La musique commençait à monter, les gens étaient presque tous à l'intérieur, mis à part quelques hommes qui fumaient le cigare au-devant du bâtiment, un bras enroulé autour d'une femme, ou battant l'air pendant leurs débats, visiblement mouvementés. La fête débutait vraiment, Harry le sentait au plus profond de lui, peut-être qu'il était temps de sortir du labyrinthe, et d'entrer en scène lui aussi. Il avait passé la première heure à reprendre ses marques dans les jardins, et maintenant, il devait prendre son courage à deux mains.
Il souffla un bon coup, se répétant les mises en garde de sa mère pour la cour, et s'élança le menton haut vers les grands bâtiments du palais. Il passa devant les hommes au cigare, qui le détaillaient de la tête au pied, et sentit les regards brûlants des femmes sur lui, lorsqu'il passa les grandes portes du palais. Il était étonné du manque de contrôle quant à l'entrée des invités, mais ne fut pas déçu lorsqu'il se retrouva sans encombre à l'intérieur. Le claquement de ses chaussures sur le sol marbré et lustré fit retourner quelques regards, et éveilla des murmures. Il en captura quelques-uns lorsqu'il laissa traîner son oreille dans les conversations qu'il créa, et dire qu'il en souriait était peu dire. « Qui est-ce ? » « Je ne l'avais encore jamais vu par ici. » « Il n'a personne à son bras, est-il venu seul ? » « Il a belle allure, quel homme ! » furent les mots qu'il entendait le plus, et oui. Il avait eu l'audace de venir seul, quel homme oui, c'était un sacré bout d'homme qu'il était.
Il traversa la marée de nobles, salua à tout hasard quelques personnalités, que le visage changé par le temps paraissait familier au comte, puis alla s'asseoir à une table peu occupée. Il était déçu, et rassuré que personne ne le reconnaisse, personne ne l'avait pointé d'un doigt accusateur, au contraire, les yeux de la foule brillaient pour lui. Ce devait être son costume, il y avait mis tant de soin et de temps. Une femme, à l'apparence toute aussi audacieuse que lui, vint s'asseoir à ses côtés. Ses bras étaient dénudés, et sa robe fluide lui laissa l'occasion de dévoiler son mollet, qu'elle laissa délibérément à la vue d'Harry. A peine dix minutes qu'il était là, et il avait déjà trouvé avec qui passer sa nuit, qu'elle soit intime ou non. Il lui plaisait, il le lisait dans son regard assoiffé. Sa chevelure brune était remontée dans des épingles en perle, et son regard de feu était soutenu d'un noir fumé au-dessus de ses cils. Sa bouche épaisse et charnue elle, était plus rouge, visiblement tracée avec soin, ce qui lui indiqua que la jeune femme semblait soucieuse de son apparence. Il engagea la conversation.
-Si vous vous demandez comme les autres autour, je me présente, Thomas de Villiers.
- Enchantée, monsieur de Villiers. Je me doutais que vous étiez étranger, votre nom me le confirme. Vous êtes français, donc ? Votre accent ne vous trahis pas.
-De Province française, mais j'ai appris votre langue avec mon lecteur, je la maîtrise désormais milady. Si vous le permettez, puisque vous ne semblez pas me donner l'honneur de votre nom.
-Les français et leurs manières ! Je suis Helena, mais mon nom ne vous importera que très peu, je ne suis pas de celles dont vous désirez le nom, à en juger votre regard posé sous mes bas depuis que je me suis assise.
-Sans vous offenser, Helena, vous ne faites rien pour les cacher de mon regard. Rit Harry, déjà satisfait de son travail bien effectué pour cacher sa véritable identité. Français, mais quelle idée avait-il eut de se faire passer pour un français, il allait demander à William d'approfondir ses connaissances dans cette langue désormais ! Lui qui ne la maitrisait pas tant...
La conversation continua ainsi, de longues minutes. Il y avait toujours un fond de séduction dans leurs paroles, mais le comte ne cessait de lancer des regards à droit et à gauche pour épier les invités, et espérer déceler des détails croustillants comme il le faisait autrefois. On ne faisait jamais attention à ce que les enfants entendaient, ils étaient trop petits, on les croyait incapables d'être de telles fouines ! Mais c'était mal connaître Harry que de dire que les enfants étaient de simples petites âmes innocentes devant qui les paroles n'avaient pas d'importance.
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The Golden Raven • Larry
Historical FictionLe comte de Selborne, exilé avec sa mère dans les campagnes britanniques, décide de renouer avec la cour royale, mais c'est sans se douter qu'il va recroiser un vieil ami, Louis, qui a tout oublié de lui, même la couleur de ses yeux. Il décide donc...