46- J'ai peur

4 0 0
                                    

Vendredi 19 octobre 2018

Ne plus avoir mal. Ne plus souffrir. Ne plus vouloir hurler. Ne plus avoir à parler. Seule, dans ma salle de bain. Endroit de tous les supplices. Là où tu te croises. Dans le miroir. Là où tu te fais face. Là où soit tu t'assumes. Soit cette image te dégoûte, te donne envie de vomir. Tu ne veux juste plus ressortir de cet endroit. Que la baignoir devienne ton cercueil et la lame l'arme du crime. Mais qui est l'assassin ? Qui est la victime ? Est-ce vraiment toi l'erreur à supprimer ? Est-ce vraiment toi qu'il faut abolir ? Car après tout, selon vos mots. Je suis parfaite. J'ai un corps parfait. Je suis gentille. Je suis drôle. Je suis intelligente. Je suis à l'écoute. Je suis attentive et d'une grande aide. Je suis beaucoup de qualités positives à vos yeux. De quoi je me plains ? Alors. Parfait. Si vous voulez vous arrêter à ça, je n'ajouterai rien de plus. Mais si vous saviez ce qui bouillonne à l'intérieur de mon être. Ce qui menace d'exploser à tout moment. Si ça venait à sortir, vous seriez bien surpris de voir que votre éloge serait totalement incomplet, voire erroné. Vous me prendriez pour une folle. Sûrement même vous ne me reconnaîtriez pas. Alors allez-y, dites-vous que je n'ai aucune raison de me plaindre parce que soi-disant vous m'aimez. Mais... si vous saviez ce que je ressens au fond de moi. 

Vous savez quoi ? Je vais l'écrire. Comme ça au moins si quelqu'un tombe un jour sur ces mots, il saura. Non pas que je sois la seule. Mais. Depuis toujours quand les gens m'abandonnent, je ne leur en veux pas. Puisque au final je les comprends. J'ai l'impression d'être une personne détestable qui fait juste pitié. C'est égoïste de penser ça, ça voudrait dire que les gens s'intéressent donc à moi.
Mais par pitié.
Pensez donc ce que vous en voulez. À vous de comprendre. Ou pas.
Mais. Et vous. quand vous vous croisez dans le miroir.
Vous pensez quoi ?
Je ne sais comment font les gens pour se dire qu'ils sont aimés. Je n'y arrive pas. Pourtant je suis amoureuse d'un garçon merveilleux qui me dit qu'il m'aime. Je l'aime énormément et le perdre, j'en suis à présent sûre, me tuerai. Quand il me dit qu'il m'aime, au fond de moi j'ai envie de le croire. Mais je n'y arrive pas. Je sais que lui en parler le blesserai profondément. En parler à une autre personne serait étrange. Je ne veux pas lui faire de mal. Il a déjà assez souffert. Il mérite quelqu'un de bien. D'après ce qu'il dit, c'est moi qu'il veut. Mai est-ce qu'il connaît le vrai "moi"? J'ai peur. Peur qu'il me lâche pour une autre personne, à cause de ces maux...

Recueil de textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant