Chapitre 10

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Le binôme tient toujours. Ces mots tournent en boucle dans ma tête depuis que j'ai passé la porte. Je n'en reviens pas. Après ce qu'il s'est passé, elle tient quand même à ce qu'on travaille ensemble. Elle veut qu'on s'entre-tue ou quoi ?

Nous marchons dans le couloir et il y a seulement le bruit de nos pas qui résonne.

J'ai déjà jeté plusieurs regards furtifs vers Cameron. Il marche les mains dans les poches, les yeux scotchés sur ses chaussures. Il a l'air de ne pas être habitué à ce genre de scène visiblement.

Soudain, alors que je le regarde, il lève la tête et son regard plonge dans le mien. On s'arrête net sur notre progression vers le bureau du directeur. Mais je ne m'arrête pas longtemps puisque je recommence déjà à marcher. Je ne peux pas soutenir son regard plus longtemps.

Malheureusement, il m'attrape le poignet.

- Elia, attends s'il te plaît.

- Lâche moi...

Ma voix se brise et mon passé resurgit à nouveau dans mon esprit.

- Je suis désolé, je ne pensais pas que...

Mes nerfs lâche et je ne peux m'empêcher de crier.

- Tu ne pensais pas quoi hein ?! À ton avis, attaquer une personne qui a les cheveux roux ne lui fais absolument rien ou quoi ?!

Il baisse les yeux, comme un enfant qui vient de se faire disputer.

- Donc ta gueule la prochaine fois, abruti.

Son regard se pose à nouveau sur moi. Je remarque que je me suis mise à pleurer. Il va falloir que cette manie disparaisse rapidement.

- Tes yeux.

Je marque un temps d'arrêt total au niveau de l'activité de mon cerveau.

- Quoi mes yeux ?

- Ils étaient pas bleus la dernière fois ?

Voilà ce qui arrive quand on côtoie des gens de trop près.

- Non, j'ai toujours eu les yeux marrons.

Il n'a pas l'air très convaincu. Merde.

- Ouais si tu le dis, Poil de...

- Ferme la.

Je viens lui plaquer le mot de la prof à l'intention du directeur sur son torse.

- Je rentre chez moi, t'as cas aller le voir tout seul.

- On doit y aller tous les deux je te signale.

- Je m'en fou et de toute façon, depuis quand t'écoute ce qu'on te dit ?

Sans plus attendre, je me dirige vers les portes du lycée.

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PDV CAMERON

Sa chevelure rousse est la dernière chose que je vois avant qu'elle disparaisse à l'extérieur de l'établissement.

Je l'entend encore dire « depuis quand t'écoute ce qu'on te dit » avec sa voix dure et son regard noir. Elle n'a pas tord. Le papier de la prof se transforme en boule chiffonnée que je jette à la première poubelle que je croise.

Je décide alors d'aller me poser sur un banc dans la cour. La pluie s'est arrêtée et les bancs sont trempés. J'en trouve un à l'abri.

Je ne peux m'empêcher de repenser à ce qu'il s'est passé tout à l'heure. Quand nos regard se sont croisés dans le couloir, j'ai remarqué qu'elle avait les yeux marrons. Un marron foncé qui contraste avec les yeux bleus qu'elle avait la semaine dernière. Je suis persuadé qu'il y a quelque chose la-dessous, contrairement à ce qu'elle a essayé de me faire croire.

This is our songOù les histoires vivent. Découvrez maintenant