Le café de la boulangerie

4 0 0
                                    

10 Novembre 2017.

– Bonjour ! Un café crème à emporter ? 

– Bonjour, Oui s'il vous plaît.

 – Ça vous fera 1.60, s'il vous plaît. Voila pour vous, merci au-revoir.

– Au revoir merci, bonne journée.

– Merci à vous aussi.

Cette pauvre dame doit dire merci et s'il vous plaît un millier de fois par jour. 7h07 du matin, lundi. Je m'assois à ma place habituelle. J'ai toujours cette manie de regarder autour de moi avant de réellement m'installer. Je n'aime pas cet endroit, mais il s'est révélé essentiel ces derniers mois. Tous les lundis matins, je dois attendre une heure avant de prendre mon train pour le lycée. Et dans cette boulangerie, il fait chaud. Les gens parlent fort, et le café n'est pas bon. Mais c'est ça ou le bistrot/tabac/bar d'à coté, et je ne m'y aventure pas. Il y a toujours un nombre impressionnant d'hommes devant, qui s'exclament leur cigarette à la main, mais aucune femme. Ils ont l'air de se connaître depuis toujours, doivent probablement appeler le serveur par son prénom. Des habitués. Je pourrais y aller, ce n'est pas que j'ai peur, et le café y est peut être meilleur. C'est seulement qu'ils se sentent plus forts en groupe, et que je ne suis jamais d'humeur à affronter le commentaire. Ce commentaire qu'ils font toujours. Si on y répond pas, ils insistent, si on y répond, ça engage une conversation. Une sorte de piège. Alors je reste dans ma boulangerie, où il fait chaud, où les gens parlent fort, et où personne ne fait de commentaire.

Il y a cette femme, petite, les cheveux courts, noirs. Assise avec une autre tous les lundis matins. Ses pieds touchent à peine le sol, et elle a une voix d'enfant. Elle raconte une sortie en ville, et montre fièrement ses achats. « Tu as vu comme ils sont mignons ! Et pas cher en plus ! 4 euros chacun, et regarde celui ci comme il est chou! ». L'autre femme ne semblait pas emballée. Bien que l'argument des 4 euros aurait convaincu un bon nombre de personnes. Aujourd'hui on achète si ce n'est pas cher, on saisit les «opportunités», parce qu'on ne sait jamais, une machine à faire les yaourts à -50%, ça peut toujours servir.

15 Novembre 2017.

– Merci au revoir , bonne journée

A ma droite, une table de collégiens. « Moi ma mère veut m'acheter une PS4 à 200 euros, mais c'est noël, je veux pas de PS4. Moi je veux un mac, de toute façon je dirai que mon père veut m'en acheter un, comme ça je suis sûre de l'avoir. Depuis qu'ils ont divorcé j'ai plein de cadeaux c'est trop cool. » Il doit avoir 13 ans. Je n'aime pas les enfants, au fond ce n'est pas de leur faute, mais ils reproduisent avec tellement d'assurance, toute la stupidité de la société dans laquelle ils ont grandi. Ils sont comme des adultes, mais dans une version miniature, et dont les vices, au lieu d'être soigneusement dissimulés, sont assumés avec une assurance frappante. La plupart des gens trouvent peut être ça adorable, du fait de leur âge, mais personnellement je ne les supporte pas.

2 décembre 2017.

Il fait froid. Les fenêtres sont recouvertes de buée. Pour la première fois je m'y rends le soir. Et tandis que m'installe, il fait déjà chaud. La femme enfant est là. Inébranlable - et à chaque fois - d'avantage marquée par le temps.

– Un café crème ?

 – Oui. Merci beaucoup.

Il y a vieil homme, aussi mal installé que mal vêtu, reposant sur un coin de mur, à l'entrée du café où personne ne semble l'avoir remarqué. A ses côtés, une vieille dame. J'écoute, discrète, à l'ombre d'un recoin sans tout à fait comprendre. Néanmoins, je devine que cette dame tente de lui apporter son aide. Tant bien que mal, elle tente vainement de lui parler :

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Sep 21, 2018 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

à vous de voirWhere stories live. Discover now