On n'est plus des gamins, Potter.

Chapitre 5

"Salut Harry !" Lança joyeusement Ron Weasley en entrant dans le bureau de son meilleur ami.

L'interpelé releva la tête de ce qu'il était en train de faire, puis sourit à Ron.

"Ron ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'es pas au magasin ?"

Depuis la mort de Fred, c'est Ron qui aidait George à gérer la boutique Weasley, farces pour sorciers facétieux, située sur le chemin de traverse. L'affaire familiale avait toujours autant de succès, et Ron y travaillait à temps plein. Il offrait d'ailleurs ses toutes nouvelles créations aux enfants de Harry, ce qui tournait parfois au désastre.

"Oh, ben j'ai réussi à me libérer cette après-midi. Ça fait un petit bout de temps qu'on ne s'est pas vu, alors je me suis dit que je pourrais passer prendre de tes nouvelles..." Répondit le roux. "Alors, comment ça va ? T'as bien repris ? Pas trop de boulot ?"

"Ça va. J'étais en mission pendant quelques jours et je dois gérer la paperasse habituelle."

"Ce que tu aimes par dessus tout."

"Exactement. Par contre, il y a un peu de nouveau. On a réouvert un dossier." Lui confia Harry.

"Trop la classe ! Lequel ?" Demanda curieusement Ron.

"Je ne sais pas si tu te souviens... Il y a quatre ans, il y avait une affaire un peu morbide concernant un mec qui enfonçait sa baguette magique dans les yeux de ses victimes. Il se trouve que j'ai été chargé de l'affaire, mais avec quelqu'un d'autre. " Expliqua l'élu.

"Qui ? Un autre auror ?"

Harry soupira, puis lâcha la bombe.

"Avec Malefoy."

"QUOI ?" S'étrangla Ron. "MALEFOY ? Je ne savais même pas que cette ordure travaillait au ministère."

"Si, au département des mystères." Précisa Harry.

"Eh bien ça ne m'étonne pas, ça lui va très bien d'ailleurs. Il est aussi pourri que son père."

"Ron ! Je t'en pris, calme toi ! Si tu le côtoyais chaque jours comme je le fais, tu verrais qu'il a énormément changé. C'est vraiment incroyable." Expliqua le brun, afin de calmer la crise de nerf de son ami.

"Non mais Harry ! Ça va pas ou quoi ? C'est Malefoy dont tu parles !"

"Tu sais, de toute façon, moi, je n'avais rien demandé. C'est Kingsley et Hermione qui me l'ont annoncé..."

"Hermione ? Elle le sait ? Mais pourquoi je suis le dernier à le savoir ?" S'offusqua Ron.

"Parce qu'on voulait justement éviter une réaction de ce genre." Soupira Hermione en rentrant dans le bureau, avant de refermer la porte pour éviter les échos de la douce voix de son mari aux autres membres du ministère.

Harry remercia le ciel que sa meilleure amie ait eu le chic d'arriver au moment propice.

"Ah Hermione !" Lança Ron en se tournant vers la concernée. "Tu le savais ! Depuis une semaine ! Et tu ne m'as rien dit !"

"Alors déjà, je n'ai pas jugé ça si important au point qu'il faille que je te le dise. Ensuite, comme dit, si tu ne l'as pas su plus tôt, c'est parce qu'on voulait éviter ce genre de coup de colère sous prétexte que tu as été mis à l'écart. Mais visiblement, en ce qui concerne ta mauvaise humeur, il est impossible de l'éviter." Déclara fermement Hermione, calmant un peu Ron grâce à son air sévère.

"Et puis s'il te plait, Ron..." Renchérit Harry. "Ne réagis pas comme ta soeur. Elle aussi m'a fait tout un plat à cause de ça."

"Ah bon ?" S'étonna la brune. "Pourtant elle n'est pas du genre impulsive ! Et puis de toute manière, ce n'est pas elle qui a eu affaire aux plaisanteries de Malefoy durant ses années à Poudlard..."

"C'est vrai." Confirma l'élu. "Mais elle l'a très mal pris quand je lui ai annoncé. À chaque fois qu'il était prévu que j'aille travailler avec Malefoy, limite elle me retenait à la maison pour ne pas que je parte. Je ne sais pas si elle a peur qu'on se tape dessus, mais en tout cas je ne la comprends pas."

Ron haussa les épaules, dubitatif, et s'excusa vaguement de s'être emporté. Les deux hommes changèrent alors vite de sujet, le problème réglé, pour parler Quidditch. Mais Hermione restait silencieuse, plongée dans ses réflexions, les méninges tournant à plein régime.

"Pourquoi Ginny est-elle inquiète à propos du binôme Potter-Malefoy ?" Se demanda-elle. "Si Ginny désaprouve, c'est qu'il y a forcément une raison."

Soudain, la jeune femme ouvrit de grands yeux, comme pétrifiée. Elle crut savoir quelle était la cause des craintes de Ginny. Et elle n'était pas des moindres. Les souvenirs de leur sixième année à Poudlard remontèrent dans la mémoire d'Hermione. Elle se souvenait très bien de l'obsession qu'Harry éprouvait pour Malefoy à cette époque. Et ces regards...

Il était grand temps que Ginny et elle aient une petite conversation entre filles.

Le lendemain, Harry et Drago se retrouvèrent à voyager de cheminée en cheminée pour atteindre Poudlard. Comme Hermione s'efforcerait de le faire remarquer, on ne peux pas transplaner dans l'enceinte de l'école, alors plutôt que de devoir atterir à Pré-au-Lard et de se taper tout le chemin à pied, autant passer par cheminée et atterir directement dans le château.
Leur voyage arriva enfin à son terme,  mais les deux hommes ne s'étaient pas attendu à se faire violemment projeter en avant, leurs nez s'écrasant contre un tapis rouge et vert à motifs écossais.
Ils ne purent d'ailleurs pas voir, à part ça, la pièce dans laquelle ils étaient tombés, tellement il y avait de suie qui volait un peu partout. Ils entendirent seulement une petite toux aiguë, appartenant à quelqu'un qui se trouvait manifestement à l'autre bout de la pièce. Quand enfin ce qui les environnait redevint visible, Harry et Drago eurent à peine le temps de reconnaître l'endroit que la même voix s'écria:

"Oh Merlin, mon beau tapis ! Vous l'avez sali !"

Le tapis en question était en effet taché de belles traces noires. La suie était également en train de se déposer sur divers bibelots peuplant le bureau directorial, les laissant garnis d'une épaisse couche de poussière.

"Madame la directrice."

"Professeur McGonagall."

Quand l'ancienne professeur de métamorphose eut retrouvé ses esprits, elle put calmement distinguer les visages des deux hommes qui lui faisaient face.

"Potter ? Malefoy ?" Dit-elle avec un ton qui laissait entendre toute l'incrédulité qu'elle éprouvait. "Voilà un duo fort inattendu."

Harry et Drago sourirent, conscients et pas peu fiers de leur effet de surprise. Puis Harry, en professionnel, rentra dans le vif du sujet.

"On sait que vous n'avez pas l'habitude de recevoir souvent d'anciens élèves dans votre bureau, mais nous sommes en mission pour le ministère."

"Ensemble ?" Demanda McGonagall.

"Oui." Confirma Drago. "On doit travailler en binôme sur un dossier qui a été réouvert."

"Il s'agit d'une affaire qui date d'il y a quatre ans." Reprit Harry. "Elle concerne un homme, qui a neuf ans de moins que nous. On n'est même pas sûrs qu'il ait fréquenté Poudlard. Il s'appelle Alexandre Briston."

"Mais il s'agit d'une affaire confidentielle du ministère, donc on ne peut pas vous en dire beaucoup plus sur-"

"Inutile de gaspiller votre salive, monsieur Malefoy." Le coupa la directrice. "Je me souviens parfaitement de lui et je sais très bien ce que cet homme a fait."

À suivre...