Comme si ils savaient.
Quelques années plus tard Marley avait pris rendez-vous chez une psychologue à l'insu de Jérôme (quelle aurait été sa réaction de toute façon ?). A cette époque elle le trompait déjà depuis deux ans.
La psychologue en question s'appelait Mme. Innocent, jamais un prénom n'avait été aussi mal choisi, Marley la détestait. Elle avait l'impression qu'elle posait toujours la question de trop, fouillant plus profondément que son métier le lui permettait.
Celle ci l'avait envoyée à une réunion de "prise de conscience féminine", avait-elle dit en faisant des guillemets et ses indexes et majeurs tout sourire -son insupportable sourire-.
Cependant à cette époque, Marley avait envie d'aller mieux, elle le voulait de tout son cœur et elle s'était convaincue d'y aller.
La jeune femme s'en souvenait comme si c'était hier, c'était un mardi, tard le soir, peut être vers 22h.
Elle n'était pas le première ni la dernière à arriver dans la petite salle communale, et elle s'était installée sur un des poufs disposés en ronds. En face d'une blonde.Une vieille femme était ensuite arrivée la dernière, distribuant des viennoiseries ce qui tranchait avec le sérieux de la situation. En effet car à ce moment une dame avait déjà commencé un discours sur le droit de la femme, le fait de se sentir mieux quand on parlait de certaines violences qui auraient pu arriver ou simplement des relations toxiques. Marley gigotait sur place, elle se sentait mal à l'aise.
Vint le tour des témoignages et la blonde en face d'elle - Judith - prit énergiquement la parole, comme heureuse de raconter son histoire.
Elle parla de son ancien copain dont elle était "très très amourachée " et des paroles qu'il lui avait dites. Elle parla sans filtre de sa violence au lit et de ses fantasmes qu'elle n'acceptait que par peur qu'il ne la frappe. Elle parla aussi des cigarettes qu'il fumait sans retenue dans l'appartement, des substances qu'il prenait. Elle insupportait Marley, cette réunion était encore pire qu'une séance avec Innocent. Mais la goutte d'eau qui fit déborder le vase fut quand la blonde déboutonna sa chemise et afficha clairement -sans soutien-gorge - ses seins marqués de point rouges violacés, de brûlures de cigarettes plus précisément. Marley les reconnaissait bien car elle s'était infligée la même chose sur le poignet. Un cendrier humain.Elle se leva ne pouvant plus supporter cette tension et courut vers la porte et ne revint pas. C'était comme si elle s'était rendue compte que le voile noir qui obstruait sa vie ne disparaîtrait jamais, comme si le seul échappatoire auquel elle avait voulu croire lui avait sourit hypocritement avant de lui claquer la porte au nez.
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Le balcon_ terminé
Short StoryMarley fume, assise sur son balcon. Les souvenirs remontent. La nausée vient. La nature humaine montre son vrai visage. Peu importe la température glaciale. Dans sa tenue indécente, Marley fume.