Chapitre Premier : Le début de la fin

23 1 2
                                    

L'éternelle romantique que je suis, pensais qu'il était impossible de larguer une personne en utilisant moins de quarante caractères. Faut croire que tout est possible, même après trois années de relation aux apparences idylliques. 

Confortablement installée sur mon canapé, pour ne pas dire totalement avachie, et emmitouflée  dans mon peignoir, j'essaie de contenir ma colère et ma tristesse. En fait, je suis complètement stoïque. Mes sentiments se bousculent , s'entremêlent, se heurtent. Je vois flou, je tremble. Je ne sais pas si j'ai froid ou si j'ai chaud. Je ne sais pas non plus pourquoi je fixe le tapis du salon depuis plus d'une vingtaine de minutes, sans osciller. La seule chose que je sais, c'est que mon coeur vient d'être brisé. 

Son sourire en coin, ses yeux enjôleurs mais impénétrables me hantent. Je le revois, me suppliant de me blottir dans ses bras lors de notre derrière nuit passée ensemble. Et puis, je l'imagine, derrière son écran, en train de pianoter ces misérables mots pour me dire que c'est terminé. Je tente en vain de comprendre le cheminement de ces dernières heures. J'essaie de comprendre ce qui a pu le pousser à la rupture. Je n'en suis pas à l'origine, mais je ne peux m'empêcher de penser que la mauvaise personne dans cette histoire, c'est moi. Que tout est ma faute. Je n'arrive même pas à lui en vouloir, de se cacher derrière son smartphone. Après tout, c'est peut-être ce que je mérite. Quand bien même, je le pensais plus courageux. 

Après ce qui me semble être une éternité, je me décide enfin à poser les yeux sur mon smartphone. Me voilà en train de lire et relire sans cesse ce message si douloureux et incompréhensible. Je ne peux pas me permettre d'ignorer le message. Je remercie d'ailleurs la technologie et la superbe invention du "lu" qui s'affiche lorsque vous ouvrez un message. Je me retrouve très souvent dans un embarras inqualifiable. Grâce à ce "lu", il sait que je sais. Cependant, je doute qu'il soit dans l'attente d'une réponse. Il a sûrement lâcher sa bombe sans même se soucier des représailles. Quoi que... Je fais peut-être fausse route. Peut-être espère t-il que je le retienne, et que je lui expose toutes les raisons possibles et imaginables en la faveur de notre histoire... Je ne sais pas. Je tente à plusieurs reprises d'écrire une réponse mais les mots m'échappent. L'enjeu est bien trop grand, j'en ai conscience. Je n'ai pas envie qu'il ait une mauvaise interprétation de ce que je dis et je n'ai pas non plus envie de paraître trop compréhensive. Je commence à croire que pour répondre à un message de rupture, il faut un doctorat en psychologie...

Un étrange sentiment de culpabilité est en train de m'envahir.  Je réalise ce qui est en train de se passer et je me sens totalement impuissante. Le coeur gros, les larmes ruisselantes sur mes joues, le nez coulant -faut l'avouer-, je tente d'écrire un message à l'intention de ma meilleure amie. Les mots viennent beaucoup plus facilement et je prends conscience que finalement, ma réponse attendra. Qu'à cet instant précis , j'ai simplement besoin de digérer la nouvelle, dans mon coin, à ma façon. 

Le Journal d'une CélibartichautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant