Les Tribulations de Nicolas

Épisode 3

-Et sinon monsieur X, quel groupe a chanté « Yellow Submarine » dans les années 60 ? 

Nicolas regarda son examinateur droit dans les yeux. Se moquait-il de lui ? Il pencha la tête sur le côté et il eut un petit sourire narquois. 

-Les Beatles monsieur. 

-Vous en êtes certain ? 

Un sourire de carnassier s’afficha sur le visage poupin de son examinateur. Nicolas aurait eu envie de le frapper avec sa chaise. Dans un film pour ado américain, c’est ce que le bad boy aurait fait. Mais il n’était pas américain. 

-Oui monsieur. 

-Vous avez raison. Et que pensez-vous de l’article 50 du Traité sur l’Union européenne ? 

Nicolas aurait voulu répondre « Time’s up » mais il n’osa pas. Il entendait déjà le rire sarcastique de sa pote qui elle avait passé son grand oral et l’attendait derrière la porte. 

-Je.. je pense à la fois que c’est bien et pas bien. C’est un grand paradoxe dans mon crâne, je ne saurais comment l’expliquer monsieur. 

-Vous savez de quoi parle cet article ? 

-Comme j’imagine qu’il ne parle pas de la manière dont l’Union Européenne s’engagerait envers les pauvres Somaliens qui meurent de faim…

L’examinatrice à droite de la poupée Corolle commença à rire sous cape

-Et au vu de l’actualité de ces derniers jours, je dirais que ça parle de la façon dont un État Membre peut se retirer de l’Union Européenne. Mais je suis dans le regret de ne pas pouvoir vous en dire plus parce qu’il se trouve que je n’ai pas lu cet article. Et le Gorafi n’a pas fait d’article dessus alors..

-Le Gorafi ? Le journal satirique ? 

-Je voulais dire le Figaro. Ma langue a fourché, madame rougit-il. 

Il entendit un rire derrière la porte et il sut que son amie l’avait entendu. Au moment de partir, il claqua la porte un peu trop fort et vit les grands yeux amusés de sa copine. Elle le prit par le bras alors qu’il commençait déjà à coller son oreille à la porte. Il n’avait plus vraiment conscience du temps qu’il faisait dehors et il fut ébloui par la clarté du jour. Il se sentait comme un vampire qui revenait à la vie. D’ailleurs un rire franchit ses lèvres, incontrôlable. C’était une libération. Il était dans le tram et il riait tout seul, comme un dément. Son rire ne tarda pas à se transformer en larmes. Qu’est-ce que ça faisait du bien ! Son amie juste en face de lui le regardait vraiment mal à l’aise.

-Nico, je peux comprendre qu’on ait besoin d’extérioriser mais là c’est too much. 

-J’adore te coller la honte dans le tram tu sais. Tu rougis et tu es comme une pomme, on a envie de te croquer. 

-Dis moi que c’est pas ta technique de drague.. Pitié. Tu risques pas de te taper ta voisine d’en face si tu commences à draguer de manière aussi lamentable, bonhomme. Déjà que tu as été faire l’hélicobite sous sa fenêtre.. Elle a dit quoi ta mère d’ailleurs ? 

-Je ne l’ai pas vu.. Mes parents sont partis en Inde je te rappelle juste après cet incident, il y a 3 semaines. Alors elle n’est pas au courant ou alors.. Elle a fait comme si elle était pas eu courant. Comment tu le sais, finit-il par s’exclamer alors que sa pote n’était pas censé être au courant. 

-Tu plaisantes ou quoi ? Romain l’a montré à Jean qui l’a montré à mon frère qui me l’a montré ,normal. D’ailleurs, je pense que tu as des fans à la fac, dans le club des exhibitionnistes.