Je ne sais pas si j'étais morte, ou si c'était la réalité mais le calme est revenu.
Tu parlais à maman.
Et moi, j'étais toujours là, au sol.
J'ai senti quelqu'un me soulever doucement, j'ai eu peur au début. Peur que ce soit toi. Alors j'ai fermé les yeux jusqu'à voir des couleurs. Mais cette douceur n'était pas tienne.
J'ai passé la porte d'entrée. L'air frais du jour m'a fait un bien fou. J'ai peu à peu repris mes esprits.
Il m'avait déposée dans son fourgon de fonction, maman m'avait rejoint peu de temps après.
Je me sentais en sécurité entre ces portes de taule.
Puis le voisin est sorti, marchant vers nous.
Suivi de toi, ignoble créature.
Tu m'as encore regardé dans les yeux avec ton regard malsain, et m'as hurlé au visage, à travers la fenêtre heureusement fermée, assez fort pour que je puisse l'entendre :
"Eh! Ton père tu sais comment il est mort? Non? Il s'est suicidé! Il s'est pendu, avec une corde! Il a agonisé très longtemps avant de crever! Tout ça parce qu'il ne t'aimait pas!".
Je pleurais, maman m'a embrassé sur le haut du crâne et j'ai hurlé à mon tour :
"Je le sais! Je le sais! Maman me l'a dit! Maman m'a tout dit!".
Oui, je l'avais appris le jour de mes neuf ans, lorsqu'il était partit je ne sais où.
Je n'ai même pas pleuré ce jour là.
Je comprenais tout à fait l'acte de mon père.
Le voisin a démarré son fourgon puis nous sommes parti passer quelques nuits chez sa famille.
Ces mots étaient les derniers que j'échangeais avec cette ordure.
J'ai souris parce-que je croyais que c'était enfin fini, parce-que j'y croyais fort.
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Hurt
Non-FictionÀ tous les êtres marqués, ayant eu un arc-en-ciel de douleur sur le corps. À lui, à cet homme à qui je ne pardonnerais jamais tous les coups donnés. Mais surtout, à moi, à ma délivrance.