Karten

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Une fine pluie les trempait jusqu'aux os, Morgane n'arrivait pas à contrôler ses frissons.

Elle entendait l'orage grondait derrière eux. La fureur des Dieux zébraient ce ciel sombre et mélancolique qui flottait au-dessus de ces plaines qu'ils traversaient, en direction de Karten. Morgane poussa un lourd soupir, juste avant un assourdissant éclatement d'orage, ses bottes s'enfonçaient dans de la boue visqueuse au fil et à mesure de ses pas.

Dawn, qui était à côté d'elle, éternua. Il y avait de grandes chances qu'ils finissent tous malades avant même d'atteindre la ville portuaire, vu ce temps capricieux et humide qui s'écrasait sur ces faibles mortels. Morgane se demandait ce que cela faisait véritablement, d'être malade, elle qui n'avait jamais connu les épidémies et tous les symptômes engrenés par la moindre mal.

Un calme s'était installé entre eux, certes fréquemment brisé par le tonnerre, puis un son unique attira son attention. Morgane ouvrit grand ses oreilles, puis mélodie reposante ranima quelque chose au fond d'elle : les vagues chantaient, près d'eux !

Cela signifiait qu'ils s'approchaient de la côte et, en conséquent, de leur destination ! Un profond soulagement l'envahit. Ils allaient enfin pouvoir se reposer, après toutes ces longues journées à marcher de la première lueur du Soleil, jusqu'à l'apparition des étoiles dans le ciel !

Les yeux de Morgane se dirigèrent vers le sorcier, et c'est en voyant son léger sourire qu'elle comprit qu'elle n'était pas la seule à entendre le bruit des vagues s'écrasant contre la côte. Ils continuèrent à marcher, sous une pluie qui s'intensifiait à coup d'œil, puis des toits en contrebas brisèrent le vert monotone des lieux qui les entouraient, ainsi que le sombre gris qui planait dans le ciel.

Une pente menait à ces habitations de briques et de tuiles, et devant eux se trouvait une longue route entre les bâtiments, menant directement à plusieurs longs pontons qui semblaient interminables. Un chemin pavé de pierre grise se présenta au groupe, ils pénétrèrent alors dans le port de Karten après ce lent voyage.

La ville portuaire n'avait rien d'extraordinaire : les maisons étaient collées les unes aux autres, avec une architecture presque identiques. Morgane leva les yeux : des fils reliaient des bâtiments face à face, juste en dessous des fenêtres du premier étage, elle comprit vite que ces fils étaient consacrés à l'étendage des habits de tous ces mortels. Les rues étaient désertes, mais contrairement à Miros, Karten ne dégageait pas cette pesante atmosphère morbide. Elle regarda rapidement autour d'elle : de curieux yeux fixaient ces quatre voyageurs sortis de nulle part, derrière les vitres des maisons.

Ils atteignirent alors le port, qui semblait aussi déserté. Morgane respira l'air à pleins poumons : l'odeur marine l'envoûta, et le fracas harmonique de la mer l'incita à lever les voiles.

La pluie ne cessait pas de tambouriner sur leur primitif monde. Kim regarda dans toutes les directions, les yeux écarquillés par l'excitation et la soif de nouvelles aventures, il pointa du doigt sa gauche avant de hurler :

— Un bateau, là-bas ! Non... plusieurs, même ! Allons-y !

Le jeune homme en armure se mit alors à courir, en manquant plusieurs fois de trébucher à cause de la pluie qui avait rendu le sol glissant. Les autres le suivirent plus calmement, le ponton grinça quand Morgane se mit à avancer sur ses sombres planches en bois. Elle jeta un regard peu rassuré à ses pieds, un éclair frissonnant traversa son dos dans toute sa longueur : l'idée de voir le ponton se fissurer sous son poids plume la rendit vite très mal à l'aise.

Malaise qui n'ébranlait pas Kim, à ce qu'elle constatait. Le jeune homme courait toujours, en direction d'un bateau accosté près du quai, à croire que son enthousiasme envahissant prenait la place du peu de bon sens qu'il avait. Il s'arrêta à côté de la passerelle menant au pont du bateau, où se tenait droit un homme complètement chauve, avant de lui demander d'une voix forte :

L'Épopée d'une ProtectriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant