Chapitre 2

801 70 28
                                    

 Lou

Je n'ai pas encore repris contact avec Jordan. Ça va faire une semaine et je n'ai jeté mon dévolu sur personne d'autre. Je ne sais pas vraiment ce qui me retient. Si j'hésite, en tout cas, c'est que ça ne doit pas être la meilleure idée. À cause de ces doutes, je préfère attendre.

Je ne me suis pas confiée à Salomé sur le sujet, d'ailleurs. Aucune envie qu'elle me bassine avec ses fausses théories. Non, je n'ai pas peur de m'engager ou d'être déçue. Ma préoccupation principale ne se résume pas à la performance physique, sincèrement. Je ne veux pas – plus – me forcer à quoi que ce soit de ce côté-là. Faire semblant, j'y ai renoncé. Après, si je dois tenter l'expérience, ce sera sûrement avec Jordan.

Ou avec le type qui vient d'entrer, remarque !

Des cheveux blonds coupés courts, des yeux bleus ensorcelants et une bouche sensuelle à souhait. Oh my... Une vraie bombe ! Il n'a pas l'air ravi de pénétrer dans notre boutique de mode, son soupir agacé ne m'échappe pas. Il fait visiblement tous ces efforts pour la nana qui l'accompagne et qui pousse des petits cris de joie en attrapant une robe cintrée rose. Dommage que Monsieur soit, à priori, déjà en couple. C'est rédhibitoire pour moi. Je ne veux pas de prise de tête, donc hors de question de m'immiscer dans un ménage !

Je m'approche pour les accueillir pendant qu'il s'affale sur l'un de nos fauteuils en grognant. Madame part rapidement pour son premier essayage.

— Un café pour patienter ? demandé-je poliment.

— Un whisky pour survivre ? me répond-il en levant les yeux.

Je souris aimablement. Je surprends son regard se balader sur mon visage et mon corps. Je réprime un frisson.

— Un bol pour le café alors, déclare-t-il d'une voix charmeuse. Avec ma sœur, ça peut prendre des heures.

Sa sœur ?! Alléluia !

Je lui dépose une tasse quelques minutes plus tard et me présente. Monsieur se prénomme Kyle. Il a perdu un pari avec sa frangine, d'où sa présence ici. Il doit l'aider à choisir une tenue pour le mariage d'une amie où elle espère choper quelqu'un. Je ris lorsqu'il grimace en prononçant le mot « choper ».

— C'est ma petite sœur, se justifie-t-il.

Il est mignon. Il râle d'ailleurs dès qu'elle apparaît habillée d'une robe des plus sexy. Ils finissent par me demander tous les deux de m'en occuper pour éviter qu'ils ne s'étranglent mutuellement. J'accepte de bon cœur et réussis – au bout d'une heure quand même ! – à contenter tout le monde. Ils m'auront épuisée, ces deux-là, mais Kyle me laisse ses coordonnées en partant. Son clin d'œil au moment où il franchit la porte me fait lever les yeux au ciel. Pourquoi faut-il que je ne rencontre que des types sûrs d'eux, à la limite de l'arrogance ?

Je range le petit bout de papier dans mon sac, perplexe. Je suis mitigée entre l'appeler et laisser tomber. Ça m'étonnerait que Salomé le connaisse, ce serait du coup se jeter dans l'inconnu. Ce qui est effrayant, tout autant qu'excitant. Est-ce que je prendrai le risque ? Il est bien appétissant, ce mec, mais je n'ai aucune garantie.

J'ai besoin d'être sûre qu'il me respectera...

Je souffle et repousse mon sac dans le fond du casier. Je n'ai pas à me lancer tout de suite, de toute façon. Je ne lui ai pas passé mon numéro – par prudence –, je suis donc seule à décider. J'aimerais bien ne plus avoir ce blocage et pouvoir profiter comme je l'entends, sans validation par une tierce personne.

Je termine ma journée à seize heures, contente de ne pas faire la fermeture pour une fois, et suis sur le trottoir quand Salomé m'appelle :

— Dis-moi que tu es libre samedi matin ! m'apostrophe-t-elle d'emblée.

Together - again ? [sous contrat d'édition avec Butterfly]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant