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  【Iмαge : Ɯє Heαят Iт】  

10 juillet 2008 à 3:36 du matin

3 jours se sont écoulés depuis l'incident avec ma mère, et ni elle ni moi ne n'a osé adresser la parole à l'autre depuis. Aujourd'hui est le jour J, le jour que je redoutais tant, je pars au camp de vacances.

Malgré toutes les mauvaises choses que j'ai pu penser jusque là à propos d'une colo telle que celle-ci, je suis sûre que ce n'est pas aussi terrible que j'ai l'air de le croire.
Mais le plus difficile, ce que je craignais le plus, c'est de se faire de nouveaux amis. Je ne sais même pas comment m'y prendre.

Après quelques minutes, j'ai fini de me préparer. Je suis vêtue d'un sweat crop-top gris et simple, avec un jean taille haute de couleur noire qui est relativement basique, ainsi que des Stan Smith blanches en tant que chaussures.

Je porte des boucles d'oreilles rondes semblables à des perles ainsi qu'une bague en or sur l'annuaire de ma main gauche.

J'ai autour du cou un pendentif dont je ne me suis jamais séparée depuis mes 4 ans environ. Je n'en connais pas la signification, mais c'est mon père qui me l'a offert alors il a une grande valeur à mes yeux. Il s'agit d'une chaîne couleur bordeaux où, au milieu, se dessine une sorte d'étoile qui ressemble vaguement à une fleur.

Malgré après toutes ces années, je n'en ai jamais déchiffré le symbole, et je dois dire que ce n'est sûrement pas maintenant que je vais m'en charger.

Mais peu importe.

J'ai les cheveux d'un bouclage nickel et du mascara noir et épais posé sur les cils, faisant ressortir le vert puissant de mes pupilles.
Deux grandes valises - une blanche et une grise - à la main, je suis prête à partir.

Le trajet pour se rendre à l'aéroport en voiture se fait en silence.

Nous sommes enfin arrivées, et je me demande si maman m'embrassera ou pas. Après tout, on ne se verra pas pendant deux mois.

4:57 du matin

Une fois à l'aéroport, c'est d'un léger pincement au coeur que je constate que maman ne me donne qu'un très léger baiser sur la joue, presque inexistant. Pourtant, ces dernières années, nous n'avons été que très peu proches. Alors pourquoi le serait-elle maintenant ?

Elle me murmure un "au revoir", un sourire timide sur ses lèvres. Je lui rends de même, tout aussi gênée que maman.

Finalement, je me dirige vers l'avion sans lui avoir rien dit d'autre. Je me sens tout de même un peu coupable de ne lui avoir manifesté que très peu d'amour tout-à-l'heure...

Mais c'est déjà du passé. Maintenant, je suis dans l'avion vers mon camp de vacances au Canada, et je vais devoir me faire des amis autre que Victoria.

Je ne sais pas exactement pour quelle raison, mais j'ai le pressentiment que cette expérience va, d'une manière ou d'une autre, un peu me détacher d'elle. En bien ou en mal ? Seul l'avenir me le dira.

Je suis embarquée dans le vol Lille-Montréal en classe économique, prête pour les plus de 5000 km qui séparent les deux grandes villes. On m'a informée que le trajet durait environ 7h30 et même si ça risque d'être long, je suis sûre de trouver une occupation.

Assise tranquillement sur mon siège (pas autant confortable qu'en classe buisness ou qu'en première classe, mais bon), je ne remarque pas tout de suite le jeune homme qui s'est assis à côté de moi. De toute façon, même si j'arrivais à lui dire deux mots, il ne m'entendrait pas à cause des écouteurs qu'il porte, branchés à son MP3. Je l'observe discrètement du coin de l'oeil, pour ne pas qu'il pense que je suis une stalkeuse ou quelque chose comme ça.
Il a de courts cheveux châtains clairs et des yeux noisette dont je ne perçois pas tout à fait la couleur en raison du fait que ses pupilles soient orientées ailleurs qu'en ma direction.

Sa peau est plutôt pâle et ses vêtements semblent de marque : du Hugu Boss ou un truc du genre.

Je me demande ce qu'il fait en classe éco, surtout quand je le vois brandir un IPhone, le tout dernier modèle de sorti.

Moi, je n'ai encore que mon vieux Nokia à touches, tandis que ce dernier possède un smartphone dernier cri.

Même dans ses manières de bouger, il semble élégant et sophistiqué. Ce n'est plus une hypothèse mais une évidence : il vient d'une famille aisée.

Alors dans ce cas, je répète ma question : que fait-il en classe éco ? Je suis absolument certaine qu'il a les moyens d'aller en business class, voire même en première classe s'il est très riche.

J'aimerai bien entamer la conversation avec lui, mais je suis trop timide et réservée pour parler la première. Pourtant, je ne devrais pas avoir de raisons d'être intimidée ; il n'a pas l'air méchant ou agressif, et en plus il semble à peine plus âgé que moi.

Je soupire et décide de penser à autre chose. Je commande un chocolat chaud et un muffin, j'ai une petite faim malgré le fait qu'il ne soit que 5 heures du matin.

Quand une hôtesse à l'uniforme bleu et au visage souriant m'apporte un plateau avec ma commande, je le saisis si brutalement et précipitamment que ma boisson fumante se déverse sur le garçon à côté de moi. Tout mon chocolat trempe désormais son pantalon blanc bien repassé, et une grosse tache brunâtre le recouvre.

- Aïe! Gémit-il.

Quelle idiote je suis d'avoir pris le plateau comme une hystérique ! Il a sûrement dû se brûler avec le chocolat si chaud qu'une épaisse fumée flottait au-dessus. En revanche, ça peut éventuellement me trouver une excuse pour lui parler.

- Tout va bien ?! Demandai-je, à la fois inquiète et confuse.

Tous les passagers se retournent vers nous, curieux. L'hôtesse de tout-à-l'heure se précipite vers le jeune homme, inquiète.

- Oh, monsieur, vous allez bien ? Je suis désolée, veuillez excuser ma maladresse, bafouille-t-elle, gênée.

J'ai toutes les raisons du monde de culpabiliser, puisque l'hôtesse n'a rien fait et que tout est de ma faute.

- Oui, ça va, je me suis juste un peu brûlé, mais je suis sûr que tout va bien, répond le concerné.

L'hôtesse, rassurée, repart tranquille.

- Excusez-moi, c'est ma faute, chuchotai-je.

Pour la première fois depuis le début du vol, il daigne enfin me regarder. Je m'étais trompée, il n'a pas les yeux noisette mais marron clair.

- Oh...dit-il. C'est rien, je vais juste aller nettoyer ça.

Il détache sa ceinture de sécurité et se dirige vers les toilettes. Il a laissé son portable sur son fauteuil, je peux constater qu'il est 5:28, mais aussi qu'en fond d'écran il y a une photo de lui avec une jolie fille rousse aux yeux bleus. Serait-ce sa petite amie ?
Je détourne brusquement le regard et fixe le sol, très mal à l'aise, lorsque mon voisin de place revient. S'il m'avait surprise en train d'espionner sa photo de fond d'écran, je ne donne pas cher de ma peau.

Voyant qu'il ne m'adressera pas la parole de nouveau si ce n'est pas moi qui intervient, je lance d'une voix basse : - Comment je pourrai me faire pardonner ?

Entre-temps, j'observe son pantalon. La tâche n'est pas entièrement partie, mais c'est toujours mieux que tout-à-l'heure.
- En me disant ton prénom, répond ce dernier en souriant en coin. Tu peux me tutoyer aussi, si tu veux.

Je hoche la tête et répond en souriant de même :

- Hailey. Hailey Watkins.

Il me tend sa main. Je mets plusieurs secondes avant de réaliser que je dois la lui serrer, un peu confuse. Ce que je fais finalement.

- Bryan Davies, enchanté.

J'en conclus donc que c'est son nom. Satisfaite d'avoir fait sa connaissance, je sors également mes écouteurs pour partir dans le doux monde des rêves.

Intemporelle.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant