Violette [terminée☆]

Le vide dans ses yeux

Mardi.

Hier soir, j'ai passé toute la nuit à pleurer. A tel point que je me suis chopée une migraine atroce.

Je parle avec Zachée.

Il m'apprend qu'Elouan s'est suicidé le Vendredi soir et qu'il n'a pas été capable de l'arrêter. L'info m'écrase un peu plus dans le malaise.

Zachée semble s'en vouloir. Beaucoup.

Je partage sa culpabilité comme si c'était des petits fours empoisonnés.

La nouvelle tourne vite dans le lycée, il ne faut pas moins de deux jours pour que les fleurs se succèdent sur le casier 348.

Tout le monde en parle et personne ne semble savoir que je suis la cause de suicide de ce beau mec. Sauf mon ancienne bande d'amis, avec qui j'ai coupé toute connexion.

Je reste avec Zachée. Je remarque que le garçon, avec qui il est souvent, Aloys je crois, n'est pas là.

On parle aussi des Ruffin, ses parents.
Les parents d'Elouan.

Elouan.

Les yeux de Zac sont vides. Tellement vides que je peux y voir mon reflet. Reflet qui n'est d'ailleurs pas glorieux. Je ressemble à une vieille branche déssechée.

-Zachée? je lui demande, alors qu'on était assis sur un banc, pendant la pause.

-Oui?

-Elouan...je commence en prenant mon courage à deux mains. Tu veux bien me parler de lui?

Le blond ne répond pas pendant un moment, garde les yeux fixés sur le sol en bitume de la cour pleine de chewing-gum aussi piétinés que nos coeurs.

-C'est un me...c'était un mec hyper...drôle. Et altruiste. Il était toujours prêt à aider les autres et à force de le voir toujours souriant et heureux, on finissait par croire qu'il pouvait jamais être déprimé.

Les larmes me montent aux yeux.

-Ven...

Zac se tait un moment et craque ses doigts un à un.

-Vendredi, quand...quand il m'a appelé, j'ai pas, j'ai pas compris tout de suite. Il m'a dit qu'il était sur le point de faire une bêtise et pour moi, c'était impossible qu'il pense faire ce que je pensais qu'il était sur le point de faire. J'ai...

Il s'étrangle dans un sanglot pendant que je ne bouge pas, pétrifiée, les yeux fixés sur le visage de Zac.

-J'ai pas compris sur le coup..j'ai voulu lui demander et il répondu que je laisse tomber. Y'avait une tristesse de dingue dans sa voix et je sentais qu'il était pas bien et j'ai pas su quoi faire. Il a raccroché. Et j'ai compris.

Je baisse la tête, laissant à mes larmes, le loisir de s'étaler sous mes yeux. Si je lui avais dit autre chose que ma réponse, les choses auraient été différentes. Probablement. Et je me hais parce que j'ai pas été assez forte pour affirmer que je l'aimais devant mon groupe d'amis.

D'affronter leurs regards aprés.