De Sang et de Glace

Chapitre 11 : Close Encounters of another Kind

Erys se réveilla en hurlant, tremblante, le front trempé de sueur.

Jamais elle n'avait fait un tel rêve.

Cette solitude, ce gouffre, ces ténèbres, ce froid...

Se pouvait il que...?

Non. Non, c'était impossible.

Elle n'avait pas pu se rendre là bas cette nuit là.

Non, évidemment.

Alors pourquoi, au creux de sa poitrine, dans les sombres recoins de son esprit, le doute persistait-il ?

Cet endroit... cela correspondait si bien à tout ce qu'on lui en avait dit...

Et cette voix... Cette voix si froide, si dure, dénuée de toute émotion, cette voix rocailleuse, semblable aux gravat qui roulent sur de sombres rochers, cette voix qui semblait venir du plus profond de Niflheim...

Les limbes.

Le seul moyen de communiquer par les rêves.

Avait-elle vraiment été là bas ?

C'était impossible.

Impossible. La seule façon d'y arriver sans avoir traficoté quelque chose avec les dimensions, était d'avoir été entre la vie et la mort.

Et elle ne pouvait être entre la vie et la mort. C'était une déesse. Une déesse. C'était idiot. Idiot de penser une telle chose. Idiot d'effleurer seulement de l'esprit cette absurdité.

À moins que...

Se pourrait-il que sa chute, la guérison d'Owen et sa fuite l'aient affaiblie à ce point ?

Elle ne savait pas maîtriser ses pouvoirs, et encore moins ceux de guérison.

La seule fois où elle avait réussi, c'était pour soigner une égratignure au genou de Thor, quand ils étaient petits, et elle était restée évanouie durant deux jours après cet incident.

Autant dire que son état encore debout et conscient après la guérison d'Owen relevait du miracle.

L'hypothèse de son passage entre la vie et la mort était donc plus de plausible.

Erys soupira en prenant compte de ce qui s'était passé.

Elle avait failli mourir. Mourir. Mourir.

Mourir !

Ce mot semblait si faux à ses oreilles, si ridicule et illusoire, semblant erroné, fictif, absurde, dénué de tout sens, pour un être tel qu'elle.

Pourtant, ce qu'il désignait était bien là, tout autour d'elle, présent encore plus sur cette planète éphémère, destinée à disparaître, tout comme ses habitants.

Mourir.
Elle avait failli mourir.

Elle le serait peut-être déjà si il n'avait pas été là.

Erys jura en son fort intérieur. Pourquoi devait elle toujours lui devoir des dettes ?

Elle détestait les redevances.

Mais, malgré toute la difficulté qu'elle avait à l'admettre et sa dignité abîmée, il fallait bien avouer que l'aide du milliardaire avait été bienvenue.

Un juron provenant d'une salle un peu plus loin la sortit de ses pensées.

Stark devait s'essayer à la cuisine.

Elle posa pour la première fois les yeux autour d'elle.

Elle était dans la villa.

Les rayons du soleil de midi filtraient à travers la baie vitrée dans la chambre.