15/08/18

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(nouvelle écrite entre Août et Septembre 2018 pour Unicef)


Dernier Espoir

Je me réveillai en sueur, tous mes sens en alerte. Apeuré je regardai l'espace environnant pour me rassurer, tout allait bien, nous étions encore dans notre cave. En quelques mois elle était devenue non seulement notre toit mais également l'endroit où je fus le plus heureux de ma vie (et le seul, c'est incontestable). Il ne m'empêchait cependant pas de faire d'horribles cauchemars, tous plus réalistes les uns que les autres. Je n'en parlai jamais à ma mère, les souvenirs étaient trop forts, et si j'avais énormément souffert pendant mon voyage jusqu'ici- dans l'est de la France- ce n'était rien comparé à ce qu'elle avait subi. J'essayai vainement de me rendormir, mais les bombardements me vrillaient encore les tympans, la peur me nouait encore le ventre et mes blessures -qui guérissaient de jour en jour- semblaient être chauffées à blanc.

''Ce n'est qu'une illusion, arrête d'y penser, tout se passe dans ta tête. Tu es en sécurité maintenant'', me répétais-je.

***

A mon réveil, ma mère avait déjà dressé notre table, faite de cagettes et de planches de bois.

Notre repas fut bref, nous ne raffolions pas de nourriture le matin.

-Maman, je vais aller à la bibliothèque aujourd'hui, l'informai-je.

-Aimar, on en a déjà parlé maintes et maintes fois... Tu sais que je...

Ayant déjà entendu ce baratin, je la coupai :

-Ne t'inquiète pas je ne vais pas m'inscrire, je veux juste lire un peu et éventuellement utiliser l'ordinateur.

Elle acquiesça. Aussitôt, un immense sourire s'étala sur mes lèvres : j'avais rarement l'occasion de lire et encore moins une matinée pour moi seul, et voilà que ma mère m'avait autorisé à la passer, entouré de livres. Mille fois mieux qu'un rêve, ce qui n'était guère dur, certes, étant donné ceux que mon subconscient m'envoyait.

Je poussai les portes vitrées de la bibliothèque et l'ambiance si paisible qui y régnait m'envahit aussitôt. Je passai dans les rayons, récupérai le livre que j'avais commencé la fois dernière, et je m'assis dans un fauteuil pour continuer aisément ma lecture. A chaque fois que je posai les yeux sur un livre ou sur quelques lignes écrites en français, je bénis mon grand-père de m'avoir enseigné l'écriture et la lecture de cette langue merveilleuse. Je savais que je ne me m'en lasserai jamais. Peut-être mais pas seulement parce que celui-ci avait donné sa vie pour essayer d'atteindre la France.

J'étais plongé dans mon livre et je mis quelques secondes à remarquer le garçon devant moi. Il s'était accroupi et penchait la tête pour essayer de lire le titre de mon livre sans me déranger. Je fini par refermer mon livre pour lui faciliter la tâche.

-Jules Verne ? C'est bien ?

- C'est un auteur classique, c'est important de le lire.

-Ennuyant quoi. Moi je préfère la science-fiction, j'ai lu un quart du rayon, dit-il avec un grand sourire rempli de fierté.

-Tu devrais en lire aussi.

-Je n'en ai pas très envie.

Je m'apprêtai à reprendre ma lecture mais il reprit :

-Je te passe un marché : je lis un de tes livres classiques, comme tu dis, et en échange tu dois lire un livre de mon choix.

Je lui tendis la main et dis :

Recueil de Nouvelles, Textes et PoèmesWhere stories live. Discover now