Recueil de Nouvelles, Textes et Poèmes

07/11/18

(texte écrit entre le 06/11/18 et le 07/11/18)

Faux-espoirs

Oui. Non. Peut-être.

-Oh et puis arrête de nous embêter avec ça  ! On a le temps on verra plus tard. Oui, on en discutera avec ta mère. Ne te mets pas en tête que la réponse est oui, je ne voudrais pas passer pour le méchant de la situation.

Toujours.

Puis on nous dit : -Non ma chérie c'est trop loin/cher/tard/ (insérer ici n'importe quel argument dit ''valable'').

Penaude, tu te rends dans ta chambre. Certes il est trop tôt pour dormir mais tu n'avais pas d'autre choix : impossible pour toi de rester dans la même pièce que tes parents après ça. Émotionnellement parlant, c'est trop dur.

Les yeux rivés au plafond, tu regardes sans la voir la petite tâche que tu avais faire avec une pipette et un peu d'eau, des années auparavant. Petit à petit tes idées s'assemblent : une ébauche d'un plan-super-génial-qui-va-forcément-marcher se forme dans ton esprit. Tu t'endors donc avec un sourire de satisfaction accroché aux lèvres, ou presque.

Espoir,

On ne survit qu'avec de l'espoir, retiens-le.

Tout le monde est tranquille, apaisé. Tu espères que ce n'est pas le calme avant la terrible et houleuse tempête. Mais finalement, aucun nuage à l'horizon.

Parfait.

Aussitôt tu mets en marche ton fameux super-génial-qui-va-forcément-marcher : hop en un tour de main, tu remets LE sujet sur le tapis. Tu es une magicienne confirmée maintenant. Sans attendre que quiconque ouvre la bouche pour te contrarier et pour couper ''ta proposition idiote et irréfléchie'', tu t'aides de solides arguments pour plaider ta cause : les débats, ça tu sais faire, personne n'est meilleure que toi pour défendre ton point de vue et tes idées. Tu parcoures mentalement ta super liste pour un petit check-in : c'est bon tu as tout dit. Puis tu te tais pour laisser place aux inévitables contre-argumentations de tes parents, pas de soucis pour eux, ils en trouveront forcément, eux aussi ont des points forts : ce n'est pas réservé aux meilleurs d'entre nous ! Ils se taisent enfin, et sont plutôt contents d'eux : encore une fois, ils ont réussi leur job de parents ch... Ouf, tu ne l'a pas dit, tu y as échappé belle !

Oui, tu disais ? Ah oui tu disais que tes parents avaient réussi une fois de plus à te contrer. Alala ils sont vraiment trop forts ces adultes !

Ou pas.

Ils ont crié victoire trop vite, car tu as préparé tes brillantissimes-contre-arguments-des-contres-argumentations. Leurs bouches s'affaissent en une moue contrariée : et voilà, maintenant ils sont vexés... Ils ne s'y attendaient pas, hein, à la seconde partie de ton super plan !

Courage, c'est presque gagné.

Ecoute ma chérie, argg si tes parents t'appellent comme ça, cela ne présage rien de bon... Ta mère et moi avons eu une dure journée, on en reparle demain tu veux ? Non tu ne veux pas. Comment ça ils s'en fichent ? Eh ! Pour toi aussi la journée a été rude. Ne savent-ils point combien il est éprouvant d'élaborer de tels plans ?

Espoir,

On ne survit qu'avec de l'espoir, retiens-le.

Nous avons confiance en toi, là n'est pas le problème. Mais franchement ce n'est pas le moment. Je sais que cela te tenait à cœur mais c'est non. Tu veux de la salade avec le gratin dauphinois ?

NOn MErCI.

Tu ne pipes pas un mot durant le repas, retenant prodigieusement mais difficilement les petites larmes qui affluent aux coins de tes petits yeux.

Espoir,

On ne survit qu'avec de l'espoir, retiens-le.

Et une fois seule, tu étales sur le papier ton fléau, ta peine et ta colère.