fois-ci, il n'était plus près du parc, loin de là, il était plutôt dans une forêt, celle en amont de sa maison, du moins elle y ressemblait. Cette forêt n'avait rien d'exceptionnelle mis à part le lac qui se trouvait au milieu de celle-ci. Ce fut près de ce même lac que sa petite sœur, Mina, perdit la vie il y a de cela cinq ans.

Ce fut un événement tragique , elle n'avait que six ans et ne savait pas nager au grand dam de ses parents. Il allait souvent là-bas lorsqu'il ressentait le besoin de réfléchir, il pouvait passer ses journées, assis là, à regarder les eaux bouger, délicatement au gré du vent et à écouter les oiseaux chanter dans une parfaite symphonie. Pour lui, à l'époque où Mina était encore là, il considérait cet endroit comme un petit coin de paradis qui pouvait par une simple berceuse faire taire tous les problèmes, la forêt des miracles endormis. Jake n'avait jamais compris pourquoi les habitants l'avaient renommée ainsi.

Mais à la mort de sa petite sœur, tout changea, sa mère n'était plus là même, elle avait cessé de parler pendant plus d'un an et lorsqu'elle le faisait, elle mélangeait ce qu'elle disait, alliant verbe avec le complément puis le sujet, personne ne la comprenait, personne ne comprenait l'état dans lequel elle était entrée. Jake fut le premier à réussir à comprendre, à savoir entendre ses plaintes murmurées le soir, au crépuscule. La nuit elle ne faisait que pleurer, mais il avait fini par comprendre, il s'agissait là d'un grand travail de deuil qu'il avait accompli. Un deuil qu'il ne désirait pas terminer. Il partait du principe que la mort était fatalité mais les Hommes étaient fait pour vivre dans le cœur et laisser dans leur proche une empreinte si forte, et si fidèle à ce qu'ils étaient que le devoir de ces mêmes proches étaient d'avoir mal en leur mémoire. Jake avait fini par comprendre qu'il ne pouvait pas être heureux autrement que comme cela.

Sa mère, en le voyant risquer sa jeunesse éclatante, se sentit souvent coupable pour ce qu'elle lui fit endurer et c'est pour cela qu'elle avait décidé de se reprendre en main, de ne plus se laisser sombrer, même si cela ne permit pas de changer l'état dans lequel Jake s'était enfermé.

Quant à son père, suite à cette tragédie, il avait abandonné, non pas seulement sa mère, mais lui aussi, laissant à lui-même le rôle de celui qui devait réconforter sa mère mais aussi son propre cœur, il devait guérir le petit garçon qui était en lui. Après tout, Jake avait lui aussi tant changé qu'il ne savait plus rire . Il avait perdu son beau sourire, celui qui montrait que tout allait pour le mieux et que rien de néfaste ne pourrait l'atteindre, mais toute joie et insouciance sont de courtes durées. Enfin, ceci est ce que Jake disait pour ceux qui voulaient le faire rire.

Jake se retrouvait donc là, où son mal intérieur avait commencé, l'endroit même où il s'était promis de ne jamais remettre les pieds. Et face à lui, la même fille, enfin là, on se le demandait, son teint pâle était sale, blême, ses yeux rubis n'avait plus une once de brillance, ils étaient plutôt pleins de détresses, de peurs et de supplices. Elle le suppliait, mais de quoi, que pouvait-elle vouloir ? Cela personne ne le sut, enfin, pas tout de suite.

Ses cheveux aussi étaient sales, ternes, ils n'avaient plus leur clarté de la première fois, ils avaient perdu de leur éclat. Et ses vêtements, sa nuisette blanche ne l'était plus au contraire, maintenant, on aurait pu dire qu'elle était grise et qu'un animal sauvage la lui avait arraché à certains endroits. Il y avait tant de déchirures que Jake se sentit mal à cet instant même. Elle avait perdu ses souliers, maintenant, ses pieds apparents, on pouvait apercevoir qu'elle avait les pieds abîmés comme si elle n'avait fait que marcher pendant plusieurs jours pour arriver jusqu'à cette forêt. Le jeune homme se demandait ce qui lui était arrivée alors il s'approcha d'elle de la même manière que la veille et dit implement :

— C'est toi n'est-ce pas ? Celle de mon rêve...

Elle le regarda et lui répondu simplement "oui", un oui si triste et empli de douleur que cela serra le cœur déjà meurtri de Jake. Alors, il s'approcha encore un peu plus d'elle, en espérant qu'elle ne se recule pas comme la veille. Elle n'en fit rien, elle se contenta de le regarder les yeux tristes et sans lumière. Il posa sa main sur sa joue et constata qu'elle était froide, sans doute était-elle en hypothermie. Mais, là encore, Jake ne le sut pas, il le supposait. D'un ton doux, et d'un sourire apaisant, il lui demanda :

— Comment savais-tu que je dormais ?

Elle le regarda, ne sachant que dire, après tout, elle-même ne le savait plus, elle supposait le lui avoir dit comme cela, néanmoins elle se souvint.

— Parce que je ne peux vous voir et vous parler qu'uniquement dans vos rêves, vous êtes le seul à pouvoir m'aider. Aidez-moi je vous en prie. Vite ! Avant qu'il n'arrive !

Elle avait peur, si peur qu'elle s'agenouilla près d'un arbre. Un arbre pas des moindres, l'arbre blanc. Il s'agissait de celui où on avait retrouvé Mina, la douce et gentille petite Mina, Jake en fut d'autant plus déboussolé. Il ne sut que faire et que dire, mais, il se reprit, s'approcha une fois de plus d'elle et lui tendit sa main.

— Pour que je puisse t'aider, il faudrait déjà que je sache qui tu es, non ? Même si tout ceci n'est qu'un rêve, je m'appelle Jake, Jake Blackwood.

Il décrivait ceci comme un rêve face à elle mais, il se disait bien le contraire dans ses pensées. Il se voyait mieux dans un cauchemar.

— Je me nomme Callista Skye.

Elle n'était pas rassurée mais, elle n'avait pas d'autres choix que de lui faire confiance, elle n'avait personne d'autres à qui parler.

— Bien alors, Callista, où sommes-nous d'après toi ?

Jake tentait tant bien que mal de la rassurer, de la détendre. Mais comment rassurer quelqu'un alors qu'il ne savait pas comment faire taire son cœur rempli de peur face à cet endroit ?

— Je... Dans une forêt, celle où tous les maux se rejoignent, autrement, je ne serais pas là, n'est-ce pas ?

Callista commençait à avoir du mal à respirer, elle sentait son cœur battre rapidement, elle avait cessé de faire confiance aux autres, mais il ne lui restait plus que lui, il était le seul à pouvoir l'aider, il devait empêcher la reine d'avoir mal. Et elle ferait tout ce qu'elle peut, malgré la peur, pour l'aider à la sauver.

— Je ne dirai pas cela, mais nous somme bien dans une forêt, ici, il est très difficile de retrouver son chemin lorsqu'on ne connaît pas l'endroit. Moi-même j'ai faillis me perdre un bon nombre de fois quand j'étais petit.

Tout à coup, elle le regarda les yeux globuleux, entièrement paniquée, elle entremblait. Elle bredouilla centaines d'excuses, se recula, trébuchant, se collant encore plus à l'arbre. Et d'une voix angoissée lui dit :

— Je dois y aller, il est là. Il arrive me chercher. Aidez-moi ! Ne me laissez pas seule avec lui, il est méchant. Aidez-moi ! Venez-me chercher. Ne vous réveillez pas ! Restez avec moi, je vous en prie!

Mais il était trop tard, Jake s'était réveillé. Son rêve, ou plutôt, son cauchemar, lui avait semblé si réel qu'il ne savait plus quoi en penser. Il était une fois de plus en sueur, son cœur s'affolent encore plus que d'ordinaire. L'adolescent se leva et fit comme d'habitude, il se prépara, déjeuna et sortit faire un tour. Il était absorbé par ses pensées, mais lorsqu'il reprit le cours des choses, cela ne le choqua pas de se trouver près du lac. Il le regarda longuement puis s'assit comme à son ancienne habitude près de l'eau, sur le tronc couché. Il passa près d'une heure assis là, regardant les eaux calmes. Il se leva alors et décida de se rendra à l'endroit où sa sœur fut retrouvé, l'arbre blanc, tel il fut nommé. Celui-là même où s'était trouvé Callista dans son rêve cauchemardesque.

En y arrivant, ce fut l'effroi, ses traces de pas mêlées à ceux d'une fille sans chaussure. Jake ne savait plus quoi faire que c'était-il passé, où était-elle ? Mais surtout, à qui appartenait ces traces de pas en plus des leurs...