Chapitre 88

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     — Si je comprends bien, elle s'est trompé de numéro et c'est comme ça que vous vous êtes connus ?

     — Oui, c'est vraiment marrant quand on y pense.

     — C'est surtout tiré par les cheveux. Comment se fait-il qu'elle t'a trouvé avec autant de facilité sur Facebook ? Tu ne trouves pas ça étrange ? Si ça se trouve, elle te... comment vous appelez ça ?

     — Stalker. Arrête de voir le diable partout, papa. Le hasard a juste su faire les choses. Elle est entré dans ma vie au moment idéal. Quand je n'allais pas bien et que je pensais à me foutre en l'air.

     Adrien adresse un regard livide à Yann. Il ignorait que son fils souffrait autant de son absence. La transparence et la franchise dont celui-ci fait preuve au sujet d'une telle situation délicate, lui fait réaliser à quel point il a pu se montrer égoïste. Depuis la mort d'Amélia, il s'est noyé dans son travail afin de fuir la douleur. Pensant que c'était l'unique moyen d'échapper au chagrin, il s'est éloigné de la ville qui le ramener sans cesse vers celle qui a partagé sa vie pendant plusieurs années. Ainsi aveuglé par la tristesse, il en a oublié que son fils avait plus que besoin de lui à ses côtés. Dans un élan d'égoïsme et de lâcheté, il l'a abandonné à son triste sort.

     — Yann... j'ai failli à mon devoir de père... je t'ai abandonné au moment où tu avais le plus besoin de moi... je m'en veux terriblement... d'avoir agi comme un irresponsable... je ne suis qu'un misérable égoïste qui...

     — Papa... je sais. Je sais à quel point tu regrettes. Mais ça n'a plus la moindre importance maintenant. L'essentiel est que tu sois enfin là.

     Yann adresse un sourire à son père. Adrien le lui rend. Ils se prennent brièvement dans les bras, puis regagnent leur position initiale.

     — Tu l'aimes cette fille ?


     — Beaucoup. Je ne dirai pas que je ne saurai vivre sans elle ou tous les trucs niais qui vont avec, mais je sais que je tiens énormément à elle.

     — Je suis heureux de le savoir. Il marque une pause, boit une rasade de sa boisson et poursuit. Sinon, vous avez déjà…

     — Papa ! le coupe-t-il en sachant où il veut en venir.

     — Ben, qui y a-t-il ? On est entre hommes.

     — Ouais, mais je ne vais quand-même pas parler de ma vie sexuelle avec mon père. C'est gênant.

     — Dommage pour toi ! Je t'aurai filé deux ou trois astuces pour les faire grimper au rideau, plaisante-t-il.

     — C'est pas croyable !

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