Jour 2/ Illima

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Carnet de bord

Noa m'a rejoint vers minuit. On a décidé de partir la nuit car la police sera moins présente. On a prévu d'aller vers l'océan, le grand océan, le vrai. Trouver une plage abandonnée, s'y installer et ne revenir que quand mon corps devra mourir.
Je ne lui dirais pas. Je ne lui dirais pas que mon corps pourri un peu plus à chaque seconde à cause de ce foutu cancer. Je ne lui dirai pas que cette maladie a été plus maligne que moi et m'a contaminé avant que je m'en aperçoive.
Il ne saura pas tout ça.
On a marché toute la nuit vers je ne sais où. On parlait de tout et de rien sous les lumières des réverbères. Il me parlait de son amour pour la musique, et moi de l'océan. On dansait au clair de lune. Je lui ai confié mes pensées et lui ses craintes. La nuit nous aidait à déballer notre sac. J'ai eu l'impression que je le connaissais depuis toujours. J'ai eu l'impression que personne ne me jugeait à cause de ma maladie. Il ne connaissait pas cette face de moi. Il parlait à la vraie Illima, pas à celle qui a un cancer.
Il me parlait.
On est finalement arrivé dans une petite ville sur la côte. Nous sommes descendus vers la plage et puis j'ai planté ma tente. Le soleil commençait à se lever, et nous deux, on allait se coucher.
Dans la tente Quechua, on était serré, le sol était désagréable sous nos dos, et il faisait froid. Mais Noa était là, et ça avait quelque chose de rassurant. Il ne me laisserait pas.
On s'était embarqué dans cette histoire tout les deux, il ne pouvait pas me laisser seule maintenant.
Alors que je commençais à m'endormir, j'ai senti le souffle chaud de Noa sur ma nuque et sa main se glisser dans la mienne.
Ça paraissait si naturel.
C'était si naturel.

NoaWhere stories live. Discover now