– Vous pouvez vous garer là.
– Vous êtes sûr ? Vous ne voulez pas que je vous dépose rue de l'Église ? Demanda le chauffeur.
– Ce n'est pas la peine ; je préfère marcher.
– Comme vous voudrez Monsieur Honoré.
L'Audi se gara rue Claudia Limon, à environ quatre mètre d'un snack. Stanislas descendit de la voiture, sortie une clope, puis se mit à fumer. Le chauffeur ouvrit le coffre, et sortit la valise de son client. Stanislas paya, ne laissant aucun pourboire, puis se mit en route.
Il était environ à dix minutes de la maison dans laquelle il avait grandi. À la vue de ce paysage, de la rue du Marais qu'il avait si souvent traversé, son cœur se serra. Des mauvais souvenirs, il en avait pleins la tête. Devant lui, s'étendait la forêt de Marchiennes ; sa forêt. Combien de fois son père l'avait poursuivi dans cet endroit lugubre, combien de fois il était venu s'y cacher pour éviter les confrontations, les coups. Stanislas chassa ses souvenirs de son esprit, il devait toujours aller de l'avant. Nietzsche avait dit, « Souviens-toi d'oublier ». Stanislas c'était approprié cette phrase, elle était sienne. Il ne regardait jamais en arrière, ses six mois passés au Danemark était déjà un souvenir, un passé auquel il ne repensera plus. Mégane était déjà loin, il n'y pensera plus. Le téléphone de Stanislas était plein à craquer de message de la jeune femme, inquiète de ne pas avoir de nouvelle de son homme. Mais il ne répondra jamais ; car c'était la meilleure chose à faire. Stanislas n'avait aucun remord, aucun scrupule. Il ne s'en voulait pas de laisser encore une fois une femme dans le déni ; car seul lui importait. Depuis tout petit, Stanislas avait compris que seuls les forts arrivaient dans la vie. Aussi, il avait décidé d'être fort, et égoïste. Sinon il n'aurait jamais survécu.
Le jeune homme jeta sa cigarette avec force puis s'engagea rue de l'Église. À 500 mètres de là, sa famille l'attendait. Stanislas regarda sa montre à gousset ; il était 9h55. Il serait ponctuel, comme toujours.
Il frappa trois coups à la porte, attendant qu'on lui ouvre. Celle-ci s'ouvrit au bout de quelques secondes, une vieille femme se tenant dans entrebâillement.
– Stan. Toujours à l'heure. Je suis désolé pour ta mère. Dit-elle avant de remettre sa clope dans sa bouche.
– Bonjour Laure. Tu es ravissante avec cette robe. Dit le jeune homme en rentrant dans la maison.
– Te fou pas de moi. Souri Laure en prenant Stanislas dans ses bras. Vient dire bonjour à ta famille.
Laure ferma la porte derrière Stanislas. Ils traversèrent la pièce commune puis prirent l'escalier pour monter au premier. Là, le père de Stanislas se tenait accoudé au plan de travail. En voyant son fils, il posa son verre puis se redressa.
– Stan. À l'heure comme toujours. Je vais chercher Eric, vous avez quelque chose à faire.
– Bonjour Gilles. Répondit Stanislas d'un ton glacial. Je vais le chercher moi-même ; et arrête de boire, il n'est que dix heures et la journée va être longue.
Gilles se rapprocha de son fils, planta ses grands yeux verts dans les siens puis leva la main sur son enfant. Laure attrapa le bras de Gilles à la volé, l'empêchant d'agir.
– Gilles ce n'est plus un enfant. Dit-elle de sa voix roque. Appel ton couillon de fils au lieu de t'en prendre au plus intelligent.
– C'est pas ton gosse putain ! Cria Gilles. Tu n'es que sa tante, t'avais qu'à en faire si t'en voulais.