Une folie acceptable

Chapitre 1 : Un clair obscur de qualité

J'ai toujours détesté me sentir observée. Après je m'imagine pleins de scénarios dans lesquels je suis l'actrice principale. Je me sens obligée de donner de l'importance à des gens que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Là dans le métro, je m'imagine déjà deux hommes qui s'embrassent, une femme qui se déshabille et moi qui jette mon portable au prochain arrêt, sur les rails. Improbable, pas vrai ? Et pourtant depuis que je suis petite, je me demande ce que serait ma vie de mauvaise fille, tirant les fils d'une destinée toute autre.

Et si ? Le fameux. Il nous créée de multiples opportunités, ou bien des freins dans notre vie, qui nous forment des peurs, nous réfrénant d'être qui on est vraiment. La question de qui je suis, je me la pose depuis un bout de temps. Suis-je cette personne que je m'imagine être, que les autres veulent que je sois ? Ces émotions que je ressens, lui appartiennent-elles ? Cette quête, j'ai l'impression, est sans fin. Qui sommes-nous vraiment ? J'ai décidé d'arrêter de me poser autant de questions. Tout le monde ne se pose pas autant de questions. 

Pour expliciter mes propos, je vais prendre un exemple de base. Ma petite chienne, Del, ne pense qu'à manger, se balader, se faire caresser et dormir. Et je pense qu'elle est super heureuse. C'est donc ça la clé : vivre. C'est pas si simple pourtant. On a tendance à se sentir faible, de rejeter notre vulnérabilité. Après tout, nous sommes des personnes fortes. 

C'est ok de ne pas se sentir ok. D'accord, Demi. Mais quoi faire ? Aller voir un psy ? Super si tu tombes sur un bon ! Mais je suis censée lui raconter quoi au juste ? Je ne suis pas une crevette cocktail ! Je me décortique toute seule, avec un peu d'aide des gens qui m'entourent. Voire beaucoup.

J'ai pas mangé ce matin. J'avais pas faim. Ma famille me dit que c'est bête de ne pas manger après 10 h de jeune et je suis d'accord avec. C'est peut-être pour ça que je vois de drôle de choses flotter. Tu as confiance en toi. Tu as confiance en toi. C'est le mantra que je me rappelle pour ne pas finir en hybride Tortue Ninja, dos voûté, et flaque, emportée par mon anxiété. Quand ça arrive, j'ai le coeur qui bat la chamade et j'ai les lèvres qui tremblent. Horreur, mon corps me dit merde ! Le bougre il n'a pas compris que c'est moi qui contrôle ici. Inspire, Tu as confiance en toi, Inspire, Tu as confiance en toi. C'est plus facile de rester tapis chez soi, en restant dans son confort. Mais si je veux évoluer, il va falloir que je me batte.

Les choses flottent encore et volent vers moi. Ce sont des sorte d'arcs-en-ciels lumineux avec des ailes. C'est super lumineux. Ma cornée est en train de brûler ma parole. Je sors mes lunettes de soleil de mon sac. Après tout, même si on dit qu'elles ne protègent pas les yeux lors des éclipses, ça me donnera au moins du style. Et si elles était assorties avec des baskets pailletées ou bien les santiagues blanches que j'ai repérées et que je veux absolument shopper ? Ça serait canon ! Les paillettes l'emportent. Elles l'emporteront toujours, elles ont mon coeur. 

J'oublierai plus de mettre une compote à boire dans mon sac. Oui, je me sens un peu étrange. Ça doit être le fait, en plus, d'être plongée dans le noir. Mes lunettes ne filtrent pas autant la lumière d'habitude. Pour dire la vérité, même si je les enlève il fait toujours aussi noir.