Quelques verres de trop (Lv30)

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Écrit en Octobre 2018 :

Dans un coin du bar dans lequel son ami l'avait traîné, Lubin observait la foule qui l'entourait. L'espace était chaleureux sans être exigu pour autant, et les personnes qui venaient se servir au comptoir se bousculaient en se déplaçant, essayant de ne pas renverser leurs butins sur les autres consommateurs. L'air fleurait l'alcool bon marché et la sueur, et le brouhaha des conversations emplissait l'endroit.

Franck l'avait embringué un peu malgré lui après avoir fortement insisté, targuant qu'il ne profitait pas assez de ses permissions, et il s'était très vite retrouvé avec une boisson alcoolisée entre les mains dans ce lieu où manifestement son lieutenant avait ses aises. Il leva les yeux au ciel en voyant son ami revenir avec deux nouveaux verres : il avait bien décidé de le faire rouler sous la table.

— Tu bois trop, lui dit-il avec un sourire moqueur qui révéla ses canines un peu trop longues.

— Et toi, tu ne bois pas assez, lui retorqua le brun aussi sec en faisant glisser un des deux gobelets vers lui.

Lubin secoua la tête en soufflant mais s'inclina. Il termina son premier récipient avant d'entamer le second, buvant à la même vitesse que Franck qui enchainait les verres. L'alcool lui montait à la tête mais il était bien. Il ne faisait plus attention aux paroles qui se mêlaient en un bourdonnement confus et l'odeur un peu âcre du lieu ne le prenait plus à la gorge.

Le capitaine s'avachit sur la banquette sur laquelle ils s'étaient installés. Il écoutait d'une oreille distraite les propos de son ami sur sa dernière conquête quand les effluves qu'il perçut mirent ses sens en alerte. Il se redressa brusquement : il connaissait ce parfum par cœur pour l'avoir humé une infinité de fois. Lubin se décala légèrement pour jeter un regard furtif au-dessus de l'épaule de Franck qui n'avait pas encore remarqué son trouble. Brune venait de passer la porte. Lubin rentra la tête dans les épaules et d'un geste vif, il récupéra le bonnet dont il se servait dans le civil pour dissimuler sa chevelure immaculée, et se l'enfonça sur les oreilles.

Sans faire attention à son lieutenant qui le dévisageait maintenant comme s'il venait de perdre l'esprit, l'hybride détailla la jeune femme : ses boucles brunes, habituellement attachées, cascadaient près de ses épaules, et elle avait abandonné son éternelle blouse blanche pour un sweat un peu trop grand pour elle. Son visage constellé de taches de rousseur était rougi par le plaisir et les pupilles dorées de Lubin s'adoucirent devant le sourire rayonnant que la scientifique adressait à la personne qui l'accompagnait. La grande brune à côté de la chercheuse attirait tous les regards mais aucun des consommateurs n'osa la siffler. Il se dégageait d'elle une aura envoutante qui, couplée à la force de caractère qu'on sentait sans difficulté chez Brune, dissuadait les hommes présents de lui manquer de respect. Pourtant, malgré sa prestance, Lubin n'avait d'yeux que pour sa collaboratrice.

Franck se retourna pour voir ce qui attirait l'attention de l'homme et croisa les pupilles bleues-vertes de la compagne de Brune. Il lui adressa un bref signe de tête, sensible à ses charmes, puis il repéra la scientifique à ses côtés et sourit. Il était parfaitement conscient du jeu aux règles complexes qui se déroulait entre l'hybride et elle. Il finit par faire claquer ses doigts devant ce dernier, l'interrompant dans sa contemplation.

— Rien ne t'empêche d'aller lui parler alors arrête de la dévorer du regard, se moqua-t-il.

— C'est comme ça que tu t'adresses à ton capitaine ?

— Ici tu n'es pas mon capitaine, juste mon ami, assena le châtain en faisant claquer sa langue sur son palais, satisfait.

Lubin leva les yeux au ciel avec un sourire avant de prendre une lampée de bière. Le liquide amer vint noyer ses sens et il reprit sa conversation avec Franck, tentant d'occulter de son esprit la présence de Brune non loin.

Chronophage [recueil d'OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant