Le départ

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     Sombres mathématiques



Comme tout jeune du tiers monde issue d’une famille je dirais moyenne sociale, ma vie fut loin d’être toujours joyeuse, mais des fois, je n’aurais rêvé avoir une autre vie.
Je suis né le 10 juin 1996 à Yaoundé 5, de père congolais et de mère camerounaise. Ma famille n’est pas nombreuse car nous ne sommes que trois enfants ; ma grande sœur, mon petit frère et moi. Mon père travaillait à l’OCEAC une organisation Sous-régional en tant que chargé des relations extérieures et ma mère, certes Technicienne de laboratoire diplômée était une femme au foyer à cette époque. Je fis mon école maternelle et primaire jusqu’au cours moyen 1ère année (CM1) dans une école publique à proximité du lieu de service de mon père. Mon père était un homme honorable et bon ; il était aimé de beaucoup et savait se faire de bonnes relations, il était d’une élégance et d’une galanterie sans équivoque, c’était un <<tchatcheur et un sapeur>>. Ma mère quant à elle a toujours été une femme forte, gentille, aimable et disciplinée, elle était le sourire, le support et la force de mon père.
Ma sœur et moi depuis la nuit des temps sommes très liés, elle aussi est passée par la même école publique que moi, mais vu que nous avons 6ans d’écart, nous n’y avons pas été en même temps. Notre vie familiale était simple mais nous étions heureux, nous ne manquions de rien et n’envions personne. Ma mère assumait aussi le rôle de répétiteur, le soir elle s’assurait que chacun étudiait, elle nous posait des questions, nous éclairait sur les zones d’ombres ; elle nous a tenue de la sorte jusqu’en 3ème. Mes parents étaient heureux, comme dans tout couple, il y avait des moments de tensions et de disputes, mais jamais pour longtemps. Je me souviens de ces week-ends où mon père mettait de la musique congolaise dès le petit matin, dansait avec ma mère, faisait le ménage et le petit déjeuner et en soirée s’habillait très élégamment avec sa dulcinée et allaient profiter de la soirée comme de jeunes amoureux. Notre entourage était très vaste, des collègues de mon père, supérieurs comme subordonnés aux amies d’école de ma mère en passant par les membres de la communauté congolaise de notre ville et les amis de mes parents , communs ou individuels. Nous les appelions tous tonton ou tata, mon père était un unificateur.
En 2006 ma mère tomba enceinte de mon petit frère. Mon père et ma sœur s’occupaient de la maison et de moi tellement bien durant cette période que je ne ressentais presque pas la fatigue de ma mère. Ma grande sœur a toujours été responsable, c’est ma 2ème mère. Le 24 janvier 2007, à l’aube, ma mère commença à avoir des contractions et mon père l’emmena à l’hôpital. Mon père depuis deux jours avant toussait beaucoup. Ce jour, ma sœur et moi sommes allés à l’école comme d’habitude et mon père lui avait donné son téléphone pour pouvoir la tenir informée. Je me souviens parfaitement de ce jour, c’était un mercredi car j’avais fini les cours à midi et j’attendais ma sœur qui finissait à 15h30 pour aller à l’hôpital voir comment notre mère allait. Environs 45min après la fin de mes cours, ma sœur vint m’annoncer que maman avait accouché d’un joli garçon. Mon père est venu nous chercher aux alentours de 14h et nous sommes allés à l’hôpital où ma sœur et moi avons fait la connaissance de notre petit frère. Ce jour ma sœur me taquinait en disant que j’étais le seul <<noiro>> car mon petit frère et elle sont très bruns ; Et mon père rétorqua que je lui ai fait honneur car les autres sont bruns comme ma mère  et moi j’ai pris son teint ; mais il était bien plus noir que moi. Ce fut un jour de grande joie et de fête.
Le médecin a demandé à ce que ma mère passe encore trois jours à l’hôpital malgré le fait que l’accouchement se soit déroulé sans problème, alors mon père nous a ramené à la maison nous a acheté du poulet braisé et est resté avec nous, mais dès cette soirée il se plaignait d’avoir froid et toussait encore plus, ma sœur lui a demandé d‘aller à l’hôpital mais il disait qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, que ça allait passer. Le lendemain au réveil, il était tout pâle mais il disait que ce n’était rien. Il alla voir sa femme et son bébé, quand il revint le soir il nous annonça que maman rentrerait le lendemain au lieu du surlendemain. Maman avait aussi remarquée que papa n’allait pas bien et à son retour à la maison le vendredi en matinée, lui demanda d’aller voir un médecin mais il refusa disant que c’est la première fois qu’un petit palu veut le déranger donc que tout ira bien dans quelques jours. Le lendemain, son état s’était encore empiré mais il refusa malgré l’insistance de ma mère et nos supplications à tous. Dimanche, ma mère avait décidé de l’emmener à l’hôpital coûte que coûte car son état s’empirait sensiblement, il a refusé prenant pour prétexte que les dépenses que ma mère fera peuvent nous servir pour aller à l’école le lendemain mais après insistance, aux alentours de 17h, ma mère réussi. Ne pouvant plus marché, ma mère demanda à de l’aide à un de ses frère qui était venu rentre visite, avec quelques voisins ils portaient mon père et le mis dans la voiture, comme conscient de sa dernière heure, il dit au revoir à chacun de ses enfants, moi je descendis à une petite source derrière la maison pour laver ma tenue de classe ; à peine mes habits trempés, une voisine vient m’annoncer que mon père venait de mourir. J’ai fait mine de ne pas entendre, c’est environs 5 minutes plus tard quand une amie de ma mère déboula à la maison en criant et en pleurant que je me suis senti transpercé par un vent glacial et que j’ai pris conscience qu’effectivement mon père était décédé. Décédé en laissant derrière lui une veuve et trois orphelins dont un âgé d’à peine quatre jours.
Apres ses obsèques, nombreux de nos tontons et tatas nous ont tournés le dos, oubliés, ignorés ; pour eux, monsieur mon père était mort avec toute sa famille. Nombreux de ceux-là avec  qui nous mangions le dimanche, avaient oubliés l’existence de ma famille ou du moins l’ignoraient. Et la comme par un traitement d’extraction par tri bulle, ceux qui nous considéraient réellement sont remontés à la surface. Nous avions principalement, tonton Raphael un ami d’enfance de mon père que moi je ne connaissais que depuis deux ans, mon père et lui n’était pas amis, ils étaient frères, je dirais même plus ils étaient frères jumeaux. Et à chaque fois ils se disputaient pour le droit de naisse et ce pour des choses sans grand intérêt notamment qui mangera le gésier du poulet ou qui doit faire la prière, qui doit s’assoir au bout de table… en fait, il avait un écart d’âge de 4 jours ; mon père était né le 18 avril et lui le 22 avril de la même année. Mais tonton Raphael revendiquait la place de l’ainé car alors que mon père commençait à se voir apparaitre des cheveux blanc, lui il en était recouvert, même sa moustache était blanche. Il s’est occupé de nous, ma maman ne travaillant toujours pas, son aide était littéralement divine il apportait des cartons de lait pour mon petit frère qui suivait l’allaitement mixte, du lait, du saucisson, du beurre pour nous autre, des sacs de riz, de spaghettis  et donnait un peu d’argent à maman pour s’occupé de nous. Etant un homme très occupé, on le voyait très rarement et nous faisait parvenir tout cela par son chauffeur. Mais un an et demi ou deux ans après il reparti au Congo et avec le temps, le contact fut rompu.
Il y avait aussi tonton Fulgence un des supérieurs de papa, il est d’un naturel calme et très gentil, selon moi c’est un ange tout droit venu du ciel ; tout comme tonton Raphael, il se souciait de nous, nous aidait de son mieux et prenait constamment de nos nouvelles.
Il y avait aussi tonton bob et hutch qui sont aussi restés proches de nous et avec qui plus je grandirai plus je passerai de temps car à chaque fois me racontent des histoires sur papa, de comment il était, des points positifs aux points négatifs en passant par les conseils qu’il leur donnait quand ils étaient jeunes et qu’ils me transmettent à leur tour. Et ça m’apaise d’entendre des histoires sur mon père.
On vivait aussi principalement grâce à la pension de retraite de mon père. Maman se battait pour qu’on reste dans des établissements privés pour nos études ; ma sœur et moi avons vendu des fruits secs venant du nord du pays, ici on les appelle jujubes. C’est la recette de ces derniers qui participait à notre ration journalière pour aller à l’école. Malheureusement on a pas eu un cursus scolaire sans faute ; ma sœur a raté le probatoire sa première année en terminale et le réussira l’année d’après même comme elle m’avouera qu’elle n’avait même pas composé la première année. Et elle eut son bac à la troisième tentative. Moi, après l’obtention de mon BEPC, je fis une erreur, une énorme erreur qui me poursuit jusqu’à présent. J’avais été orienté vers la seconde littéraire et j’étais conscient que j’excellais dans les matières littéraires et c’était l’inverse avec les matières scientifiques ; mais tellement mes amis et moi trouvions la branche littéraire inutile, par orgueil j’insistai pour faire seconde scientifique. Pour raisons financières, ma mère nous changea d’école à ma sœur et moi et nous mis au lycée de la cité verte. Ma sœur en classe de terminale, s’était sa troisième année, l’année de la réussite ; et moi en seconde scientifique dite seconde C. je savais que j’étais faible en maths, physique et chimie mais je me trompais, j’étais NUL. Je fus très vite découragé et je baissai les bras, de plus, je me suis lié je ne dirais pas aux mauvaises personnes, mais plutôt aux personnes qui m’entrainait dans la ruine. Je pris goût à fuir les cours, je faisais l’école buissonnière, pour l’école j’étais un fantôme à tel point qu’à la fin du premier trimestre j’avoisinais 400 heures d’absences. J’ai déçu ma mère, et quelques personnes pour qui je comptais encore. Je fus bastonné et conseillé par tous, je pris la décision de me reprendre en main, j’ai fait des efforts mais hélas ce ne fut pas suffisant, j’échouai et la meilleure, j’ai été renvoyé.. on me mit dans un nouveau collège qui ouvrait aussi ses portes pour la première fois, je cartonnai, je fus même primé. Ensuite, L’année d’après, ayant eu mon entrée en classe de première scientifique, deux options s’offraient à moi ; la terminale C dominée par la mathématique et les sciences physiques ou alors la terminale D gouvernée par les sciences de la vie et de la terre et un peu de mathématiques. Voulant fuir les maths, j’optai pour la terminale D mais maman refusa et insista pour que je fasse la terminale C je découvris ses raisons plus tard, mais n’osant point lui tenir tête, j’acceptai, sans le savoir je ne faisais que creuser ma tombe ; tout comme ma sœur j’eu mon probatoire la deuxième année à la seule différence que j’avais vraiment raté la première fois et mon échec ne m’a pas vraiment surpris car j’avais de sales habitudes récalcitrantes ; je fumais, je buvais et j’avais même des envies de suicide car je me considérais comme une erreur de la nature, pire, comme la seule erreur du tout puissant  ; et je l’obtins avec des notes médiocres en matières scientifiques et de très bonnes notes en matières littéraires. J’obtins mon bac du premier coup mais comme pour le probatoire avec des notes médiocres en matières scientifiques et de très bonnes notes en matières littéraires. Maman de son côté commença une formation de conseillère psychosociale pour pouvoir intégrer un projet. Elle était retournée sur les bancs pour pouvoir améliorer la vie de ses enfants. Elle en fut diplômée et sortie major de sa promotion. Elle fut intégrée dans le projet et gagna un salaire de quatre-vingt-dix mille francs CFA par mois. La maison, en l’état où papa l’avait laissé était constituée de deux chambres, une cuisine et un salon. De par sa détermination, sa volonté, sa force, son amour et j’en passe, maman transforma cette maison en une constituée de trois chambre, une cuisine, une salle à manger, des toilettes internes et un magasin. et ce, avec un salaire de quatre-vingt-dix mille francs CFA. Mon respect et mon amour pour maman est infini et immortel. Comme beaucoup de personnes en détresse, maman s’est faite bernée par des soit disant Hommes de Dieu. C’est peut-être pour cela que je ne crois pas en ces personnes. Mais heureusement elle s’est ressaisie et compris que pour communiquer et avoir les grâces du seigneur on n’a pas besoin de poudre aux yeux. Mais simplement de croire en lui et lui parler sans cachotteries et sans arrières pensées ou idée obscure.  Il y a  des passages de nos vies que je tais car très sombres et je n’ai ni la force ni l’envie d’en parler de manière générale ou détaillée. J’avais réussi avec persévérance à redevenir un bon garçon, du mois le garçon que j’étais avant de déraper. Nous avions une famille de congolais comme voisin, leur fils unique cheslie était et est toujours pour moi un frère. Avec les tournures de la vie, cheslie commença à prendre un chemin de voyous et un jour après une gaffe son père en le blâmant lui dit :<< voilà l’orphelin là-bas, au lieu que ce soit lui qui se perde, c’est toi qui veut devenir bandit ?>> à  croire que le fait d’être orphelin nous réservait un futur de débauche. Avec la mort de papa je suis devenu quelqu’un d’extrêmement sensible, malheureusement la majorité des éléments qui arrivaient à ma famille étaient tristes et malheureux. Inconsciemment je suis brusquement devenu quelqu’un de froid, d’agressif, de brutal, de méchant, je n’arrivais plus à accorder ma confiance, je n’exprimais plus mes sentiments à quiconque, je n’avais que des envies noires et cela se ressentait même à travers mon regard, mes gestes et  mes propos. Cette situation évolua même, je restai tel que décrit mais en plus, je devins bizarrement une oreille pour écouter, une épaule sur laquelle pleurer et une bouche pour conseiller. Les gens s’éloignant de moi à cause de ma mauvaise aura,  et mon aspect sombre, je masquais celui que j’étais devenu derrière une personnalité toujours souriante et gaie. Et aujourd’hui je souffre d’un trouble de la personnalité. Avec le temps et un peu de recul, je compris que la souffrance loin d’être une malédiction ou une plaie était plutôt un tremplin vers un avenir meilleur ; mais je n’ai pas gardé ce point de vu trop longtemps en esprit car la vie m’en a fait voir de toutes les couleurs et m’a même montré des couleurs dont j’ignorais l’existence. Je ne fus pas le seul à avoir changé, ma mère et ma sœur aussi avait des attitudes nouvelles ; mais bon personne ne faisait de remarques à l’autre. Des moments difficiles on en a vécu, et ça nous a forgés.
Enfants, on passait beaucoup nos vacances chez notre grand-mère à douala mais avec le temps, ma sœur arrêta de venir, il ne resta que mon petit frère Auxence et moi qui y allions encore. L’année à laquelle j’obtins mon probatoire, en naviguant sur Facebook, un réseau social, je me mis à discuter avec une très jolie jeune fille ; on a très vite sympathisé et tenait tellement à me connaitre que je me disais qu’elle était sous mon charme, j’avoue qu’elle ne me laissait pas indifférent ; mais au moment où je voulu lui dire qu’elle me plaisait, Dieu pour me préserver de la honte me fis parvenir son message où elle m’expliquait qu’en fait elle et moi sommes cousins car ma mère et son père le sont aussi, avant que je n’envoie le mien. Elle  se nomme Karen, aujourd’hui elle et moi sommes très proches ainsi qu’avec ses frères ; je venais de découvrir de nouveaux cousins avec qui le courant passait bien. Les grandes vacances de cette même année, karen et moi étions à douala ; je suis allé lui rentre visite ainsi qu’à mes autres cousins et cousines du côté maternel et je découvris que Nancy une cousine que j’appréciais à l’époque et que j’aime énormément aujourd’hui était l’ainée de karen. Apres avoir bavardé quelques instants, Karen, son frère Félix qu’on appelle toutou et moi sommes allés nous balader dans le quartier et nous sommes passés devant la boutique de vêtements d’une tante et là Karen décida de m’emmener les saluer.  J’étais contre cette idée car cette tante, son mari mon oncle et leurs enfants vivaient d’abord à Yaoundé comme nous et nous étions très proches mais plus tard sont allés s’installés à douala et le contact avait été rompu et je ne voulais pas aller les voir pour éviter la gêne de ne pas être reconnu et de devoir me présenter auprès de personnes qui sont sensés savoir qui je suis. Mais bon… j’ai cédé aux demandes de karen et nous sommes entrés dans la boutique et le choc fut intense et agréable car ma tante et mes cousines se souvenaient de moi. Elles m’ont directement adoptées, on a très vite sympathisé, en très peu de temps, mes cousines Lionelle et Engome qui aujourd’hui pour moi sont des sœurs et moi avons commencés à rattraper le temps perdu.
La mort de mon père, l’abandon de bon nombre de nos proches et les évènements qui s’en sont suivis ont détruit quelque chose en moi. Je n’arrive plus à faire confiance et à me confier aux gens.  Et c’est très difficile car j’ai trop de choses qui me pèsent sur le cœur, que j’aimerais bien partager avec quelqu’un histoire de me libérer et d’aller mieux mais je n’y arrive. A chaque fois que j’essaie j’ai comme un blocage et je change de sujet. Même quand quelqu’un essai de me faire parler, je fais mine d’aller bien. J’affiche toujours cette bonne humeur qui me dévore peu à peu. Les relations avec ma familles se complexifient de jour en jour ; ma mère me regarde de jour en jour avec moins d’amour et moins de dégoût à mon égard, mais me regarde avec de la colère, de la rancœur et de la déception ; avec ma sœur, si on pouvait me supprimer de cette planète, je crois que son bonheur serait à son optimum. Mon petit frère quant à lui bah, trop petit pour savoir comment il me voit.  Je sais que je délire sûrement en ce qui s’agit de ma mère et de ma sœur, j’essaie de m’en convaincre depuis des années, mais il y a une voix dans ma tête qui est persuadé que mon existence est nuisible aux leurs. Dieu seul sait combien de fois j’ai pensé à disparaitre pour de bon. Mais paradoxalement elles sont toujours là quand j’en ai besoin.  Je suis troublé. Cela a peut-être un rapport avec ce sentiment d’abandon qui m’a marqué mais je me suis rendu compte que je m’attachais très rapidement aux gens. Mais j’ai du mal à réellement les considérer comme ils le méritent mais je fais semblant ; de ce fait, avec les copines que j’ai eu, tout allait très bien jusqu’à ce que je m’y intéresse réellement ou pire, que je tombe amoureux, dès lors il fallait que je la pousse à rompre mais j’avoue que l’une d’entre elle a su me faire craquer et  m’a possédé. Et pour accorder le peu d’importance possible aux filles, je les chosifiais un peu. Et c’est quelque chose je me souviens que ma sœur détestait chez moi mais je ne comprenais pas vraiment pourquoi. Quand nous étions plus jeune,  je le ressentais que ma sœur aurait préférée avoir deux de nos cousins comme frère plutôt que moi. Cela été  traumatisant je ne le cache pas. Mais l’amour de ma sœur à l’époque comptait énormément pour moi et c’est toujours le cas présentement ; alors j’ai décidé de copier ce qui était cool, ce que ma sœur aimait chez eux. Déjà tous deux étaient des hommes à femmes, ils les collectionnaient littéralement, plus infidèle qu’eux tu meurs, l’un avait des airs de gangsters et l’autre faisait tout pour parler comme un blanc, l’un était très serviable et l’autre malhonnête. Alors je muta, je m’adapta à ces traits de personnalités qui ne sont pas miens, et je m’y suis assez bien en sorti, les meufs j’en avais même déjà un peu trop,  j’ai commencé à trainer avec des gangsters et en avoir les attitudes, j’ai changé ma voix, j’ai même essayé d’être serviable et malhonnête, mais les résultats obtenus à la fin étaient tout autre que ceux escomptés. Bizarrement, quand ça venait des autres ma sœur était fan, mais venant de moi, ça l’enrageait. Etant moi-même je ne lui plaisais pas, étant comme ceux qu’elle aime ça empirait, j’en ai déduis que c’est moi le problème, pas mon comportement, mon caractère, mais juste moi, ma présence ; dès lors j’ai commencé à renoncer à faire plaisir à Fanila ; c’était impossible pour moi d’être le frère qu’elle aurait aimé avoir. Mais cela n’a en rien diminué l’amour que je lui portais au contraire.
Les enfants, bien avant de savoir comment ça se passe, les sacrifices nécessaires et les moyens à fournir pour l’atteindre, ils ont pour la plupart des rêves, de ambitions professionnelles,  certains veulent devenir, médecins, pilotes, homme d’affaires, ingénieur, journaliste, président,… mais  pas moi. Je n’ai jamais eu ce genre de rêves. Pour être clair, je n’ai jamais su ce que je voulais faire dans ma vie. Contrairement à maman qui avait un plan tout conçu dans la tête. Elle m’orientait vers le voie qu’elle voulait et non celle que je voulais, et n’osant résister je me passa tout seul la corde au cou. La mathématique, mon pire ennemi. On dit qu’avec amour on peut tout faire et qu’avec la haine on peut mieux faire encore. C’est archi faux ; j’ai aimé, ensuite détesté la mathématique, mais le résultat était toujours aussi nul. Hélas, j’étais déjà pris dans un tourbillon infernal. Ma première année universitaire fut une année perdu elle ne m’a servi qu’à me reposer. Je m’étais inscrit en mathématiques sous obligation masquée derrière conseils de la part de maman tonton Fulgence et tonton Dieudonné dont j’avais entendu parler juste quelques mois avant ;  tonton Fulgence et lui étaient extrêmement liés l’un à l’autre. L’année d’après sous obligation masquée derrière conseils de ces derniers encore je fis le concours de l’ISSEA, une école sous régional de statistiques et d’économie appliquée ; en français simple, une école de mathématiques dans laquelle enseignait tonton Dieudonné. J’ai réussi ce concours, j’en fus le premier content mais aussi le premier inquiet sachant qu’entre les maths et moi les relations étaient désastreuses. Ce fut une année horrible, à l’école ça n’allait pas vraiment, mais le comble c’est que nous sommes en Afrique et l’ennemi de l’homme noire est l’homme noir, je fus <<possédé>>. Je dis possédé mais je dois dire spirituellement attaqué car je tombais constamment malade, je pissais du sang, et j’avais même des pertes de mémoire ; mais les résultats des examens médicaux  ne révélaient jamais rien d’anormal. J’ai dû me confier et être traité par une dame ayant un <<don spirituel>> pour m’en sortir. A cause de ces maladies répétitives, j’ai accumulé beaucoup de retard, et déjà qu’au top j’étais nul, je vous laisse imaginer la situation après cet énorme retard. Mais tout ce que les gens ont vu ce n’était qu’une déception de plus de ma part. Cette année-là, j’ai redoublé. J’ai vu que  j’etais capable de causer une déception encore plus intense à ma maman, à tel point qu’elle en a pleuré et m’a demandé ce qu’elle m’aurait fait pour que je la déteste autant et la déçoive au point où elle pourrait en mourir.
Les vacances étant présentent et à cause de mes résultats désolants, je fus interdit de sorti ; j’étais quasiment en prison. Mes seules activités étaient les tâches ménagères, la télévision, la lecture de la bible et de mes cours de l’année académique qui venait de s’achever, histoire d’être prêt pour la rentrée  prochaine. Ces vacances allaient être couvertes de beaucoup d’évènements heureux comme malheureux. Le contrat de travail de ma mère étant déjà terminé, par la grâce divine, fut prolongé d’une année. Cela signifiait qu’elle aurait toujours un salaire, ce qui signifie que nous pourrions toujours avoir la certitude d’avoir quelque chose sous la dent chaque jour. Cette nouvelle représentait beaucoup pour nous.
Ma petite amie Orgelle  et moi avons eu notre plus grand problème depuis quatre années ensemble. Elle se plaignait de l’amour que ma cousine Lionelle et moi nous portions mutuellement. Elle trouvait cet amour malsain, et je me disais qu’elle n’était pas la seule dans ce cas. J’admets qu’elle n’avait pas vraiment tort.  Le fait est que lionelle et moi, nous étions plus ou moins complémentaires et on était toujours l’un avec l’autre qu’elle se sentait mise de côté. Après avoir très longuement discuté, on a heureusement pu tout arranger et aller de l’avant.
Ces vacances-là,  il était prévu que j’aille au Congo faire mon passeport et nouer véritablement avec les racines de mon père. Mais hélas à cause de mon échec, ce projet fut avorté. Le 12 juillet 2017, on a reçu un appel de ma belle-sœur vivant au Gabon que mon oncle, son beau-père, le dernier restant de mon père et ses frères, tonton Alphonse  venait de nous quitter pour aller rejoindre ses frères dans l’au-delà.  Toute la génération de mon père était éteinte. Il ne restait que nous les enfants, parmi lesquels les garçons étaient en grande minorité, à ce que je savais à ce moment-là, en fonction de ceux que je connaissais, nous n’étions que trois garçons, Willy mon grand cousin, Auxence mon petit frère et moi. Déjà que j’avais repris du poil de la bête concernant mes études et mon avenir, me rendant encore compte que nous ne sommes que trois garçons, mon envie de réussir dans la vie s’est vue décuplée. Maman aurait bien voulu que j’aille au Gabon pour soutenir Willy, mais m’ayant puni, elle resta ancrée dans sa décision de me maintenir prisonnier.
J’étais décidé à exceller au cours de l’année à venir et au cours des autres jusqu’à ma mort. La lecture de la parole divine m’a vraiment fait du bien, elle m’a permis de me reprendre en main, de vouloir me sauver, de vouloir me donner les moyens de m’en sortir, de voir la vie différemment, de retourner vers le droit chemin car je ne vous le cache pas, à un moment, j’ai failli entrer corps et âme vers le côté sombre.  La bible m’a vraiment inspirée et m’a sorti du gouffre. La vie est comme un chier dans lequel on écrit à l’ancre indélébile. On ne peut rien effacer, mais on peut rectifier ses erreurs ou du moins essayer. J’étais prêt à tourner la page, à en commencer une autre sur laquelle j’essaierai de réduire les fautes et de maximiser sur les bonnes décisions, les bonnes actions, les bons choix etc. Même mes goûts musicaux furent affectés. J’écoutais beaucoup du rap, surtout le rap abondant de gros mots et de mauvais exemples, J’en faisais même. C’était mon style musical par exemple, c’était carrément devenu une  passion, j’écrivais des textes et selon l’avis de ceux qui ont eu l’occasion de lire mes textes ou de m’écouter rapper, j’étais plutôt doué. Mais sans efforts ou contraintes de ma part, je me suis personnellement adouci et mon gout musical aussi.  Je suis passé du rap sombre et sauvage à des chansons plus douces, à chansons plus mélodieuses, à des chansons plus calmes, plus respectueuses, aux variétés, etc. je m’étais ouvert sur un nouveau monde et il me plaisait. J’avais moi-même changé, j’étais plus gentil, plus ouvert, moins manipulateur, plus franc. J’exprimais mieux ce que ressentais sans toutefois aller en profondeur. Je pense que c’est ma façon de me protéger que de garder certaines parties de ma vie, de mes sentiments et de mes émotions cachées. Et j’avais le pressentiment que j’allais vieillir et mourir ainsi. Maman m’avait donné un document qui parlait de la sagesse divine et m’avait demandé de le lire. Selon l’auteur de ce document, la sagesse reposait sur sept piliers dans cet ordre : prudence, connaissance, discrétion, conseils, jugeote, compréhension et pouvoir. Je décidai donc de vivre selon ces préceptes afin d’acquérir plus de sagesse dans l’espoir de devenir une meilleure personne et par ricochet améliorer ma vie, celle de ma famille et de mon entourage.
Prudence ; je pensais être quelqu’un de prudent, mais ce n’était pas vraiment le cas. Je confondais la peur à la prudence. En me repassant ma vie, je me suis rendu compte que je sympathisais avec tout le monde et n’importe qui, mais avec les tendances mystiques dont se oignait le monde, ce n’était ni prudent ni intelligent de ma part. De même pour mes choix, ils n’étaient pas vraiment prudents. Le premier moyen d’accéder à la guérison est tout d’abord de se rendre compte que l’on malade et de l’accepter ; je commençai alors à vivre prudemment. Vivre prudemment ne signifie pas vivre en se méfiant de tout et de tout le monde, mais plutôt vivre de façon raisonnable et réfléchie.
Connaissance ; je possédais déjà un peu de connaissance mais selon moi ce n’était pas suffisant, alors, je commençai à beaucoup lire, à suivre des émissions à la télé, à suivre même le journal, je me forçais à comprendre mes leçons, non dans l’unique but de réussir mais aussi pour accroitre mes connaissances.
Discrétion ; j’ai vraiment eu du mal à ce niveau car je suis d’un naturel vantard. Côté congolais, je suis un lari et côté camerounais, je suis un douala, je suis le fruit d’une association de sangs aussi vantards l’un que l’autre. Vantardise et discrétion ne vont pas vraiment de pair ; mais à force de travail, je pense que j’ai réussi à devenir discret.
Conseils, je ne prends pas beaucoup de conseils en compte car nombreux sont ceux qui ont une image bidon de moi, par conséquent leurs conseils s’adressent généralement à la personne qu’ils croient que je suis ; et vu que ce n’est pas moi, la majorité de leur conseils ne me servent à rien. Ceci étant, tout conseil me touchant réellement, tout conseil pouvant m’aider était le bienvenu et était pris en compte. Le fait de cacher ma véritable personnalité rendait le fait d’avoir des conseils appropriés très difficile.
Jugeote ; je pensais aussi en avoir ; et j’en avais mais pas assez. Et une question m’intriguait terriblement ; comment faire pour avoir de la jugeote ? Une réponse immédiate et claire je n’en ai eu. Mais avec un peu de recul, je me suis rendu compte qu’avoir de la jugeote signifiait simplement réfléchir avant d’agir, peser le pour et le contre avant de prendre une décision ; ce, dans le but de faire le meilleur choix par rapport à une situation donnée. En gros, il s’agissait de vivre avec prudence.
Compréhension ; le fait de comprendre les autres, de me mettre à leur place, d’essayer d’éprouver leurs sentiments face à certaines situations m’a permis d’offenser de moins en moins les gens, de commettre moins d’erreur, d’éviter bon nombre de pièges et tentations et aussi cela m’a permis de faire de meilleurs choix.
Pouvoir ; cet élément qui entre de bonnes mains sert à réaliser tant de choses merveilleuses pour le bien commun mais qui entre de mauvaises mains avait l’effet inverse ; cet élément généralement destructeur. J’ai compris que le pouvoir s’acquérait avec le temps et en fonction de nos actes. En fait, on ne l’acquérait pas, on le gagnait. Et j’étais déterminé à le gagner.
J’étais déterminé plus que jamais à devenir quelqu’un de sage ou du moins de plus sage que je pensais l’être. Et avec l’annonce d’une nouvelle qui fit de moi l’un des hommes les plus heureux du monde, je me devais d’être d’une très grande sagesse, car il fallait que je devienne une personne responsable, et pour vraiment l’être, être sage est une nécessité et non un luxe.
Mon père et surtout mes oncles m’ont inculqué les notions selon lesquelles ton cousin n’est pas ton cousin mais plutôt ton frère et que tu devais  le considérer comme tel ; et que l’enfant de ton frère ou de ta sœur n’était pas ton neveu ou ta nièce mais ton fils ou ta fille.
Quand Fanila m’a annoncé qu’elle était enceinte ce fut un jour inoubliable pour moi. J’étais aux anges, j’étais tellement content qu’il me fallait le dire à tout le monde, il fallait que je partage ma joie avec tout le monde que ça leur face plaisir ou pas, ce n’était pas là mon problème.
Mais vu que Fanila ne voulait pas que cela se sache, à cause des histoires de jalousie, sorcellerie et autre, j’ai annoncé et partagé la bonne nouvelle dans tous les réseaux sociaux et aux oreilles de qui voulait l’entendre, mais en respectant le souhait de Fanila. Je disais à tous que c’était mon enfant, que j’avais enceinté une fille et qu’elle attendait mon enfant. Pour ceux qui voulaient plus de détails, je ne manquais heureusement pas d’inspiration. Certes je mentais mais bon… je m’en foutais. Et ce n’était pas faux car c’était effectivement mon enfant d’une certaine manière.
Je ne travaillais pas encore et je venais même de reprendre une classe mais plus que jamais j’étais décidé à devenir quelqu’un de sage, riche et puissant, non seulement pour moi, pour mes parents, pour famille, mais aussi pour cet enfant, cet ange qui allait entrer dans ma vie. Désormais je voulais réussir pour mon fils, mon premier enfant. Il méritait la vie dont sa mère et moi rêvions étant petits.
Entre ma petite amie et moi,  les disputes s'enchaînaient encore et encore.  Nombreuses personnes ont semé le doute en elle et ma personnalité peu orthodoxe n'arrangeait pas le situations. Las de cette situation qui devenait étouffante pour tous les deux, nous finîmes par rompre.  Grande fût ma peine et ma  déception. En elle j'avais mis mon amour, ma confiance.  Je l'aimais tellement que je me projetais constamment dans un potentiel futur avec elle. Cette rupture m'a dévasté. Mais je n'allait pas non plus me laisser périr. J'ai gardé la tête haute, sorti mon ineffaçable sourire et j'ai continuer à vivre en espérant que le meilleur était à venir. Mais Dieu seul sait ce qui se passait en moi quand je la croisait,  quand je voyais une de ses photos, un de ses messages ou même simplement son nom. Ce fût très difficile pour moi. Et là, le Seigneur me fit un cadeau magnifique,  pour me sortir du brouillard dans lequel j'étais plongé,  il m'apporta de la lumière et du bonheur en dose extrême.  Le premier petit fils de mes parents,  le premier de mes enfants, la bénédiction divine qui se developpait en ma soeur naquit. Cet enfant tant attendu était enfin parmi nous.  Cette naissance nous a tous rapproché davantage les uns des autres.
Cet enfant a captivé toute mon attention et tout mon amour, je ne ressentais plus l'absence de ma petite amie grâce à lui. Il m'a permis d'aller de l'avant et de me faire à ma situation actuelle de célibataire.
L'évolution comportementale que j'avais fait en moi a été réduite à zéro.  Je suis devenu moins expressif qu'auparavant, je gardais toutes mes émotions en moi et pour moi,  je suis retrouvé dans une régression dans les interactions sociales. Je parlais de moins en moins aux gens, j'étais devenu taciturne, je m'eloignais progressivement des gens et réciproquement.

 

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 24, 2018 ⏰

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