Partie 3

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Tes meilleures années... souffla Marla rêveusement, la voix emplie de nostalgie.

Marley sourit, à vrai dire Marla avait raison, elles avaient été les meilleures de sa vie. Elle avait rencontré Emma, une fille de sa classe: ça avait tout de suite collé. Quitte à se faire virer de cours autant le faire avec classe, quitte à aimer la cigarette autant fumer de la weed et quitte à ne plus être vierge autant ne pas la faire.
Malheureusement, la réalité rattrape vite et s'enchaînèrent les années de fac ratées. C'est en redoublant sa troisième année pour faire professeur d'art qu'elle avait rencontré Jérôme, un intello de l'institut de mathématiques.
Il était venu l'accoster, bafouillant, alors qu'elle rentrait à son appartement en colocation de l'époque. Il n'etait pas spécialement attirant physiquement et n'avais pas beaucoup de charme, pourtant il était attentionné et toujours doux avec elle lorsqu'elle disjonctait. Ce qui arrivait très souvent à l'époque.

Cinq ans plus tard ils étaient mariés. Elle n'avait plus travaillé depuis, cela lui permettrait de "profiter de son temps libre pour peindre" lui avait déclaré Jérôme.
Marley avait acquiescé, le sourire crispé. Ça ne servait à rien de protester, les pauvres 1500 dollars qu'elle gagnait par mois ne semblaient rien face au gros salaire de chef d'entreprise de son mari.
Ce qu'il ne comprenait pas était que peindre tous les jours était impossible, pas toujours l'envie et surtout pas toujours l'inspiration. Elle déambulait seule dans leur immense maison en pensant à ce que pouvaient bien faire des jeunes femmes de 27 ans. Elle avait alors donné des cours particuliers de dessin pendant 10 ans. Les jeunes, essentiellement, s'installaient dans le jardin taillé et fleuri par le jardinier. Le plus souvent ils travaillaient au fusain penchés sur leur chevalet tandis que Marley leur dispensais des petits conseils astucieux. Lorsque le temps ne le permettait pas, ils s'installaient en rond dans le "bureau" de Marley où elle exposait ses toiles, ses croquis, etc. Au départ elle l'aimait bien cette pièce, avec son ambiance un peu renfermée et artistique. Mais au fur et à mesure elle ne s'y sentait plus à sa place, elle l'oppressait. Les yeux des portraits au charbon de bois la regardaient traverser la pièce, la jugeaient, comme si ils savaient.

Le balcon_ terminé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant