" A la fin d'une année scolaire, le dernier au fond, qu'est ce qu'il sait ?
A quoi ça lui a servi de faire tous les affreux devoirs qu'il a fait ?
Il a jamais connu le bien-être du bon élève qui sait ses leçons,
Ni le regard amical du maître qui sourit en disant son nom.
Sur son cahier y a cinq cent taches,
C'est ce qui fait dire à ses parents :
" A ce gosse là il faut la cravache,
Quand on est bon qu'à faire des taches,
La cravache y a que ça qu'on comprend !
Qu'est ce que tu fous à l'école ?
Qu'est ce que tu fous si tu fous rien ?"
Et de tout son cœur qui se désole
Le petit répond : "Eh ben... Eh ben..."
Oh, il en a appris des choses
De la petite classe au certificat.
Il sait qu'il y a des nuages qui sont roses,
Vers quatre heures, pendant la leçon de choses,
Quand le soleil fout le camp, tout là-bas.
Il sait très bien ce que c'est qu'une droite,
Une droite qui n'a ni d'A ni de B,
Quand le soleil du matin éclate,
Y a ses rayons qui font des droites.
C'est comme ça qu'il apprend le dernier.
Ce qui l'amuse ce sont les mouches
Qu'on garde captives dans un bouchon,
Les mots qui font drôles dans la bouche
Comme "tintinnabule" ou "polochon".
A la fin d'une année scolaire, à la distribution des prix,
Le petit dernier traîne sa misère,
Sous le regard méprisant de son père,
Et sa détresse est infinie.
Mon petit copain dernier de la classe,
Moi je sais bien que t'es pas le dernier.
Puis console toi les années passent,
En prenant la vie face à face,
Tu verras que les premières places,
Ne sont pas toutes, pour les premiers."
Robert Lamoureux, vers 1950.
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