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"Elle sera bien ici..." Le vampire au béret se le répétait en boucle dans sa tête.
A chaque jour qui passait, les frères prenaient ton sang et te traitaient comme un animal de compagnie bien docile, toujours avec un petit sourire. Ils veillaient à ce que tu ne sois jamais seule, et jamais ils n'eurent à user de force contre toi.
Ce soir pourtant, ils allaient briser ta petite routine bien tranquille du manoir. Ils allaient t'emmener avec eux au lycée, ta toute première sortie depuis le début de ta totale perte de mémoire. Le lycée autorisait les humains "accessoires" tels que toi. Ils suivaient leur maître en classe et restaient bien sagement assis à côté d'eux.
Aussi, à l'arrivée face au lycée, tu fus donnée à la responsabilité d'Azusa. Celui-ci prit donc ta main pour te mener en classe. Vous étiez les premiers de la salle, il en profita pour s'asseoir à sa place et de montrer ta place, à sa droite. Tu restas sur ton siège bien gentiment, mais te précipitas sur ses genoux quand d'autres élèves vampires arrivèrent en classe. C'était ses amis, ils te sourirent, sachant bien ce que tu étais...
Azusa te berça et embrassa ton front avec douceur, tu couinas adorablement. Ses amis trouvèrent cela adorable et tu devins la nouvelle mascotte : toute heureuse d'être le centre de l'attention sans vraiment comprendre pourquoi, tu souriais largement. Surtout à Azusa, il était ton maître préféré après tout.
Ses gestes affectueux dans ton dos te faisaient frissonner, son regard te captivait, ses lèvres froides tel du velours te faisaient chavirer... Pourtant il te semblait triste. Oui triste, triste comme s'il avait vu toutes les misères du monde en te regardant... Son regard profond se noyait dans le tien interrogateur. Pourquoi ta vue lui donnait-il un tel sentiment ? Quelque chose remua en toi, et tu t'accrochas à cette étrange sensation, réminiscence de secrets lointains et perdus...
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Tu allas par la suite chaque jour au lycée, et les frères te sortaient toujours plus avec eux. A force de voir le monde que tu pensais tout juste découvrir, peu à peu tu compris. Tu compris que tous les humains n'avaient pas de maîtres. En voiture tu les voyais libres sur les chemins, dans les rues, à travers les vitres de leurs voitures... Toi aussi tu voulais te déplacer seule, juste un peu, pour voir. Si seulement tes maîtres te laissaient un peu seul... Impossible, aussi attentifs qu'ils étaient pour toi.
Alors tu décidas de sortir de jour chez les humains, pendant que tes maîtres faisaient leur nuit. Tous les vampires du manoir te sachant soumise, ils avaient cessé de prendre mille et une précautions. Sur la pointe des pieds tu sortis par l'arrière cour, près du potager de Yuma.
Au grand jour le soleil te brûla les yeux. Tu marchas au hasard sur un chemin, et rapidement tu fus perdue. Que faire ? Tu te mis en quête d'une route, là où il y a des voitures qui passaient. Peut être que l'une d'elles s'arrêtera en te voyant si seule et sans repère. Il te fallut bien une heure pour trouver une route passante et quelqu'un pour te mener à la ville la plus proche.
Tu finis par trouver une bonne âme qui te mena à une grande ville. Tu n'avais encore jamais vue une si grande quantité de maisons et d'immeubles au même endroit. Tout te semblait nouveau et pourtant familier : les gens dans la rue, les commerces, les affiches criardes, les enfants qui courent, les parents qui discutent, les jeunes couples en sortie, le cinéma... Soudain, ton regard tomba sur une affiche, collée depuis un moment au vue de sa dégradation avancée :
"(T/p) portée disparue depuis le ../../../. Si vous la voyez, contacter le centre de police le plus proche."
Ta photo était dessus. En dessous un message disait : "(T/p), où que tu sois, je t'en prie reviens. Ta famille qui t'aime." Le court message était illustré d'une autre photo, plus petite, presque insignifiante. Une femme. Tu la connais. C'est ta mère. Comment ? Ta mère ?
"Pourquoi ? " fut ta seule question, le regard blême, une tornade d'émotions remonta en toi et donna envie de vomir.
