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« — Je vous jure, elle a l'air super bien! Et puis, si je fais mes études en Angleterre, mon anglais s'améliorera davantage.
— Comme si t'avais besoin de t'améliorer, réplique un roux en levant les yeux au ciel. Perso, je pense que je vais partir au Japon. Il y a une très bonne académie de danse et j'espère pouvoir y entrer.
Un brun au visage enfantin lui ébouriffe les cheveux avant de s'installer à califourchon sur une chaise, prenant à son tour la parole.
— Moi j'suis pas encore sûr, mais il y a quelques universités en Amérique qui m'intéressent.
Les six garçons continuent à discuter en groupe de leurs futurs afin de se détendre, un peu, entre deux cours intensifs.
Je les observe, assis quelques tables plus loin. Et je le regarde, lui, surtout.
Le sourire qui orne ses lèvres roses semble plus doux que les autres jours, plus effacé, sans pour autant disparaître.
Il est silencieux, fixant à tour de rôle ses camarades d'enfance lorsqu'ils partagent leurs envies, s'imbibant de chacune de leurs paroles, des différents sons de leurs voix, des rires qu'il est si habitué à entendre et qui ont, tant de fois, provoqué les siens.Il observe, comme si chacun de leurs mots, de leurs gestes, et de leurs sourires, était le dernier qu'il allait voir.
— Et toi, Jimin?
Ses amis se tournent vers lui et attendent patiemment sa réponse, alors il sourit un peu plus.
— Oh, moi, je ne sais pas encore... N'empêche, on sera dispersés un peu partout dans le monde, à ce que je vois.
Et, alors que la conversation reprend à nouveau, je vois Jimin serrer sa main sur sa cuisse.
Fort, un peu trop fort. »
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Jimin pleure à présent devant moi, et je regarde, impuissant, les larmes couler le long de son visage baissé.
Ses petits doigts agrippent fermement le bas de son pull beige, et son corps semble se ratatiner un peu plus à chaque gémissement de tristesse qui résonne dans la nuit sans astres.Combien de choses garde-t-il pour lui, sans jamais les partager, les cachant sous un sourire lumineux pour mieux aveugler le monde?
Je ne comprends pas ce qui lui arrive, je suis pris de court par la situation. Les gouttes d'eau salée glissent sans retenue sur ses joues, puis son cou, jusqu'atteindre le col du pull beige qui l'habille et y disparaître.
J'ouvre ma bouche pour dire quelque chose; la referme immédiatement. Mon cœur se serre à le voir dans un tel état de souffrance et dans ma tête, les pensées se bousculent sans ménagement, dictées par le rythme rapide de mon pouls.
J'inspire profondément, essaye de les faire taire.
Je souffle.
De la buée sort de ma bouche.
J'ouvre les bras.
— Eh, Jimin, viens-là.
Et sans se faire prier, le garçon brisé vient se blottir contre moi, car rien ne vaut le réconfort d'une étreinte chaude lorsque tout semble sur le point de s'effondrer.
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Ne m'oublie pas ʸᵒᵒⁿᵐᶦⁿ
Fiksi PenggemarCar même la plus rayonnante des personnes peut avoir peur du soleil qui se couche et de celui qui se lève.