Peut-être que s'il avait pris un autre chemin, tout se serait passé autrement. Que rien de tout ça ne serait arrivé. Mais cela n'aurait alors pas été intéressant à raconter. C'est ce pourquoi nous dirons qu'il est passé par ce chemin-là. Parce que l'on veut avoir quelque chose à raconter. On a envie que quelque chose se produise. En bien ou en mal, cela n'a pas grande importance, à vrai dire.
Donc, dérogeant à son habitude de rentrer en remontant la grande avenue, il prit un chemin détourné. Pour une fois, se dit-il, je vais flâner un peu alentour. Peut-être découvrir de petites merveilles dans les ruelles en les parcourant lentement. Parce que c'est comme ça que l'on trouve nos petites boutiques préférées inconnues du grand public, ou un café calme mais avec un personnel sympa et une carte délicieuse. Alors, ce jour-là, il en avait décidé ainsi. Il allait faire son petit repérage.
Parce qu'il fallait bien l'avouer, il avait beau habiter ici depuis longtemps déjà, des rues il ne connaissait que cette grande avenue qu'il parcourait tous les jours. Et peut-être juste le boulevard qui venait la rencontrer à un moment, où l'on trouvait tout le nécessaire pour vivre. Il n'avait jamais eu besoin de plus que cela, c'était amplement suffisant pour lui permettre de vivre correctement. Mais, cela n'était qu'une routine triste et monotone.
Toujours les mêmes bâtisses au visage fatigué, les mêmes trottoirs las de piétinements, les mêmes voitures garées aux même heures... Ses pas à lui retraçant toujours ceux de la veille sauf quand, petit événement incroyable de son trajet, un passant se dressait face à lui et il devait le contourner.
Alors, en effet, c'en était lassant.
Donc, ce jour-là, il prit ce détour sur le chemin du retour. Il s'émerveillait du moindre détail, de la moindre fissure nouvelle qu'il rencontrait, toutes ces petites stries qui géographiaient les murs de béton.
La moindre chose qui différait de son quotidien devenait source de curiosité et de joie. Il était tout excité.
Tout excité qu-...
