-‵ˏ quatrième esquisse ˎʹ-

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le fond de l'estrade a été tapissé de noir. tissu poussiéreux, tendu sur le mur, encadré d'un côté par un ancien radiateur ronronnant qui réchauffe lentement la salle.

jimin apparaît quelques instants plus tard dans un peignoir bleu délavé, serré à la taille. chaussons d'hôtel un peu crasseux. la blondeur de ses cheveux artificiellement bouclée d'ondulations juvéniles.

les élèves se sont tus. hoseok le premier. pas de dentelles aujourd'hui.

jimin monte sur l'estrade, suivit du regard passion d'hoseok, qui doute soudain qu'ils ne se soient jamais parlé, que la nuit passée à confier ses démons ne soit que songe compulsif, devant l'indifférence candide du modèle.

le professeur s'impatiente et frappe dans ses mains ; le peignoir tombe lentement sur un silence tendu. fin du strip tease.

hoseok empoigne son crayon, arrête son geste un instant, dévie son regard. attiré, aimanté, par cette peau velours qui tranche si brusquement avec le décor rèche qui l'entoure.

enveloppe pure, et pourtant souillée d'imposantes tâches bleutées ; ecchymoses qui s'y étalent, prennent leurs aises. qui grignotent son torse, goûtent la base de son cou et caressent ses hanches de leurs lèvres empoisonnées.

les murmures indiscrets dansent entre les chevalets, l'effervescence des esprits qui exaltent déjà enfle ; bourdonnements qui confirment que la nudité n'est jamais anodine lorsqu'elle se dévoile.

le dessinateur enfonce son menton dans le col épais de son pull, étouffe les questions qui éclatent sous ses paupières et écarte une mèche brune qui lui tombe sur les yeux. son crayon griffe enfin le papier, rapide, énergique.

les poses s'enchaînent. de dos, de face, de profil.

hoseok s'est mis en apnée. refusant son cerveau dicter quoi que ce soit d'autre que la recherche d'une ligne, d'un tracé. il a déjà noirci deux feuilles. il voit, ne veut pas voir.

le mouvement des muscles tendus sous la peau, la douceur des courbes, l'effleurement des ombres. les marbrures bleues, violettes, presque rouges parfois, sous l'épiderme diaphane.

seules tâches de couleurs, à la peintre huileuse, au mileu des traits de fusain agités du croquis d'hoseok.

voir, représenter. tracer les grandes lignes. couper l'espace, resserrer les traits au plus près du corps. le retranscrire sur papier tout aussi vibrant qu'il l'est en chair.

jimin pose assis, jambes repliées. puis de dos, allongé, presque offert aux regards qui dévorent.

et hoseok, qui est tellement habitué au recul des modèles, aux yeux qui se dérobent, aux corps sans grâce qui semblent se défendre de cette envie de fuir, pour ne pas être, au final, que bouts de viande offerts aux regards, devient fou par la nonchalance presque insolente du modèle impassible, restant là, sans bouger, sans fléchir ni montrer de signes d'ankylose ou de fatigue.

il semble s'ennuyer à côté de son corps.

alors avant que le peignoir ne soit ramassé et que le spectacle ne prenne fin, hoseok peint, dessine, efface et recommence, joues roses et yeux secs.

peur que la séance ne soit trop courte, quand tout reste à apprendre.

il a envie que le temps s'arrête.

𝐥'𝐞𝐧𝐜𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐭𝐚 𝐩𝐞𝐚𝐮 ◌ 𝒉𝒐𝒑𝒆𝒎𝒊𝒏Où les histoires vivent. Découvrez maintenant