AMIA WHITE - 1. La Chronosphère

Chapitre Dix-Sept

Lorsque, pour la deuxième fois de la journée, Amia se retrouva à nouveau face au magnifique immeuble qui cachait de monstrueux secrets, son taux d'angoisse était plus important que jamais. La jeune fille se serait bien rongé les ongles, mais elle n'en avait pas le temps : déjà, alors que la tornade invoquée par Jackson venait à peine de les déposer à bon port, le jeune garçon les entraînait à l'intérieur des laboratoires du CRU, elle et leurs quatre autres amis.

Si Jewel et Lewis semblaient aussi inquiets qu'Amia l'était, Thalia restait en apparence calme et sereine comme à son habitude (à part lorsqu'elle était en colère) et Jackson et Aristote arboraient le même air concentré tandis qu'ils étudiaient le sinistre hall d'entrée dans lequel ils venaient de pénétrer. La jeune fille comprenait parfaitement comment ils avaient ou être meilleurs amis à présent : question caractère, ils se ressemblaient beaucoup. Presque des jumeaux, même si physiquement ils n'avaient absolument rien en commun, à part leur petite taille.

-Je n'aime pas ça, marmonna Jackson après un court temps de silence. C'est trop calme.

-Tu penses à un piège ? s'inquiéta Thalia en regardant autour d'elle comme si elle s'attendait à voir une armée surgir de nulle part pour les encercler.

Mais, bien entendu, rien ne se produisit. Amia avait le sentiment que tant qu'ils ne s'enfonceraient pas plus profondément dans ce qu'elle considérait comme la gueule du loup, rien ne leur arriverait. Autant rester ici, alors, n'est-ce pas ? Seulement, ils ne le pouvaient pas, car ils devaient sauver les leurs, qui ne se trouvaient vraisemblablement pas de cette entrée minuscule. Tout ceci n'était qu'un cercle vicieux, et Amia n'aimait pas ça du tout.

Mais alors pas du tout.

Visiblement, les autres pensaient la même chose qu'elle, car tous se renfrognèrent en observant la cage d'ascenseur en face d'eux sans manifester la moindre envie de pénétrer à l'intérieur.

-Eh, n'oubliez pas qu'on a tout de même l'avantage ! intervint Aristote dans l'espoir de leur remonter le moral. Même Noiraud n'a pas réussi à nous vaincre, et quand bien même, je doute qu'il y ait beaucoup de Ténébreux ici. J'imagine qu'il a dû être placé ici pour superviser l'opération et vérifier que le CRU fait tout bien comme l'a dit son père. Nous sommes six, nous avons toutes nos chances !

-Peut-être, admit Lewis, mais je n'aime pas trop l'idée de l'ascenseur. On pourrait se retrouver coincés à l'intérieur, ou pire. Si le comité d'accueil nous attend tout en bas, on aura bien du mal à se défendre, vous ne croyez pas ?

-On n'a qu'à se séparer encore, suggéra Amia, aussi étonnée que les autres d'entendre la solution à leur problème sortir de sa propre bouche. Comme ça, certains passeront par les escaliers - et il y en a forcément, au cas où l'ascenseur serait en panne - et pourront venir en aide aux autres en cas de problème.

-J'allais suggérer la même chose, ajouta Thalia. Il me paraît évident que le CRU retient ses prisonniers à l'étage le plus bas, où ils peuvent accomplir leurs expériences sans être dérangés. A mon avis, les étages supérieurs sont plutôt réservés aux bureaux. 

-Elle a raison, approuva Aristote. Mais il faut s'attendre à une sécurité haute gamme. N'oubliez pas que le CRU est un service secret du gouvernement américain, et puis, ce sont toujours eux qui ont la meilleure technologie.

-Je propose qu'on fasse trois groupes, intervint Jackson. Un qui fera diversion, un autre qui n'interviendra qu'en cas de problème et un dernier chargé de délivrer les prisonniers.

-Je peux me charger de la diversion, suggéra Lewis. Mon élément est considéré comme un des moins puissants vu qu'il appartient à la catégorie secondaire, mais mieux vaut ne pas le sous-estimé.