𝐥'𝐞𝐧𝐜𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐭𝐚 𝐩𝐞𝐚𝐮 ◌ 𝒉𝒐𝒑𝒆𝒎𝒊𝒏

-‵ˏ sixième esquisse ˎʹ-

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aux prémices de la journée, c'est ensemble que les amants embarquent dans le bus jaune terne retrouver l'appartement sous les toits d'hoseok.

délicates silhouettes sur une banquette isolée, aux restes intriguants de peinture sur la peau ; mains entrelacées et écouteurs partagés.

et quand ils rejoignent enfin les combles aux tableaux inachevés, livres épars et vapeurs de caféine qui imbibent les murs, jimin rougit en remarquant son visage tracé si souvent sur les feuilles qui jonchent le parquet foncé.

après une douche, les vestiges colorés de la veille s'évanouissent ; hoseok brûle un bâton de nicotine en attendant que jimin se débarrasse des siens.

la chemise trop large pour le peintre l'est tout autant sur le modèle qui rejoint hoseok s'accouder contre la mince rambarde en fer, au dessus de la ville béton.

—cigarette ?
—jamais.

la fumée qui s'échappe des lèvres d'hoseok se mêle à celle de vapeur d'eau gelée qu'expire jimin et glisse en un mélange léger contre ses cheveux humides.

l'air est glacial, pourtant tous deux offrent leur tendre cou à ce dernier, le narguant de ses clavicules acérées pour l'un et de ses ecchymoses ravagées pour l'autre.

c'est en les voyant jouer pudiquement avec ses prunelles, avec le col de la chemise qui, poussé par les zéphirs, les dissimule puis les dévoile finalement, qu'hoseok ose enfin demander en effleurant les marbrures qui gagnent la douceur de son torse ;

—qui te fait ça ?

question qui ôte la magie du moment, qui fait baisser les yeux de jimin et qui rend soudainement l'odeur de tabac insoutenable.

—beaucoup de choses.

réponse insatisfaisante, incomplète, qui fait tomber la cigarette d'hoseok dans le vide et qui lui fait lancer à jimin un regard lourd.

—vraiment, hoseok. beaucoup de choses. et moi, surtout.

la voix hésitante se brise, quelques larmes perdues coulent à peine et sont vite imbibées par la manche de la chemise, et c'est quand le peintre remarque un nouveau bleu, apparu sur l'angle de sa mâchoire, qu'il sort simplement une nouvelle cigarette de son paquet dont il consume l'embout en protégeant de sa main la flamme fébrile du briquet, pour l'offrir à jimin, le regard résigné.

—qu'est ce que t'as à y perdre ?
—putain...

elles y passeront finalement toutes, au cours de la matinée ; passant d'une paire de lèvres à l'autre, dansantes dans les volutes, frigorifiées et finalement brûlées.

peut être seront-elles cause aussi, additionnées aux rires, à la fatigue qui doucement les gagne et au gel qui les consume, si peu couverts, des "je t'aime" murmurés par les souffles de nicotine.