TykenaProduction. ©29 décembre 2017.
"Hommes féroces, hommes sensibles, que des fois il t'est arrivé, partout où tu t'abandonnes au rêve, d'imaginer la mort de ta femme, et de fondre en larmes."
C'est une citation de Jules Renard, un écrivain d'un ancien temps.
La première fois que j'ai entendu cette phrase, était le jour de l'enterrement de ma mère.
Et d'ailleurs, c'était mon père, lui-même, qui l'avait dit, sur l'estrade et devant tout le monde, avant de fondre en larmes.
Et vous savez quoi ?
Cette fois-ci, c'est à moi de le dire.
Aujourd'hui j'ai refusé de mettre mes lunettes de soleil noir teinté.
Si je dois pleurer, pourquoi devrais-je me cacher ?
Assis sur une des chaises de la première rangée de cette salle, mes yeux fixés sur le visage de ma femme qui est couché dans ce cercueil blanc.
Sa sœur faisait un discours mais je n'entendais rien... plutôt, je n'écoutais point.
Je ne bougeais pas, j'étais assis sur cette chaise depuis maintenant 2 heures à regarder le corps de la femme de ma vie ou devrais-je dire : sans vie.
Mes larmes ? Oh *rire* elles ne cessaient pas de couler, elles coulaient toutes seules et je ne les essuyais pas. A quoi bon ?
La soeur de Mendy, Sonia, termine son discours en essuyant sa larme et en envoyant un bisou volant vers le cercueil.
Elle descend de l'estrade à l'aide de son oncle, Leandro, qui est "l'animateur" de cette cérémonie, et se dirige vers la première rangée en regardant à terre.
Leandro monte donc sur l'estrade en prenant le micro.
Il me regarde et soupir.
Leandro - ...je pense pas qu'on va faire monter le mari de Mendy... veuillez le c-
Je le regarde, hoche la tête négativement et me lève en fermant le bouton de ma veste noir.
Je monte sur le podium pour me mettre derrière le micro.
Une centaine de personnes étaient présentes.
Une femme aimée..
Je reste tout d'abord sans mot en regardant le cercueil ouvert.
- Vous savez c'est quoi le pire dans cette histoire ?
Je lève enfin les yeux vers la salle.
Je pose ma main sur mon cœur.
- C'est que j'aimais cette femme.
Je regarde ma belle-mère essuyer sa larme.
- Et je crois que je l'aimerai toujours et pour touj-
Je me suis arrêté en sentant le tremblement dans ma voix, je baisse la tête pour contracter ma mâchoire.
Les larmes remontent et me force à ne plus relever la tête.
Je vois mes veines sur mes mains se contracter aussi.
Je renifle malgré moi et relève la tête.
Je regarde la salle avec les yeux remplis de larmes.
- ...j'allais devenir papa les gars..
Mes larmes coulent et je vois Qassem se lever pour venir vers le podium. Qass' à la rescousse.
Un frère d'une autre mère comme on dit.
Il passe sa main sur ma nuque pour me prendre ensuite dans ses bras.
Qassem - T'en as assez dit mon pote.. viens on retourne s'asseoir.
Je n'ai même pas tenu 5 minutes..
Il se détache et me tient par la nuque pour ensuite descendre du podium avec moi.
Je me remet à ma place et il se met près de moi après avoir déplacé sa chaise qui se trouvait derrière moi.
Je pose mes coudes sur mes cuisses et mes mains sur mon visage après avoir lancé un dernier regard au visage de Mendy..
C'en est de trop pour moi.
__
J'ai mis mes lunettes de soleil au moment du recueillement devant le cercueil de Mendy au cimetière.
Je me suis aussi tenu à l'écart, je n'aime pas être visible au premier plan surtout dans des moments comme ça.
Mon père s'approche de moi avec sa canne.
Il enlève mes lunettes qu'il plie pour le mettre dans sa poche.
Je regarde à terre et ne dis rien.
Papa - "Hommes féroces, hommes sensibles, que des fois il t'est arrivé, partout où tu t'abandonnes au rêve, d'imaginer la mort de ta femme, et de fondre en larmes..."
- Je l'ai imaginé plusieurs fois papa..
Je le regarde.
- Mais ça ne devait jamais arriver..
Papa - La vie commence souvent par la fin Izac, souvent..
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Izac K.
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«On commence par la fin ?»
General FictionTerminé. De toute façon, on est né pour mourir. Short story.