On n'est plus des gamins, Potter.

Chapitre 4

Il était très tôt. Le brouillard qui envahissait les lieux était des plus épais, de sorte que l'on ne voyait plus la vieille et lugubre bâtisse qui élevait pénilement dans les airs ses murs de pierre défraîchis. L'endroit était abandonné depuis longtemps, et les ronces qui poussaient sur l'allée menant au manoir en témoignaient. Des sapins entouraient le domaine, lui-même situé sur une colline, sans aucune autre maison aux alentours.
Soudain, deux ombres transplanèrent à travers le voile de brume, des capes noires les recouvrant et leurs baguettes magiques à l'affût.

"Il fait vraiment froid pour un mois de septembre. Je te parie qu'à Londres, il fait dix degrés de plus." Dit l'une d'elle.

"Tu n'avais qu'à t'habiller plus chaudement." Répondit l'autre avant que leurs voix ne se perdent au fur et à mesure qu'ils avançaient.

Harry Potter et Drago Malefoy arrivèrent enfin devant la porte de la grande maison, méfiants.

"C'est presque macabre." Fit remarquer Harry. "Ça ne doit pas trop te changer du manoir Malefoy."

"La ferme et avançe."

"Ça va, je disais ça pour plaisanter..."

Les trois jours où Harry était en mission avec son groupe d'aurors s'étaient écoulés. La veille au soir, Malefoy lui avait envoyé une dépêche en lui disant qu'ils ne travailleraient pas au ministère le lendemain comme convenu, mais qu'ils iraient en "mission repérage" pour l'affaire Briston. Harry, déjà épuisé par ses trois jours de déplaçement, s'était montré un peu réticent au début, mais avait fini par accepter. Ce matin, Ginny l'avait presque empêché de partir, sans qu'Harry ne comprenne vraiment pourquoi, le laissant perplexe.

Une fois rentré dans le manoir, Harry laissa échapper un sifflement.

"Alors c'est là que Briston habitait ?" Demanda-t-il.

"Ouais..." Confirma Malefoy. "Et ça devait être plutôt beau... "

"À l'époque."

La bâtisse avait en effet connu des jours meilleurs. L'image de la façade reflétait l'intérieur. Les tapis et les boiseries étaient rongés par les mites, les meubles étaient poussiéreux, et les toiles d'arraignée s'accumulaient en masse dans les coins de murs.

"Tu comptes trouver quelque chose de spécial ?" Demanda Harry.

"Je sais pas... Les aurors avaient tout fouillé à l'époque, alors j'y compte pas trop." Répondit Drago.

Les deux hommes continuèrent d'avancer, sur leur garde, dans diverses pièces de la maison, en ne trouvant rien qui puisse les intéresser. Enfin, lorsqu'ils passèrent dans une des nombreuses chambres délabrées, Harry ouvrit un tirroir, fouilla entre les papiers et les factures qui étaient dedans, et avec surprise, referma ses doigts sur une photographie jaunie qui se trouvait là.

"Malefoy, regarde !" S'exclama le sorcier à lunettes, faisant se précipiter son coéquipier vers lui.

Le blond prit le bout de papier glacé entre ses doigts fins. Sur la photographie, il y avait un jeune homme, dans la vingtaine, qui souriait.

"Tu crois que c'est lui ?" Demanda-t-il.

"Aucune idée. On ne peut pas en être sûr."

Malefoy opina. Puis il eu une idée.

"Retourne la photo !" Dit-il à Harry.

L'élu s'éxécuta, et il découvrit avec effarement que Malefoy avait vu juste. Au dos de la photo, il y avait inscrit: A.B. 2008.

"A.B." Lut Drago. "Alexandre Briston. C'est lui."

"2008... on sait que Briston a 28 ans aujourd'hui. Il en avait 19, le jour de la photo. Cinq ans plus tard, il commet une série de meurtres morbides."

"Mouais... en tout cas, je me demande dans quelle maison il était."

"Poudlard !" S'écria Harry. "Il y était forcément puisqu'il est anglais !"

"Tu sais, je suis aussi anglais et au début,  mon père voulait m'envoyer à Durmstrang."

Harry réfléchi quelques secondes, puis déclara:

"C'est quand même une piste à creuser."

"Si tu as raison, ça voudrait dire qu'il est entré à Poudlard deux ans après que l'on ait quitté l'école."

De retour à l'extérieur du manoir et la photographie en sécurité dans la poche de Harry, les deux hommes se regardèrent, ne sachant trop que faire.

"Il est presque midi." Dit Malefoy en regardant sa montre. "Je t'invite au resto."

"QUOI ?" Hurla preque Harry en ouvrant de grands yeux, aussi choqué que si on lui avait annonçé que Voldy était de retour.

"J'ai dit que je t'invitais au resto, Potter. Et crie pas comme ça, tu vas réveiller les morts. Il fallait me dire tout de suite que t'avais des problèmes d'audition, je me serais adapté." Répondit le blond avec un sourire moqueur.

"Toujours obligé d'être rien qu'un tout petit peu sarcastique, n'est-ce pas Malefoy ?" Dit Harry en souriant à son tour.

"Toujours. Et te plains pas, je t'invite au resto."

Drago attrapa le bras d'Harry, et tous deux transplanèrent, laissant derrière eux ce lieu lugubre et sordide, pour atterrir devant l'enseigne d'un restaurant chic londonien.

"Je savais que t'aimais le luxe Malefoy, mais en revanche, je ne savais pas que tu étais du genre à fréquenter des restaurants moldus." Déclara l'élu, les yeux rivés sur la façade.

"Il faut dire qu'ils ont des goûts pas trop mauvais en matière de gastronomie." Répondit l'aristocrate, décrochant à Harry un haussement de sourcils, surprit.

Puis, les deux hommes entrèrent, et Harry en profita pour admirer la moquette brillante, les nappes immaculées et la vaisselle en argent. Contrairement à son compatriote, il n'était pas habitué à fréquenter ce genre d'endroit, malgré qu'il en ait largement les moyens.
Une jeune femme en talons aiguilles arriva vers eux, souriante et élégante.

"Bonjour messieurs, et bienvenue au Rodam."

Une fois les deux hommes installés et servis copieusement, la serveuse s'éclipsa en leur souhaitant un bon appétit.

"Malefoy, Tu m'as donné une idée." Déclara Harry entre deux bouchées.

"Ah ?"

"Quand tu parlais des maisons. J'aurais dû y penser plus tôt. Comme il y a des possibilités que Briston ait fréquenté Poudlard, on a qu'à demander aux professeurs s'ils se souviennent de lui !"

"Tu veux dire..."

"Qu'on va à Poudlard !" Confirma l'élu.

Draco soupira, songeur. "Ça vaut le coup d'essayer." Dit-il. "Tout de même, c'est étrange que le nom de l'établissement où il était scolarisé ne soit pas indiqué dans le dossier !"

"C'est vrai. Il faut dire qu'il y a quatre ans, on -enfin je veux dire nous, les aurors- a jamais réussi à aperçevoir rien que le visage de ce type." Répondit l'élu.

"Vous étiez doués."

"C'est parce qu'à l'époque, je n'avais pas encore été nommé chef des aurors." Plaisanta Harry avec un grand sourire à l'allure enfantine, ce qui fit lever les yeux aux ciel à son partenaire.

En fait, Drago trouva ça plutôt mignon. Ça lui allait bien à Potter, de sourire.

Quand en début de soirée, Drago rentra chez lui, Astoria, sa femme, lui tomba dessus en lui reprochant de n'être pas rentré au manoir pour manger.

"Tu aurais au moins pu me prévenir." Lui reprocha la jeune femme, vexée.

"Je suis désolé, mais je t'en ai déjà parlé ! J'étais en mission avec Potter ce matin, et après, on a passé toute l'après-midi au ministère." Se défendit  Drago, un peu confus.

Astoria soupira, recherchant la sincérité dans les yeux de son mari. Finalement, elle se détourna en marmonnant:

"Quel est l'idiot qui a décidé de te mettre en équipe avec Potter ?"

À suivre...