Our destiny

III

Emma

En ce mercredi matin, j'annonce officiellement que la température n'est pas supportable. Un vent glacial se faufile, le soleil commence à peine à se lever et je m'amuse à regarder la vapeur qui sort de ma bouche sur le trajet jusqu'à mon arrêt. Hannah est déjà arrivée et je remarque que Ben et David sont avec elle.
- Salut ! cris Hannah
- Salut tout le monde.
Ben et David me font des grands sourires que je leur rend bien évidement. Le chemin jusqu'au lycée se fait dans le calme, tête posée contre la vitre froide, musique en marche, je regarde le soleil se lever au milieu des champs que nous voyons chaque matin avant d'arriver à bon port. Une fois que nous sommes arrivés au lycée, nous nous installons sur une table de pique-nique et Ben commence son récit palpitant concernant son samedi soir.
- Vous savez que j'étais à une soirée samedi soir ?
- Tu nous as rabâché les oreilles toute la semaine avec cette soirée donc t'inquiètes pas on a pas oublié, soupire David.
- Oui bon bref, et bah croyez le ou non, mais j'ai vu, de mes propres yeux hein! Nicolas et Lindsey faire des choses pas très catholiques si je puis me permettre.
- Jures ? demande David.
- Mais non ? Comment ça tu les as vu en plus ? T'es un voyeur mdr ? s'exclame Hannah.
- Mais non pas du tout ! Je devais aller aux toilettes et ils se trouvaient dans la salle de bain, quand je suis montée j'ai vu la porte de la chambre qui était entre ouverte et j'ai vu ce que j'aurais mieux fais de ne pas voir.
- Racontes les détails ! cris David.
Je décide d'aller aux casiers à ce moment car bien que Ben me fasse rire avec tout ça, loin de moi de vouloir connaître la vie sexuelle de ces gens. Surtout d'eux enfaite. Un silence presque absolu règne au lycée à cette heure, le bruit de mes pas casse cette ambiance froide et sans vie. Lorsque j'atteins mon casier, mes clés viennent s'écraser au sol « sérieusement... ». Je me baisse pour les ramasser.
- Salut Emma.
Je me redresse en sursaut, ma main plaquée contre ma poitrine, je me tourne et vois qu'il s'agit de Damian.
- Oh bordel. T'es malade de me faire peur comme ça dès le matin !
- Ahah désolé. Du coup, tu as refais tomber tes clés.
- Eh merde.
Je les ramasse donc pour la deuxième fois en 30 secondes. Je prends mes affaires et décide de rejoindre les autres avec Damian.
- Salut bien ou quoi ? demande Ben.
- Super, répond Damian.
- Damian tu connais ce jeu ?
Les garçons étant en pleine conversation, Hannah vient s'assoir à côté de moi et me demande :
- Est-ce que ça va toi aujourd'hui ?
- Oui ça va.
- Tu es sûr ? Parce que je te trouve un peu distante ce matin, c'est récent ce qui t'es arrivée alors je comprendrais si tu te sens mal. Je suis là pour toi hein.
- Tu es adorable.
Je la prends dans mes bras et je décide de ne pas lui parler de ce que Laurie m'a dit hier car je ne veux pas y penser aujourd'hui. La sonnerie retentit, nous nous dirigeons tous vers nos salles respectives.

En cours de maths, il m'a été impossible de me concentrer ne serait-ce que plus de 10 minutes car Damian n'a pas arrêté de m'embêter. Mon cahier d'exercice est devenu son cahier à dessin, j'ai horreur que l'on gâche mes cahiers alors que je m'applique et que j'essaye de les garder soigner. Heureusement, ce matin je n'ai eu qu'une seule heure à ses côtés, dans les autres cours Hannah est avec moi et c'est tant mieux. L'heure du midi est arrivée, nous sommes entrain d'attendre de pouvoir passer notre carte.
- J'ai tellement faim... se plaint Hannah.
- Mon ventre gargouille, s'étonne Damian.
- On y est presque, juste 5 minutes de plus et nous pourrons « essayer » de manger ce que l'on nous propose, répondis je.

Enfin installés à une table, nous mangeons tout ce que nous pouvons car il faut le dire, la nourriture de la cantine n'est vraiment pas très appréciable. Les garçons nous rejoignent suivis des filles. Je les écoute parler de la fameuse soirée de Ben, car effectivement, il n'avait pas tout raconté. Mon téléphone vibre et je vois que je viens de recevoir un e-mail, « Un email ? ». Je décide d'aller voir : « je crois que tu m'as bloqué de partout, je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je me fais du soucis, j'aimerais que tu me débloques pour que l'on puisse parler et que tu me dises que tout va bien. Florian. »

Mon téléphone dans la main, je le fixe sans savoir quoi penser ou comment réagir. Je me dis qu'il n'abandonnera pas tant qu'il ne sera pas au courant que j'ai appris ce qu'il me cachait depuis tout ce temps. Je décide de partir et d'aller dehors me rafraîchir un peu les idées. Lorsque je me lève, les autres me regardent stupéfaits.
- Je dois aller aux toilettes.
Je leur souris et quitte le self.

Je suis assise sur un banc dehors, il fait froid mais ça me permet de me focaliser sur autre chose. Lana Del Rey berce mes oreilles et me plonge dans un autre monde, où il n'existe que moi et personne d'autre. Une main se pose sur mes yeux clos et je sursaute pour la deuxième fois de la journée, mes écouteurs tombent et mon monde s'effondre. Je me retourne et vois Damian, tout sourire et content de sa blague.
- T'es obligé de me faire peur comme ça ?
- Oui.
- Comment ça oui ? m'offusquais-je.
- Ahah.
Je ramasse mes écouteurs et les range dans mon sac. Damian vient s'installer à côté de moi et me demande :
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je me tourne vers lui et nos regards se rencontrent. Je le fixe un temps et lui de même.
- J'avais besoin de prendre l'air.
- Pourquoi ?
- Ça ne te concerne pas.
- En effet.
Je détourne le regard pour le diriger vers le ciel bleu. J'aimerais savoir voler, tout a l'air paisible depuis là-haut, si calme et reposant.
- Tu aimerais vraiment voler ?
Je sors de ma rêverie à la prononciation de ces mots. Je regarde, stupéfaite, Damian et croise à nouveau son regard.
- Qu'est-ce que tu viens de dire ?
- Je demandais si tu voulais tant que ça savoir voler.
- Comment peux-tu savoir ça ?
Il marque un temps d'arrêt qui est pour moi assez long et me réponds sans détourner son regard envoûtant du mien :
- Tu viens de le dire.
- Non je n'ai rien dis de tel.
- Je t'assure que si. Comment j'aurais pu te poser la question sinon ?
- Je me suis dis ça dans ma tête. Je ne l'ai pas dis à l'oral.
- Il faut croire que tu as parlé sans t'en rendre compte alors.
Nous sommes dans ce que l'on appelle un « duel de regard », je suis vraiment perturbée par ce qu'il vient de se passer car je sais que je ne suis pas folle au point de parler à voix haute sans m'en rendre compte. Avant que je ne le fasse, ses yeux se détournent des miens et j'ai alors gagné. Je regarde l'heure sur ma montre et je me rends compte qu'il est l'heure d'y retourner.
- On a cours, viens.
Il me suit sans dire un mot et nous nous retrouvons à nouveau dans un brouhaha incessant qui pèse sur notre lycée à chaque fois que la sonnerie se met à retentir.