Répétition

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Journée banale
Encore la même
Répétition
Encore
Marcher
Encore
Dans le froid glacial
Gel matinal
Petits nuages devant la bouche
Frissons sous le manteau
Ciel gris
Deux lumières au loin
Qui approchent

Et ça ressurgit
Même envie de se jeter
Devant le bus qui approche
Fermer les yeux
S'accrocher à la musique
Dans les écouteurs
Et monter
S'asseoir en silence

Soleil levant
Dans le brouillard dense
Derrière les arbres figés
La nature morte
Morte
Comme l'âme éteinte
Le corps meurtri
L'être torturé
tout entier

Un pied dehors
Vague sibérienne
Coup de fouet glaçant
Cinglant sur les joues roses
Comme deux cerises glacées
Frisson
Frisson

Un pied à l'intérieur
Ces visages monotones
Tous les mêmes
Toujours
Répétition
Enfermé entre les corps
Respire
Respire
Respire
Suffoquer
Et débouler dans la pièce
Ignorer l'air interdit
D'l'abrutie qui fait la leçon

Ventre retourné
Serré, écrasé
Comme ce biscuit
Miettes restées sur la route
Semblant de manger
Estomac serré
Serré
Poings sur la table
Tête lourde
Dos crispé
Jambes mortes
Paupières lourdes
Noir

Noir

Noir

Déboussolé
Comme toujours
Répétition
Perdu
Fatigué
Contusionné
Émotionnellement
Physiquement
Émotionnellement
Surtout
Si il y a un tout

Long
Très long
Ennui
Solitude
Regarder par la fenêtre
Espérer pouvoir s'y jeter
Plutôt que d'écouter ces profs
Qui gueulent la même chose
Répétition
Répétition
Fermer les yeux
S'imaginer voler à travers
Le verre brisé
Par un élan désespéré

Se faire rabrouer
Encore une fois
Répétition
Pourquoi?
Trop épuisé pour comprendre
Trop dérouté pour faire gaffe
Cœur s'emballe
Se sert
Cerveau bouillonne
De rage
Larmes montent
Baisse la tête
Sous les coups des mots
Tranchants et durs
De cet envoyé de Satan
Qui se trémousse devant nous
Depuis bientôt une
Bonne longue heure
Baisse la tête
Se retenir
Se retenir de tout quitter
Rester
Rester sur terre
Rester ici
Pas partir
Où aller de toute façon
Partout c'est le néant

Rajuster le sac
Inutile, mais si lourd
Sur les épaules fébriles
Affaiblies par le poids
De ces regards
De ces paroles
Rien que leur présence
Pourquoi ils sont là?
Pourquoi être là?
Quand pouvoir
Juste
Ne pas exister?
Souffle
Gros nuage de brume
Devant les lèvres gercées
Se les cailler comme ce matin
Et attendre le même bus
Avec la même musique
La même envie de crever

Marcher
Sur le chemin de cailloux
Instables et gris
Marcher
Marcher
Ignorer les miettes
Ignorer la douleur maladive
Dans le ventre
Ignorer le monde qui tourne
Marcher
Marcher
Et tourner la clé
D'une main glacée
Tremblante comme
Une feuille morte
Dans le vent violent
Qu'envoie valdinguer
Ces choses inertes
Sur le sol résigné
Destiné à se ramasser
Ces putains d'êtres sans espoir
Trembler
Respirer

Jeter son sac comme si
C'était là tout l'poids
De c'putain d'enfer
Et s'étaler
Craquer
S'effondrer
Broyé sous l'fardeau
Formé par le vide
Ce néant
Trou noir
Noir
Comblé par l'angoisse
Noir
Noir
Sans espoir
Se rappeler désespérément
Que c'putain de lycée
Suit partout jusqu'à la maison
Aller au bureau
S'asseoir
Prendre un stylo
Et tomber




Tomber


Dans l'infinité de l'obscurité
Le cahier humidifié
Par le flot des yeux
Et tout dégager
Dégager

Dégagez...

Supplier
Supplier
Supplie
Angoisse envahissante
Panique suffocante

Dégagez...

Dégages...

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30/10/18, 3:30

C'est différent de ce que je fais d'habitude. J'imagine que ma mood est différente aussi.

Bonne nuit les chouettes

Late nights | poetryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant