Ces matins au Terrier

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Hermione profitait allègrement de cette douche plus que matinale. Elle était arrivée au Terrier deux jours plus tôt et s'était faite voler la place dans l'unique salle de bain de la maison quatre fois de suite la veille. Partager cette pièce avec neuf personnes requérait une certaine organisation. Ainsi, elle avait fait en sorte de se réveiller la première afin de se laver tranquillement sans devoir se battre avec Ginny ou les jumeaux.

Avec un soupir d'aise, elle arrêta la douche, passa ses mains sur ses cheveux pour enlever au mieux l'excédent d'eau et ouvrit le rideau avant d'enjamber le rebord de la baignoire. Elle posa d'abord un pied sur le tapis de bain puis l'autre et se tourna vers la porte. Elle tendit le bras vers sa serviette accrochée sur la patère fixée au mur mais fut stoppée dans son élan lorsque la porte s'ouvrit sur un Charlie encore ensommeillé, seulement vêtu d'un caleçon rouge. Par Merlin, mais que faisait-il là ? Il ne devait arriver que dans l'après-midi. Et puis, n'avait-elle pas verrouillé la porte en entrant tout à l'heure ? Elle n'arrivait plus à bouger un seul muscle. Le bras encore tendu devant elle, les yeux grand ouverts tel un petit animal pris dans les phares d'une voiture, elle était pétrifiée, choquée, incapable de raisonner.

Charlie était dans le même état. Sa serviette sur l'épaule, les cheveux en bataille, les yeux fixés sur ceux d'Hermione, il ne bougeait pas non plus. Le temps s'était arrêté.

Hermione réagit enfin lorsqu'elle vit le regard de Charlie descendre doucement sur son corps, la bouche légèrement entrouverte et son visage, couvert de taches de rousseur presque imperceptibles à cause de son bronzage prononcé, commençant à prendre une couleur proche de celle de son caleçon. Elle fit un pas rapide en avant et attrapa sa serviette accrochée juste à côté de la tête de Charlie avant de la plaquer brusquement sur elle, essayant tant bien que mal de couvrir ses seins ainsi que son intimité.

« Putain de merde. » grommela Charlie avant de sortir précipitamment et de fermer la porte d'un coup sec, arrachant un léger cri aigu à une Hermione mortifiée.

Sa serviette toujours drapée autour d'elle à la va-vite, Hermione ferma les yeux et soupira d'embarras. Elle était nue devant lui. Charlie était là alors qu'elle était nue. Il l'avait vue, elle, complètement nue. Quelle horreur ! Comment pourrait-elle encore le regarder dans les yeux ? Ou bien lui parler ? Ou même rester dans la même pièce que lui ? Elle prit soudain conscience qu'elle allait devoir soit trouver une excuse pour rentrer chez elle et s'y terrer pour les dix prochaines années, soit se faire violence pour l'affronter ces cinq prochains jours car elle avait promis de passer la semaine ici avec ses amis avant de reprendre le travail.

C'était devenu un rituel entre eux - Ron, Harry et Ginny - depuis cinq ans maintenant. Depuis qu'ils étaient tous entrés dans la vie active en fait. Leurs boulots étant assez prenants, ils s'arrangeaient toujours pour avoir une semaine de vacances en commun l'été et la passer ensemble au Terrier. Charlie n'avait jamais été là, trop occupé par ses dragons. Mais cette année, il était prévu qu'il rentre pendant leur semaine car il avait, selon Arthur et Molly, une grande nouvelle à annoncer. Seulement voilà, il ne devait arriver que dans l'après-midi - c'est ce que Ginny lui avait dit en tout cas - et non pas la surprendre à la sortie de la douche dans le plus simple appareil !

Lorsque Hermione sortit enfin de la salle de bain, toujours rouge comme une tomate, elle aperçut Charlie du coin de l'œil qui attendait dans le couloir, adossé au mur, arborant lui aussi une belle teinte vermeille. Elle sursauta et se figea, ne s'attendant pas à le revoir si vite. Elle avait toujours les yeux fixés droit devant elle, n'osant pas le regarder. Elle pouvait l'apercevoir également droit comme un i.

« Hum. Hermione, je- » commença-t-il à voix basse, « Désolé. Je ne savais pas que tu étais là dedans, je suis vraiment désolé » finit-il dans un souffle.

OS - Ces matins au TerrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant