« Et quand vient le soir, pour qu'un ciel flamboie,
le rouge et le noir ne s'épousent-ils pas ? »
Oui ou non ? C'est LA question qu'on se pose quand on pose le regard sur un mec. Est-ce que je voudrais, avec lui ? Le fait qu'il soit gay ou pas n'a aucune importance, car on est là dans le simple fantasme. Tu te dis ça pour les gars dans ta classe, pour ceux de ton établissement, mais aussi dans les transports en commun, à la plage, et en tous lieux où tu peux voir des garçons. Par exemple, dans le bus, je fais toujours mentalement un classement des trois premiers dans mes préférences. Et si un du podium descend (du bus),je tâche de le remplacer ; et si un plus attrayant monte, il détrônera aussitôt un des prétendants...
Je précise qu'il ne s'agit pas forcément de beauté mais d'attirance. J'ai déjà expliqué ailleurs (1) l'effet puissant que me faisaient les défauts physiques, et donc mes critères de sélection sont très variables, dépendant aussi de mon humeur (changeante) du moment. Mais dans tous les cas, je vais également m'interroger plus précisément sur comment elle est ? On veut TOUS savoir ce que cache un type dans son pantalon. Alors, on jette un œil, furtif mais perçant, du côté de la braguette... Néanmoins, sauf s'il porte un slim, elle ne mange pas le morceau, protégeant le dit morceau sous des voiles de pudeur. On peut tout imaginer, mais elle est comme elle est... et c'est ça qui est bien ! Très franchement, je ne vais pas me formaliser sur la taille, même si je manque encore d'expérience pratique pour faire un tableau des éléments. C'est d'abord le mec qui va me plaire, plus ou moins. Sa gueule, bien sûr, sa silhouette, mais aussi son comportement, sa manière d'être. La coiffure, les vêtements, la voix, ça joue aussi. Tout compte ! puisque tout est intéressant.
Après, il y a le rôle attribué à chacun : top, versatile ou bottom. Ces termes en anglais désignent celui qui préfère pénétrer ou être pénétré, ou qui aime les deux. Moi, je suis pour la multiplicité des plaisirs et donc j'aime les deux. Ceci dit, je n'ai – à ce stade du récit – encore connu ni l'un ni l'autre, à part pour des gâteries. D'un côté, j'ai connu le sexe à deux, mais de l'autre, pas la copulation. Et pas la jouissance commune non plus, puisque dans la fellation, c'est un seul qui fait jouir l'autre (et prend plaisir à). Il y a bien le 69... mais je n'ai pas pratiqué. En fait, je l'ai fait qu'avec deux gars : Théo, que j'ai sucé (plusieurs fois) et Evan, qui m'a sucé (deux fois). On en reparlera...Le rôle de chacun s'établit tout naturellement, pour moi. Si c'est un gars d'allure plus virile – pas forcément physiquement mais aussi de tempérament –, il aura le dessus, et je m'imagine tomber dans ses bras musclés m'emportant vers le lit nuptial ! Si c'est un petit minet, je vois très bien mille et une manière de le faire ronronner... Et enfin, si nous sommes d'un modèle équivalant, et bien l'on alternera ! ce qui doublera le temps des plaisirs...
Cet exercice mental devient plus obsessionnel dans des circonstances de liberté – un devoir en vacances ! Comme cet été, sur une île – heureusement pas déserte du tout – et que les corps à demi nus affolent tous les radars. Ceci dit, dans ma catégorie d'âge, le choix n'est pas ouf. Ils sont où les 15/17 ans ? Avec les familles, ils sont tous plus jeunes, et en groupes, tous plus vieux. Mais bon, avec une dizaine de débarquements par jour, tout espoir n'est pas perdu... Et c'est pourquoi nous aimions nous poster en terrasse d'un café, sur le port, en face du débarcadère. « Nous », ce sont mes trois potes et moi. Je précise que ce sont des amis d'enfance et que je n'ai pas plus que cela d'attirance sexuelle pour eux. Je ne les vois pas comme les autres. Ok : Raphaël est bien foutu, Sacha a une belle gueule et Erwan en a une grosse... mais je les connais trop ! ce serait pas excitant, voire même un peu incestueux – sans compter qu'ils sont tous les trois hétéros, les pauvres... Bref, rien ne vaut l'inconnu.
Il n'y a pas non plus que ton regard sur les autres, il y a aussi l'inverse. Moi, j'ai une certaine habitude de me faire reluquer, soit par des filles, soit par des vieux. C'est un peu relou (parfois beaucoup), même si je n'ai rien contre les unes ou les autres ; c'est juste que je n'en ai pas l'usage (pour ce à quoi on pense). Mais enfin, là, au cas où un BG gay m'aurait repéré le premier, j'ai pris la précaution de porter un petit bracelet arc-en-ciel au poignet gauche, histoire d'annoncer la couleur. C'est à la fois discret et évident (pour qui a l'œil). Ça ne durera que pour l'occasion du séjour de deux semaines en camping – chacun sa tante ! car nous avons tous l'espoir (pas du tout secret) de pouvoir la partager.
Il s'agit pour moi d'en finir avec cet état de demi-puceau. Et c'est bien cet « entre deux » que je suis venu chasser, par landes et rochers, par plages et terrasses, sur cette belle île bretonne, tel un Robinson en quête de son Vendredi. Or, ce fut bien un vendredi que je l'ai rencontré ; celui du 3 août 2018. Cette date est entrée dans mon histoire, tout comme lui dans mon corps, dès le lendemain, me marquant à jamais de son inoubliable empreinte.
À suivre...
NOTES :
1 : Voir mon recueil « Entre Autres », récits N° 23 et 24 : « les Défauts des Garçons ».
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le Roux et le Noir
RomanceQuand un fils "de bonne famille" rencontre un lascar de banlieue (tous deux 16 ans), sur une île bretonne... Ça ne donne pas Robinson et Vendredi, mais une chaude parenthèse amoureuse estivale.