Les bruits de pas résonnants, les cris et murmures des autres individus et ce douloureux bracelet en métal injectant un produit non identifié dans son sang, c'est tout ce à quoi pensait Yena en ce moment. Il devait à peine être 13h30 mais cela devait faire plus de 4 heures qu'elle avait quitté sa maison. La douleur que lui infligeait son bras l'obligeait à serrer les dents pour éviter de crier, à vrai dire il s'agissait d'une oppressante sensation indescriptible contenant brûlements et frottements. En plus du bracelet, ses jambes et ses mains étaient menottées pour empêcher tout risque d'évasion tandis que des gardes armés jusqu'aux os surveillaient chaque recoin de l'immense bâtiment. Elle était également un peu sous le choc, à vrai dire elle avait dû dire au revoir à sa famille du jour au lendemain et quitter sa meilleure amie qui n'avait pas été touchée par la radioactivité. Cela ne faisait pas partie de son quotidien. Elle continuait cependant, parmi la foule, d'avancer en compagnie d'un garde vers sa chambre.
Après avoir monté une vingtaine de marches et être passée devant une cinquantaine de portes, le garde qui l'accompagnait jusqu'à présent s'arrêta devant une chambre, elle compris vite qu'il s'agissait de la sienne. En entrant à l'intérieur, elle découvrit sa colocataire déjà présente, le garde ne perdit alors pas de temps et après avoir retiré ses menottes d'une manière tout sauf délicate, il s'en alla rapidement tout en fermant la porte. La porte fut d'ailleurs la deuxième chose que remarqua Yena après son arrivée et les nombreuses explications contenues dans le fascicule qu'on lui avait distribué dans le bus allaient s'avérer utiles. Il y avait un système d'ouverture et de fermeture des portes très technologique, surveillé et contrôlé à distance: lorsque l'on voulait sortir, il suffisait de sélectionner sur l'écran à gauche de la porte le lieu où l'on voulait aller et si nous y allions à 2 ou seule et un ou plusieurs gardes venaient pour nous y escorter selon l'heure. Aucune caméra ne se trouvait dans les chambres pour préserver toute intimité.
La brunette ne perdit pas de temps pour allez s'allonger sur son lit une fois celui-ci en vue, regardant alors avec l'esprit vide, le plafond blanc et poussiéreux de la chambre.
-Hey!
C'est à ce moment qu'une voix innocente retentit dans ses oreilles, la fatigue était la seule chose que l'on pouvait distinguer sur son visage mais son interpellante ne devait pas l'avoir remarquée alors elle se redressa pour poser son regard sur sa colocataire.
-Salut... bredouilla-t-elle avec autant d'assurance qu'une mouche morte.
Elle n'était pas du genre petite fille faible ou première de la classe mais plutôt au centre de tout avec un dur caractère : elle n'allait donc pas s'abattre sur son sort si facilement.
Le fauteuil où était assise sa jeune colocataire grinça légèrement lorsque celle-ci s'en leva, s'approchant de Yena le sourire aux lèvres sûrement pour faire bonne figure. Ses yeux verts impériaux scintillant due à l'éclairage, elle lui tendit sa main.
-Moi c'est Megan et si nous sommes destinées à passer le restant de nos jours ici, j'aimerais tout autant que ça se passe bien avec ma colocataire.
Pour aucune raison, Yena se mit à sourire légèrement avant de serrer sa main, rester ici jusqu'à la fin de ses jours? Elle rêvait, elle n'avait pas prévu de mourir ici et peu importe s'il existait ne serait-ce qu'une sortie, elle en créerait une à main nue s'il le fallait.
-Yena, je m'appelle Shin Yena.
-Et bien enchantée Yena! lança-t-elle après avoir lâché la main de sa nouvelle colocataire. Drôle d'époque n'est-ce pas?
Megan s'assit sur le lit de Yena, à sa gauche, regardant en face d'elle car elle ne savait pas trop quoi faire d'autre.
-Ne m'en parle pas... répondit désespérément Yena.
Une légère sonnerie retentit alors dans les couloirs du centre, faisant sursauter Yena avant que celle-ci ne comprenne en regardant l'horloge qu'il s'agissait d'un signal pour alerter les jeunes que la ville d'ombre était accessible. C'est donc rapidement qu'elle se leva du lit, s'approchant de l'écran situé à côté de la porte pour enfin aller se dégourdir les jambes.
-Tu viens? demanda-t-elle à Megan.
Megan hocha la tête de haut en bas pour faire comprendre que sa réponse était "oui" avant de s'affaler dans le lit de sa colocataire.
Yena sélectionna alors "deux personnes" sur l'écran interactif, puis "la ville d'ombre" et valida. Elle retourna ensuite s'asseoir sur son lit à côté de Megan, attendant patiemment que des gardes viennent les escorter : elle allait enfin pouvoir se débarrasser de cet horrible bracelet pour quelques heures.
C'est au bout de quelques minutes que deux gardes armés de menottes entrèrent dans la chambre, Yena sourit alors, se levant du lit et tendit ses bras au premier garde qu'elle vue, suivit de Megan qui avec un peu moins d'énergie s'exécuta à faire la même chose. Megan avait une mémoire incroyable et était bien décidée depuis son arrivée ici à compter approximativement le nombre de gardes présents dans l'enceinte du bâtiment même si elle n'en avait aucune raison particulière : elle ajouta donc 2 gardes à sa liste. Elle avait réussi à lire sur l'étiquette du garde son identité, il s'appelait K.Miller, bon ça lui donnait juste son nom de famille mais elle avait également déduit qu'il devait avoir une vingtaine d'années d'après son corps musclé et métisse et sa bonne bouille.
Après avoir traversé presque l'entièreté du bâtiment principal, les deux jeunes filles arrivèrent près d'espèces de portes de contrôle et c'est à cet endroit que les deux gardes s'en allèrent. Yena confuse, avança donc jusqu'à l'une des files, passant par un portique de sécurité qui analysait ce que l'adolescente avait sur elle et qui scannait son identité, toujours suivi de Megan. Elle s'approcha donc d'une individue ressemblant fortement à une secrétaire, assise derrière son ordinateur à recevoir les données des personnes passant par le portique, celle-ci lui retira ses menottes avant de lui fournir des grosses chaussures à sa pointure.
-Elles sont en plomb, annonça-t-elle. Tu peux les retirer quand tu veux mais je pense que tu te doutes de ce qui arrivera si tu les enlèves.
Elle n'avait pas l'air méchante, mais préventive. Yena retira alors ses baskets qu'elle donna à la dame avant d'enfiler et de serrer au maximum ses grosses chaussures avec une énorme semelle faites de plomb, puis elle avança vers la ville où un garde lui retira son bracelet métallique à l'entrée ce qui la soulagea énormément. Elle remarqua immédiatement l'énorme marque rouge que celui-ci avait laissé sur son bras avant de pénétrer dans l'immense réplique de San Francisco : La ville d'Ombre.
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SHADOW CITY
Science FictionLorsque la sirène a sonnée pour la première fois, la plupart des habitants de San Francisco avaient acquis des capacités surhumaines dut aux radiations...