Quinn [terminée, en réécriture]

3 : Punition

Chapitre 3

Je me promène dans les couloirs, vides. Tout le monde est encore à la cafétéria. Elisa devait régler un truc avec la réceptionniste, un problème de cahiers je crois, alors je me retrouve toute seule. Il commence à faire un peu sombre et mon imagination me joue des tours, comme d'habitude. Elle me hurle que ce décor est digne d'un film d'horreur, bien lugubre.

Je vais retourner dans ma chambre je crois, parce que j'avoue que l'ambiance fait un peu peur. Mais, au moment même où je me tourne d'un coup pour aller dans ma chambre, je percute quelqu'un.

- Mais regarde où tu marches, bon sang !

Je lève la tête lentement et vois... Quinn, évidemment.

Quand il me reconnaît, il fait un sourire en coin. J'avoue qu'il me fait un peu peur là. Un peu.

- Oh... Mais c'est la petite de tout à l'heure...

- Je suis plus vieille que toi.

- Vraiment ? Et t'as quel âge ?

-Dix-huit ans et demi.

Je lui fais un sourire de vainqueur et chasse une mèche rebelle de mon visage.

- Ah bon... Pourtant, la réceptionniste pense que tu es née le 6 novembre de ma même année. Tu devrais lui en parler, il y a sûrement une erreur dans la base de données.

Il sourit encore plus, me laissant voir ses dents trop blanches pour être vraies. Pourquoi tout dans cet internat semble si... cliché ? Je déteste ça.

Je lui tire la langue. Il rit.

- Refais ça et tu seras punie.

Je ris et dis :

- J'aimerais bien voir ça moi... Mais tu sais, on n'est pas dans 50 nuances de Grey.

D'un coup, il approche son visage du mien, ne me laissant que quelques millimètres pour respirer.

Instinctivement, je ferme les yeux pour accueillir ses lèvres. Non pas que je veuille l'embrasser -même s'il faut avouer qu'il est fichtrement attirant-, mais c'est une réaction normale face à la position où on se trouve, non ?

Les yeux clos, je sens son souffle chaud effleurer mon nez. Puis, plus rien.

Je rouvre les yeux et me retrouve face à un grand sourire arrogant affiché sur le beau visage de ce maudit singe. Il éclate de rire et je le regarde sans dire un mot. Pourquoi il rit lui ? Ok, je viens de me prendre un vent.

- Je n'aurais pas cru que tu tomberais si vite quand même ! Tu n'es pas censée être la gamine qui sait tout et remet les gens à leur place ? Je croyais que tu ne te laissais pas faire.

- Je ne suis pas "tombée", tu m'as eue par surprise.

- Bien sûr, ça doit être ça...

Il me regarde en souriant malicieusement et ajoute :

- Trouve-toi une meilleure excuse la prochaine fois.

- Il n'y aura pas de prochaine fois.

- Tu crois ?

Il me regarde intensément, puis s'approche de moi doucement. Ses lèvres frôlent mon oreille et il murmure doucement :

- Personne ne me résiste.

Il me fait un baiser au coin des lèvres et part sans se retourner. C'était quoi ça ? Mon cœur va lâcher là ce n'est pas possible il bat trop vite ! Je me laisse glisser contre le mur, puis tombe sur le sol. La typique phrase. La typique réplique.

Personne ne lui résiste ? Je résiste.

***

- Et toi... Ça va ?

Elle a dû remarquer que je ne l'écoute qu'à moitié.

- Je vais te raconter un truc... Ne fais pas de crise cardiaque sil-te-plaît.

- Tu ne dois pas te laisser faire Amber... c'est un coureur de jupons ! Tu as bien vu ce qu'il t'a dit ! "Personne ne me résiste"...

Je souris malicieusement.

- Ouh là, toi t'as un plan machiavélique ?

- Je vais entrer dans son jeu.

- Comment ça entrer dans son jeu ? Quel jeu ? De toute façon, il gagne toujours...

- Je gagne toujours. Il pense que je suis facile à avoir, que personne ne lui résiste... Je vais changer un peu sa vie. Lui résister.

Elle rigole faiblement, mais son rire sonne faux. On dirait qu'elle a avalé quelque chose de travers. Je crois que même si on se connait depuis peu, elle m'aime bien et s'inquiète pour moi.

- Tu ne pourras pas. C'est trop tard.

- Je veux bien prendre le risque.

Elle hausse les épaules. Je suis un peu têtue, pas la peine de perdre son temps.

Je suis heureuse. Pour l'instant.