Criminamitié (YOONMIN)

Nos plus beaux au revoir. Nos plus grands adieux.

Everyone Falls - Beth Thornley

La pluie martelait avec rage les vitres déjà trempées de la salle cérémonielle. Dans l'ombre des nuages, la foule noirâtre qui la composait l'écoutait à peine, certains plus attentifs que d'autres au discours, noyé par la peine, que récitait tant bien que mal la sœur de Zelo. Le troisième et dernier jour des funérailles avait pointé son nez bien plus rapidement que prévu, ces dernières ayant été annoncées à peine quatre jours après les sombres découvertes.

Une semaine après l'annonce, les funérailles débutaient. En trois jours, Jimin avait vu défiler plus d'inconnus qu'en trois mois, se prenant de plein fouet les années de lycée où Zelo avait eu une vie à côté de leur amitié. Ses équipiers du baseball, ses partenaires de soirée, ses amis de lycée... Tous semblaient sortir tout droit d'un livre que Jimin se serait contenté de lire partiellement, sautant parfois quelques lignes par lassitude ou désintérêt.

La voix tremblante de Nina résonnait dans la pièce avec un peu plus de force, laissant quelques oreilles perdues retrouver un brin d'attention. Devant, Madame Choi pleurait abondamment, épaulée tant bien que mal par son mari.

- Ça va mon chéri ? Chuchota doucement sa mère, une main glissant sur son épaule en guise de caresse chaleureuse.

Elle était triste. Presque autant que pourrait l'être une femme qui perdait un membre de sa famille. Elle s'efforçait de ravaler ses larmes devant la foule de costumes sombres qui se dressait entre eux et le cercueil tout aussi sombre de Zelo.

Sans répondre, Jimin se contenta de poser une main sur la sienne, la gorge serrée et les yeux humides. Il hocha doucement la tête, bercé par le rire discret des invités face à l'une des anecdotes de Nina. À ses côtés, le seul à ne pas vraiment comprendre, c'était JongDae. Soit l'idiot qui avait insisté pour accompagner son plus proche ami de fac dans cette épreuve. Ami qui finit à son tour par passer son bras sur ses épaules, l'enserrant affectueusement dans une brève étreinte de soutient. Il sourit également à la génitrice de Jimin, soufflant d'un regard chaleureux que le chagrin finirait par partir.

Il était difficile d'affronter les mots des discours qui faisaient l'éloge de Zelo. D'écouter les souvenirs d'enfance au club de multisports, les innombrables bêtises et les multiples paroles philosophiques qu'il avait pu sortir au fil de sa trop courte vite. Chaque mot pesait sur l'estomac de Jimin, ce dernier revoyant le visage souriant de Zelo, riant aux éclats et ordonnant à qui voulait bien l'entendre de « croquer la vie à pleine dent ». Des histoires le concernant, il y en avait plein à fournir. Chacune d'elle échafaudait avec perfection un curriculum vitae passablement glorieux de son existence. Curriculum qui aurait surtout prôné son imagination à toute épreuve et sa soif d'aventure. Beaucoup ne l'auraient certainement pas apprécié à sa juste valeur, mais pour Jimin, la vision de Zelo n'avait rien d'immature. Elle était simplement bien trop fournie en liberté pour plaire à tous.

- Mais voilà, tout est fini. Souffla Nina de sa voix rauque.

Jimin leva les yeux vers elle, comme piqué par une mauvaise guêpe. La réalité revenait vers lui comme un boomerang qu'il n'aurait aperçu que trop tard ; violemment, et sans grand moyen de l'arrêter ; faisant, inexorablement, des dégâts ravageurs.

- Nous n'aurions jamais pensé, lorsque nous avons fait le choix d'étendre considérablement la zone de recherche, recevoir cet appel de Busan. Au début nous avions désespérément besoin d'espoir, et il nous a été ôté à peine quelques jours après notre démarche.

Un soupir souleva doucement le cœur de Jimin. Un soupir tout aussi rauque que la voix désormais enrouée de Nina.

- Nous étions tous si fatigués, si éreintés... Tous partis à la recherche d'un fantôme qui n'attendait plus qu'on le trouve. Mais la semaine dernière, les médecins de l'hôpital de Busan nous ont offert un point final douloureux.