"Beh alors chérie ! Il t'en a fallu du temps pour décrocher ce foutu téléphone ! Alors, racontes moi tout! Du début à la fin. Mais chérie, s'il te plait, sois pas trop longue, mon cours de yoga commence dans trente minutes et Dieu sait à quel point tu peux être longue parfois. Le truc c'est que j'aimerais arriver dans les premières pour profiter du spectacle, si tu vois ce que je veux dire".
Ça, ce sont les mots de ma meilleure amie, Beth. Sa voix est assez douce mais elle ne peut s'empêcher de paraître tout le temps ultra occupée, ce qui rend sa voix beaucoup plus crispante. Beth et moi sommes amies depuis le lycée, autant dire une éternité. Elle et moi avons vécu nos premières déceptions amoureuses ensemble mais aussi nos premières cuites. Nous avons toutes les deux d'excellents souvenirs et aujourd'hui je n'ai pas honte de dire qu'elle fait partie de moi. Je ne pourrai très certainement jamais me passer d'elle et de ses conseils. J'ai un peu honte de l'avoir mise à l'écart durant ces vingt quatre heures mais elle connait très bien mon caractère, je sais que pour elle, c'est déjà oublié.
Lorsque j'ai entendu sa voix résonner dans mon téléphone, je n'ai pu retenir mon large sourire. Elle n'avait pas tord. Je suis très nulle pour raconter une histoire, encore plus lorsqu'elle me concerne directement. J'ai cette fâcheuse tendance à m'accrocher à des détails futiles qui n'apportent clairement aucune matière à ce que je suis en train de raconter. Mais cette fois-ci, je savais que j'allais réussir à être concise tout simplement parce que je n'avais pas envie de m'étaler sur ma rupture. C'était encore trop tôt pour moi, je ne voulais pas en parler. La plaie est en train de guérir c'est une évidence, mais elle était toujours ouverte. Et malheureusement, malgré tout l'amour que je peux avoir envers Beth, je savais que ses mots n'allaient pas entièrement me réconforter. On dit souvent dans ma famille qu'il faut guérir le mal par le mal. J'aurais préféré que Beth n'entende jamais cette devise familiale. Même si Beth avait de très bons conseils, elle pouvait se montrer très dure par moment. Bien évidemment, ni voyez-là aucune méchanceté de sa part. Dans ces moments-là Beth n'avait même pas conscience que ses mots étaient peut-être un peu trop forts, elle voulait simplement aider. Je n'étais pas encore prête pour une telle confrontation alors je me suis contentée d'aller à l'essentiel...À ma façon.
" _ Alex et moi c'est terminé. Je pense que tu ne sera pas étonnée si je te dis qu'il a agit comme un sombre connard. Mais je vais bien. Enfin, je vais mieux. Je sais ce que tu vas dire : CE N'EST PAS UN MEC POUR TOI CHÉRIE, IL NE MÉRITE PAS TES LARMES. Yes, I know. Le message est passé. Je ne vais pas te mentir, j'ai passé ces vingt quatre dernières heures à me lamenter sur mon sort. Ça a été trop brutal. Mais là tu vois, je sors de la salle de sport, je suis sur le chemin du Starbucks et je me sens bien. Alors le mieux c'est encore qu'on en parle plus, tu ne crois pas ? Je veux juste passer à autre chose, Beth.
_ Je sais très bien que tu n'as pas envie d'en parler chérie et c'est normal. Mais saches que oui, ce Alex n'était pas pour toi. Tu mérites tellement mieux ! Merde. Je viens de faire ce qu'il ne fallait pas faire. Tu sais quoi chérie ? Oublie ce que je viens de dire. Le plus important c'est que tu te sentes bien, le reste on s'en tape. Au fait, ce soir rendez-vous chez toi à 19h. Merde, il est déjà arrivé. Bye !
_ Beth ! No..."
Ma phrase est restée en suspens, dans les tréfonds de l'ignorance m'empêchant de décliner son invitation. Je n'était pas forcément enchantée par cette visite mais elle était nécessaire. Le week-end touchait bientôt à sa fin, je ne pouvais certainement pas commencer une nouvelle semaine de boulot en étant déprimée. Beth était mon remède miracle. Je la remercie d'ailleurs pour sa délicate attention dissimulée. Elle aurait très bien pu me proposer d'aller boire un verre dans notre pub favoris, mais elle ne l'a pas fait. Sans avoir à en discuter, elle savait que j'avais besoin de calme et de réconfort dans mon propre espace.
Le trajet du retour, jusqu'à mon appartement, a été agréable. J'ai apprécié la chaleur du soleil contre ma peau et le goût sucré de mon café. Je me sentais apaisée, le coeur léger. J'avais cette étrange sensation qu'un poids bien trop important, venait de libérer mon coeur. À cet instant, j'ai su que ma peine n'allait pas arranger les choses, qu'il fallait que j'évite à tout prix de donner de l'importance à cet homme et à cette rupture. À présent, je devais me concentrer sur moi-même. Cet élan de motivation fût malheureusement de courte durée.
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Le Journal d'une Célibartichaut
RomanceLe dégout, la colère, l'incompréhension, je ne sais pas trop comment qualifier mon état d'esprit actuel. Mais s'il y a bien une chose dont je suis sûre, c'est d'avoir l'impression que le monde est en train de s'écrouler autour de moi. Je m'appelle L...