1ère nuit

62 7 0
                                    


"J'ai embrassé l'aube d'été"
(Aube, Rimbaud)

La sphère dorée pointe son nez, je l'attendais. Chaque rayon naissant se reflète sur l'eau frémissante, ses habitants se réveillent, tout ce monde s'agite en une farandole de clapotis dans la bleutée. L'astre d'Icard poursuit son chemin dans son rougeoiement, il s'élève entamant, surplombant l'horizon qui le fait naître et faisant naître toute la vie qu'il illumine. Un spectre lumineux transcende la masse sombre qui se radoucit à son contact. Toute trace de la nuit s'envole, les étoiles s'échappent une à une, la lune s'efface, le jour, la vie, le Soleil prennent le relais en un cycle magnifique. Pendant que sa course se poursuit, j'observe la vie sous-marine reprendre ses droits, les poissons sortent de leurs anémones, les crabes de leurs coquillages et les plantes se reteintent de leurs fantasques couleurs. Toute cette vie m'envahit, elle peuple mes paupières de souvenirs fabuleux. Ce Némo qui zigzague entre les roches pour fuir un plus gros poisson, cette étoile de mer violette qui se confond dans la flore, ces bulles d'air qui roulent jusque la surface pour aller rejoindre l'autre immensité bleutée, cet autre monde totalement opposé mais pourtant tellement lié. Dans l'orbe céleste, une mouette poursuit son envolée vers de nouveaux horizons, vers d'exotiques contrées. Que j'aimerais pourvoir la suivre. Mais pour l'instant je me contente de cette version idyllique. Ce tableau superposé à la griserie urbaine. Lorsque l'étoile du jour atteint son zénith, je sombre dans mon sommeil, bercée de cette illusion.

InsomniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant