La dernière cité

La Photographie

  Sishayi et Arthur se sont rencontrés dans la capitale royale du pays du Swaziland, ils ont pu se côtoyer assez longtemps pour échanger et développer des sentiments profonds et sincères. C'est un homme aussi grand que lui, ils ont à peu près le même âge, Sishayi est un peu plus âgé mais il paraît beaucoup plus vif, téméraire et aventurier, il a toujours des idées, des objectifs plus grands et plus démesurés encore. Ses cheveux bruns descendent le long de ses paupières et son regard profond est un atout de séduction majeur. Il possède un corps musclé, témoin d'un passé glorieux fait de médailles lors de concours de gymnastique. Ils se sont rencontrés dans un bar dansant de la capitale. Arthur surveillait une entreprise occidentale véreuse et venait le jeudi soir se désaltérer. Arthur avait été séduit par le jeune homme et ensemble ils avaient profité de la soirée. Sishayi l'avait, dès le lendemain emmené dans son cabinet de photographie et depuis ce jour, cette passion de l'image ne les avait pas quitté.

   Depuis qu'ils ont emménagé dans le quartier de Kennington, au sud de l'Hudson river. Sishayi est associé à un petit cabinet de photographie, perdu au fond d'une petite impasse le long de St James road, où il collabore avec une écossaise, Iona Rae. Ce n'est pas tous les jours facile, mais la petite boutique compte sur une clientèle fidèle. De plus, Arthur et Sishayi ont tous les deux adhéré au sein de l'association de photographie du quartier. Sishayi en est le président et donc, en tant que personne ayant la plus haute charge au sein de celle ci, il organise des voyages et des sorties pour photographier et rapprocher les habitants de la vie de leur quartier. Il donne des conseils aux photographes amateurs ou confirmés et apprend aux novices les bases de l'art de la capture de l'instant. L'association est liée avec celle de "Cafe Art" ( association qui depuis l'affaire des mille appareils photos jetables donnés au sans-abris avait un rôle important dans la vie des londoniens ), et ensemble participent à bon nombre de projets ce qui permet aux adhérents de se donner rendez-vous assez régulièrement. C'est un point fort puisque peu d'associations peuvent se vanter d'avoir une dynamique aussi forte.

   Sishayi a donc au mois de juin dernier, organisé un voyage en France, dans la région de Bretagne pour en photographier les couleurs et les paysages. Il a acheté avec les économies de la trésorerie, une quinzaine de billets de bus pour Portsmouth puis des tickets de ferry entre la ville portuaire du sud de l'Angleterre et la cité des corsaires : Saint-Malo. Une fois arrivé ils ont entamé tout un circuit qui dura une petite semaine entre le dix et le seize et qui fut organisé avec l'aide d'une association locale en échange de la bonne humeur et de la sympathie anglaise. Le voyage s'est très bien passé, et les membres de l'association ont passé un excellent voyage. L'objet d'étude qu'est le territoire armoricain à permis de visiter des paysages variés aux couleurs très différentes. A leur retour, après les remerciements amicaux de la part des adhérent.e.s, monsieur Gunarsson et monsieur Koffi se sont rendu au cabinet de photographie, pour y faire développer les clichés du vieil appareil d'Arthur. Les photographies étaient développées et retravaillées par Iona ce qui justifia la semaine d'attente avant l'envoie des clichés.

   Nous voici donc dans la matinée du vingt-neuf juin, Arthur debout près de la table, tenant entre ses mains les photographies développées par la boutique. Il paraissait satisfait du travail de madame Rae, les clichés étaient parfait. Sishayi venait de partir à la hâte, tout juste démaquillé et habillé très sommairement. Laissant derrière lui Arthur et le thé qui lui avait préparé. Après lui avoir souhaiter une bonne journée, Arthur retourna aux clichés. Les photographies défilaient une à une entre ses doigts et chacune des photos paraissait plus belle que la précédente. Pour Arthur, chacune dégageait un parfum unique, comme ci au delà de la pellicule il avait capturé les odeurs et les sensations. Arrivé au bout du paquet, ou quasiment, son expression changea quelque peu. D'abord il fronça un peu les sourcils, son visage se concentra, ses sourcils devinrent plus sérieux. Ses yeux fixaient sur une des photographies, une tache de taille moyenne, dans les tons noirs. L'islandais posa la photo sur la table et alla chercher une loupe. Impossible que Iona est commis une erreur, les autres clichés étaient d'excellente facture. C'est alors qu'en approchant la loupe au fur et à mesure il fut surpris au point de tomber dans son fauteuil. Il était incapable de l'expliquer mais sur cette photo, on apercevait ce qui semblait être un port entouré de plusieurs habitations en bois. Il se souvenait exactement du lieu où il avait prit cette photo avec le groupe. Mais en aucun cas il y avait un village au bord de la mer. En scrutant l'image plus longuement, il s'attarda sur les habitations, elles semblaient d'un autre âge, comme les villages d'antan, construit de bois et de torchis. Très étonné, il pensa appeler Sishayi, pour lui demander si il se souvenait d'un tel village le long du parcours, mais il était au travail et ne rentrerait pas avant au moins 18 heure. Arthur face aux flots de questions qui se posait dans sa tête, s'installa à son bureau et entama quelques recherches.