Chapitre 3 : La profondeur des ténèbres

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Tony en a marre, cela fait maintenant trois fois qu'il recommence cette satanée soudure, et rien ne fonctionne comme il le veut. Il est au bout du rouleau. Cette fin de journée et cette soirée l'ont fatigué. Jamais il n'avait pensé qu'être père, serait tellement difficile. Il attendra le matin pour discuter avec Peter. 

Au sommet de cet immeuble Spider-Man observe et écoute, la ville de New York brille de mille feux sous la toile noire du ciel nocturne et la vie s'éparpille sous ses pieds. Les phares des voitures ressemblant à des centaines de petites lucioles. Peter a déjà bien travaillé ce soir, il a arrêté deux vols de voiture et plusieurs délits en cours. L'air frais lui fouette le visage et même sous son masque, il ressent les bien faits de cette brise qui emporte avec elle toutes ses sombres pensées. Il est heureux quand il est Spider-Man, quand il est dehors toute la nuit à veiller sur les habitants. Bien entendu, monsieur Stark ne doit pas savoir qu'il désobéit aux règles et viol le couvre-feu qui lui avait été imposé par sa tante, couvre-feu que son tuteur avait gardé afin que Peter soit toujours opérationnel le matin venu pour se rendre en cours. Mais ces derniers temps, le lycée n'avait plus le même attrait pour Peter. Ned n'était même plus dans la même école que lui, et MJ non plus, ils s'étaient beaucoup rapprochés tous les deux lors de leur dernière année à Midtown. Non, ce soir il ne rentrera pas à vingt-trois heures, il restera dehors toute la nuit malgré la punition. Occupé à veiller sur la ville, il ne reste pas enfermé dans sa chambre à se remémorer des souvenirs douloureux. 

-"Karen?" Interroge-t-il. "Y a-t-il quelque chose?" Peter doit bouger. Rester immobile ici ne lui plaît guère. Se battre et agir lui permettent de ne plus penser.

-"Il semblerait qu'il y ait un vol en cours au port marchand." Répond l'intelligence artificielle.

-"OK, tu en sais plus?" Demande le jeune héros.

-"Deux hommes dans une camionnette bleue foncée. Sur le quai au nord-ouest de l'entrée." Répond Karen. "Je te mets le visuel GPS." 

-"Merci Karen." Peter adore vraiment son intelligence artificielle.

Spider-Man tire une toile sur le gratte-ciel en face de lui et s'élance, une toile après l'autre, il saute et se rattrape, se rapprochant des docks, toujours dans l'air nocturne simplement éclairé par la lumière fantomatique de la pleine lune.

Les grilles de l'entrée du port sont défoncées, les caméras de sécurité sont détruites. Il avance encore et atterrit souplement sur le toit d'un hangar à bateaux et peut observer à quelques mètres de lui deux gars sortant d'un véhicule bleu marine. De ce côté-là du port, les éclairages se font plus discrets et moins nombreux voilà pourquoi ses deux types sont ici. Spider-Man se contente pour le moment de les observer, il ne voit rien de suspect, ils n'ont fracturé aucun hangar, ils ne semblent même pas s'intéresser aux bateaux et autres matériaux éparpillés sur le quai. Que peuvent-ils faire ici? Il n'y a rien à voler? Il n'y a même pas de navire de marchandises accosté dans ce coin plutôt reculé. Alors pourquoi ces deux types sont ici?

-"Attends, c'est con!" Dit le premier mec alors que les deux hommes sortent une caisse assez imposante par les portes arrière de leur utilitaire.

-"Je sais mais les ordres sont simples, on la prend et on la jette à la mer." Il aide  son collègue à soutenir le colis. "Point barre."  

Toujours à l'abri des regards, Spider-Man n'a pas encore bougé mais il est vrai qu'il est intrigué par ce qu'il voit. Il les regarde encore et les deux types balancent leur colis dans l'eau. Les deux hommes ont fini leur "travail" et sont déjà de retour dans leur voiture, ils prennent le large. Peter saute au sol et se dirige vers le bord du quai et observe la boîte couler doucement. 

-"Karen, scan la caisse s'il te plaît." Il doit savoir ce qu'elle contient et pourquoi ils l'ont jetée à l'eau. La réponse de l'intelligence artificielle sonne aux oreilles du jeune homme et l'angoisse prend la place de la curiosité.

-"Peter vite, c'est une femme qu'il y a dans la caisse, elle est vivante, elle va se noyer." Quand les derniers mots de cette phrase incroyablement cruelle sont prononcés, le jeune héros agit en moins de temps qu'il en faut pour dire Iron Man. Il se jette à l'eau et il est saisi par le froid, il plonge sous la surface mais il fait si sombre et c'est si sale qu'il n'y voit pas grand-chose. La panique le gagne, il agite ses membres dans des mouvements frénétiques nageant plus vite et plus bas. Mais assez rapidement le manque d'air commence à se faire ressentir, ses poumons crient à l'aide, son esprit le supplie de remonter mais sa conscience lui dit de retrouver cette caisse et de sauver cette pauvre femme. Il ne se pose pas plus de question et tente d'écouter ses sens, et en se concentrant enfin il l'aperçoit, elle coule et disparaît vers les ténèbres des profondeurs. Le jeune héros nage et nage encore, son costume n'est plus étanche et l'eau s'infiltre à travers le tissu. Il est glacé jusqu'aux os, la terreur s'empare de lui. Et s'il n'était pas assez fort et rapide pour sauver cette femme? 

Il s'enfonce profondément dans l'obscurité poussant toujours plus sur ses bras, ses côtes blessées le font finalement souffrir sous la pression aquatique. Puis dans une dernière tentative, les doigts frigorifiés et raidis par le froid du jeune homme se referment sur le rebord en bois. Peter tient bon et rapproche ses jambes, il pose ses pieds de chaque côté de ses mains et s'aide de tous ses muscles pour soulever le couvercle cloué. Il pousse plus fort et ses poumons se vident. Il ne pourra pas, il n'y arrivera pas. Mais la boîte cède et s'ouvre, sans plus attendre, Peter attrape ce qu'il peut à travers les cheveux flottant autour du visage pâle de cette femme.

Sa vue s'assombrit, il ne va pas pouvoir remonter, Karen ne lui parle pas, plus rien ne fonctionne. Son costume est H.S, monsieur Stark va encore lui faire une scène.

Une main fermement enroulée autour du bras de cette fille, Peter fait ce qu'il peut pour remonter. Le poids si léger soit-il de l'inconnue freine ses efforts et la douleur, le froid, le manque d'air ne l'aide pas. Il voit la lune à la surface il nage encore et encore, son corps réclamant de l'air, il faut qu'il respire, il doit respirer où il va perdre connaissance. Et alors que ses organes crient pour l'apport en oxygène, il perce enfin la surface, il se presse de retirer son masque prenant une grande inspiration et tire de toutes ses forces afin de remonter la femme dans sa main hors de l'eau. 

A bout de forces et à bout de souffle, le jeune homme doit encore ramener cette inconnue sur le quai, elle est inconsciente et ses lèvres sont déjà bleues. Tremblant le jeune homme plaque le dos de cette femme contre son torse, la tenant dans son bras enroulé autour de sa taille, il s'aide de son autre main pour nager et bientôt il est accroché à un des pneus immergés, suspendus sur les côtés des quais. Sa force hors du commun est un atout majeur dans cette situation, il soulève la femme d'un seul bras et fait rouler le corps sur le bord bétonné, il s'extirpe de l'eau et finit par retrouver la terre ferme.  

A genoux tout près de cette inconnue, Peter fait ce qu'il lui semble être le mieux, le corps saisit de tremblement dû au froid et à l'effort fourni, il écoute si la noyée respire, malheureusement rien mais son cœur bat encore sous ses doigts posés dans le cou de cette fille. La peur est omniprésente, elle ne bouge pas, son visage est pâle et ses lèvres bleues. Il doit agir ou elle va mourir.

Plusieurs minutes s'écoulent et le jeune héros souffle encore une fois dans la bouche de la victime. Et alors que tout espoir semble perdu, elle tousse légèrement expulsant l'eau de ses poumons, le jeune héros, frigorifié, fatigué et trempé, roule son corps sur le côté, une quantité d'eau sale s'écoule de sa bouche et la jeune inconnue respire de nouveau. Peter est soulagé mais ils sont tous deux en hypothermie.  Puisant dans ses toutes dernières forces, il soulève la jeune fille dans ses bras et prend la route vers la tour. Ne pouvant s'aider de ses toiles, le chemin du retour sera bien plus long et fastidieux qu'à l'allée.

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