83 14 8
                                    

Il faisait nuit. Une nuit claire, chaude, avec une légère brise estivale. Une nuit douce, où les étoiles brillaient et où la lune surplombait l'univers.

Sur les hauteurs de la ville, en face de la mer, un garçon est assit sur l'herbe.
Il est triste. Il pleure. Il ne sait pas quoi faire.
Alors, il lève la tête, et observe les étoiles. Elles sont si belles ... Il les regarde.
Combien de temps ? Il ne sait plus, il ne sait pas. Longtemps ? Il ne saurait dire ...
Pourtant, elles l'inspirent. Vite, vite ! Il va oublier ! Il se penche, et ramasse son carnet.

Un stylo, du papier, des mots ... Il compose.

Mince, ses yeux sont brouillés, tellement remplis d'eau que les larmes lui échappent. Elles coulent, tombent dans la terre, pour au final rejoindre la mer. 
Le cycle de l'eau, des maux, de la vie tout simplement.

Il entend le bruit de vagues qui se cassent contre les rochers et sur la digue. Une douce mélodie. Mais il entend autre chose. Un crissement. Comme un murmure du vent. Non, ce n'est pas la brise ... C'est plus doux, plus léger que ça ... Il se concentre, écoute. Des pas ? 

     ― Pourquoi pleures-tu ?

Le jeune homme chasse rapidement les larmes d'un revers de main sans retourner. 

     ― Je ne pleure pas.

     ― Menteur, je t'ai vu ! 

La voix se rapprocha pour laisser place à une jeune fille. Sa vue encore floue redevint nette. Et il la vit. Ses longs cheveux bruns ondulant au gré du vent, la courbe de ses hanches ou le bleu océan de ses yeux ... Il ne saurait que dire de ce dont il était tombé amoureux en premier. En fait, si. D'elle, tout simplement. Toute entière. Elle avança et s'allongea à sa gauche.  

     ― Tu sais, c'est pas parce que tu es un garçon que tu n'as pas le droit de pleurer. Au contraire, je pense que tout le monde devrait laisser échapper des larmes. Ça soulage. Il ne faut pas avoir honte. 

     ― Mais je n'ai pas honte ...

     ― Alors, pourquoi pleures-tu ?

     ― Parce que.

     ― Parce que quoi ?

    ― Mais tu vas arrêter, oui ?

     ― Pas jusqu'à temps que tu m'aies répondu.

    ― Je pleure parce que je suis triste, voilà.

    ― Ça j'avais compris ! Pourquoi es-tu triste, alors Ray ? 

    ― Je ne sais pas, je pense que c'est une sorte de ... d'accumulation. Il fallait bien que ça sorte un jour ... Mais t'es qui pour me poser des questions ? Et puis, comment connais-tu mon nom ? 

    ― Tu ne me reconnaîs pas ?

Le brun tourna la tête. Et il l'observa. Attentivement. Analysant chaque partie de son visage, la moindre parcelle de son corps. Puis il se souvient.

    ― Aimée ?

   ― En chair et en os !

Aimée était une fille de son lycée. De sa classe plus précisément. 

Lui, en tant qu'introverti, il connaissait tout le monde, à force d'observer les gens, tapis dans un coin. Capuche sur la tête, habillé de noir, écouteurs dans les oreilles. Il la regarde, elle, son contraire. Il l'aime bien.
Elle, en tant qu'extravertie, elle connaissait tout le monde, à force d'aller voir les gens, courant vers les autres, vers la liberté. Converses aux pieds, habillée de blanc, bracelets au poignet. Elle le regarde, lui, son opposé. Elle l'aime bien.

Sur les hauteurs de la ville, en face de la mer, un garçon est assit sur l'herbe. Une fille est à ses côtés, allongée.

Ils sont heureux. Ils s'aiment, même si les mots n'ont pas étés prononcés. Ils s'en fichent. Car des paroles ne servent à rien devant le vent. On entend rien. Le souffle et lui. Seuls. Mais ensembles.

Aimée et Ray.
La brise et l'homme perdu.

Ils s'aiment.

Ray s'allonge, et prend l'être Aimée dans ses bras.

Ils s'aiment, ils s'adorent. Même si ils ne se connaissent pas encore.

Alors ils s'embrassent.
Pour mieux se connaître, s'apprivoiser. Deux personnalités fortes. Un mélange électrique.

Ce soir, il y a de l'orage dans l'air. Même si il n'y a pas de nuages.
Car la tempête est là, bien présente. Le tonnerre va gronder. 

Mais pas pour l'instant. 

Ce soir, un arc-en-ciel est là. Il couronne la lune.
Promesse de l'amour.

Aimée et Ray.
Ils s'aiment, ils s'embrassent.

Et le temps passe.





RehabOù les histoires vivent. Découvrez maintenant