Le Restaurant

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   Arthur Gunnarsson s'étire et se dirige vers la baie vitrée. Il s'imagine deux cents ans plus tôt à contempler une plaine gigantesque, sans doute une plaine verte sur plusieurs lieues avec un bois au loin, là bas, plus au sud. La théière commence à siffler, d'un geste assuré il coupe le gaz et prend une tasse dans le meuble en bois. Il place la petite tasse de porcelaine sur la table et avec sa main droite verse le thé de la théière dans le contenant. Arthur a l'impression que le temps s'est arrêté, il regarde l'horloge, la grande aiguille, celle des secondes, elle fonctionne correctement. Dehors un corbeau noir sur l'arbre du voisin remue quelque chose dans son bec. Un verre tombe du chêne, le corbeau se précipite pour le rattraper. Tout semble en parfaitement fonctionner, rien ne paraît troubler l'ordre des choses, il n'y a aucun bruit dans la maison. Arthur se rend dans le bureau et appuie sur le bouton de l'alimentation de l'ordinateur. Le petit bruit de soufflement ordinaire sort de la grosse boîte noire, il retourne dans la cuisine et reprend les documents pour les observer une nouvelle fois.

   En haut de la maison Sishayi sort de son sommeil, ses paupières brunes se relèvent doucement dans la pièce sombre. Encore allongé dans le lit, il étire ses muscles en les contractant et se redresse petit à petit. L'odeur de l'encens consumé laisse un voile de souvenirs sur la couette et ses coussins. Sishayi se lève et se dirige vers la petite porte qui est connectée directement à la salle de bain. Son épaule puissante se cogne contre la grande plante, celle-ci vacille sur le meuble rempli de serviettes et de produits hygiéniques. Les stigmates de la soirée d'hier sont encore là, il à fait une erreur en se couchant dans les doux bras de son amoureux sans se démaquiller. Il prend un morceau de coton, verse un peu de démaquillant qu'il applique ensuite sur ses yeux. Les teintes oranges et bleues colorisent le coton et finissent dans une petite poubelle ronde, au pied de la vasque. Il ferme la trousse à maquillage avant de la ranger dans le placard. Sishayi sort de la chambre et commence à descendre les escaliers lorsqu'il voit passer Arthur en bas, portant les documents dans sa main et sa tasse de thé dans l'autre. Un petit sourire éclaire son visage à la vue de son amoureux, il continue de descendre l'escalier en repensant à cette soirée d'hier, il avait rencontré pour la première fois la famille d'Arthur.

   Ils s'étaient retrouvé dans un bon restaurant près de l'Hudson river, c'était la première fois que sa famille islandaise venait en Angleterre. Il devait être presque dix-neuf heures lorsqu'il vit les deux parents presque en tenue d'été se présenter au comptoir du restaurant. Sishayi et Arthur s'étaient levé les accueillir puis le repas se déroula. Il avait écouté Gunnar et Sigyn parler de leur fils toute la soirée. Arthur était dans sa famille, un exemple de réussite. Il était né au nord de l'île, à Dalvik dans une famille de la moyenne classe. Les parents de Sigyn possédaient l'entreprise de pêche de la ville (la seule) et ils avaient pu vivre assez convenablement. Sigyn avait conté tellement d'histoires de poissons et de tempêtes qu'il en avait déjà oublié la moitié. Ils avaient repris l'entreprise mais avaient interdit à Arthur et ses deux sœurs, Dalla et Helen, de le faire. Arthur avait ensuite très vite quitté le pays, il avait étudié à Berlin puis à Londres, il s'était ensuite rendu à Lobamba au Swaziland où il a fait la rencontre de Sishayi Koffi. C'est à ce moment qu'ils ont regardé avec beaucoup d'admiration Sishayi. Sigyn et Gunnar avaient trouvé Sishayi magnifique et ils avaient partagé un excellent moment avec lui. Ils ont discuté des difficultés à faire admettre sa relation homosexuelle qui n'était pas admise part son entière famille. Néanmoins les parents et les sœurs d'Arthur étaient très fiers de leur frère, très heureux qu'il ait rencontré un homme comme monsieur Koffi. C'est ainsi que Sishayi avait pu apprendre beaucoup de détails sur la vie d'Arthur et que le contact avait été très facile, il avait été très agréablement surpris. Notamment par l'ouverture et la discussion facile pour des gens qui vivent sur une île dont la moyenne de temperature en été ne dépasse les vingt degrés et dont l'hiver est sans doute l'un des plus rudes du monde.

(→ Remarque, en Islande il n'y a pas le même système de nom de famille que dans les autres pays occidentaux. Ainsi comme en Russie, le nom est en fait le prénom du père suivit de « son » si c'est un garçon, « dóttir » si c'est une fille. Ainsi le père de Arthur s'appelle Gunnar. Ses sœurs Dalla et Helen, ont pour nom de « famille », « Gunnardóttir ». Il existe aussi parfois des enfants qui prennent soit le prénom de leur mère, par exemple Sigyndóttir (pour une fille) ou Sigynson (pour un garçon) soit les deux prénoms. Il existe quelques autres cas mais les quelques exemples ici sont les plus importants à retenir.)

La dernière citéWhere stories live. Discover now