Chapitre 4 : Palpal

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Précédemment :

 J'ai couché avec Adrien. »

Yassine se stoppa net et recula légèrement pour la regarder.

« Et ouais Yass, t'arrives trop tard, c'est Lagier qui l'a soulevée en premier ! »

La jeune femme sentit ses joues virer au rouge et baissa la tête sur son chocolat chaud.

« Bonjour à toi aussi, Antoine...


— Tu veux un café ? demanda Yassine en essayant tant bien que mal de changer de sujet.

— Ouais, faut que j'me sorte la tête du brouillard.

— Je m'en occupe... »


La photographe se leva précipitamment et manqua de s'écrouler à cause d'un vertige. Le rappeur la retint fermement pour qu'elle reste debout.


« Doucement, la belle. »


Elle fuit son regard et se réfugia dans la cuisine. Plantée devant la machine à café, elle s'appuya contre le plan de travail et poussa un soupir.


« Ça n'a pas l'air d'aller. »


Alex serra les dents, puis se tourna en dessinant un sourire sur ses lèvres.


« Si, ça va.

— Yes, j'ai retrouvé ma ritale ! »


Le brun afficha un grand sourire et s'avança vers la jeune femme en glissant ses mains sur sa taille. Elle fronçait les sourcils et s'apprêtait à lui demander à quoi il jouait quand il agita ses doigts pour la chatouiller. Celle-ci partit évidemment en fou rire, se tordant en essayant de repousser les mains de son assaillant, mais ce dernier y mettait tellement de force que ses veines en gonflaient sur ses avant-bras.

Lorsqu'il se décida enfin à la lâcher, Alex reprit sa respiration et lui porta un coup à l'épaule.


« Tout doux, poupée.

— Ferme ta gueule.

— Eeeh pas d'insultes sous mon toit, intervint Yassine en entrant dans la cuisine.

— Yass, est-ce qu'Adrien a dormi ici ?

— Nan, il est rentré. »


Antoine posa sa tasse et vint agresser sa photographe à coups de baisers dans le cou en se collant à elle. Elle râla malgré ses joues roses qui la trahissaient, puis il partit en courant dans le couloir.


« Mais à quoi tu joues, merde ?!

— Bah j'imite Lagier, répondit-il en revenant dans la cuisine avec un rire coupable. J'te baise et j'me barre.

— Antoine, t'abuses là... dit Yassine, mal à l'aise.

— Laisse, il a besoin d'se défouler sur moi apparemment. Autre chose à me dire ou t'as fini pour aujourd'hui ?

— Range ton air condescendant avec moi, répondit l'artiste qui perdit instantanément son sourire.

— Oh, Sa Majesté est touchée dans son égo ? Sacrilèges, j'ai osé lui tenir tête...

— Tu crois que, sous-prétexte que ma mère et mes potes t'apprécient, t'as le droit d'me parler comme ça ? T'es personne ici, ça fait trois semaines qu'on t'a embauchée, arrête de jouer à la patronne ou j'te jure que dès demain t'as plus d'taff. »


Yassine essaya tant bien que mal de calmer le jeu, mais Alex quitta l'appartement. C'en était trop, elle ne supportait plus les sautes d'humeur du rappeur. Son meilleur ami soupira.


« T'as déconné, Antoine. »


*


Le grand brun porta une cigarette à ses lèvres, accoudé au balcon de son appartement. Le soleil commençait à décliner et offrait à la ville de Paris un ciel orangé, comme un adieu définitif à la saison estivale qui avait pris fin il y a déjà quelques semaines mais qui avait laissé derrière elle une douceur et une ambiance d'été indien. Cela faisait quatre jours. Quatre jours qu'il n'avait aucune nouvelle de sa photographe.


« Toi, tu penses à une fille. »


Antoine expira la fumée de ses poumons sans se retourner, les yeux rivés vers le ciel.


« Dis pas de bêtise, m'man.

— De ''bêtise'' ? Je te connais comme si je t'avais fait, Antoine.

— Tiens donc. T'es sûre de ça ?

— Arrête avec ton sarcasme, le reprit sa mère en s'adossant à la balustrade. Comment va la jolie Alexia ? »


Madame Valentinelli n'était pas dupe, elle savait exactement où piquer pour faire parler son fils. Ce dernier prit une autre bouffée de tabac, le regard toujours fuyant.


« J'sais pas si c'était une bonne idée de mélanger le professionnel et le privé avec elle.

— Il s'est passé quelque chose ?

— Elle s'entend bien avec les gars, j'trouve qu'elle prend un peu trop la confiance.

— Fais ce qui te semble le plus juste, Antoine, conclut-elle en posant sa main sur l'épaule de son fils. Mais n'oublie jamais que tu as le pouvoir de blesser quelqu'un avec des mots mal choisis. »


Les paroles de sa mère résonnaient dans son esprit pendant qu'il écrasait son mégot dans le cendrier. Il attendit qu'elle retourne à l'intérieur de l'appartement pour sortir son téléphone de sa poche et appeler sa photographe. Une sonnerie, puis deux, puis trois... Le rappeur finit par laisser un message.


« Hey. Hum, j'avais besoin de te parler... À propos de la dernière fois. Enfin tu vois quoi... Rappelle-moi. »


La jeune femme soupira quand le message prit fin et regarda Adrien, assis à côté d'elle sur le canapé.


« T'es pas obligée de le faire pour lui. Fais-le au moins pour ton boulot.

— Ok... Mais j'veux être seule...

— D'accord. Appelle-moi quand tu veux. »


Le jeune homme embrassa son front et sortit de l'appartement en prenant sa veste. Alex fixa son téléphone portable posé sur l'accoudoir du canapé. Adrien avait raison, même si elle ne voulait pas céder au caprice du seigneur, il y allait de son travail. Ce dont elle était sûre, c'est qu'elle détestait régler ses problèmes au téléphone.


📨 à Antoine : ''Skatepark dans 30 minutes. Ramène ta planche et ta cons.''

Appelez-moi MajestéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant