Calendrier de l'Avent (2019)

1 - Fukalibe, Respect glacial

Bienvenue dans cette nouvelle édition de mon Calendrier de l'Avent, toutes les infos sont dans le résumé. Bon mois de décembre !

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Il avait autant de respect que de mépris pour ce compère. Un respect tout professionnel, à l'opposé de toute horreur que lui attirait l'homme, froid et méticuleux. Thomas, jeune avocat fraîchement sorti d'une prestigieuse école de droit, était assis à côté de sa cliente. Une main jouant nerveusement avec les plis de sa robe et l'autre tenant une feuille du dossier, il détaillait de ses yeux bleus glacés le profil de Maître Libe, l'avocat de l'accusé.

Il connaissait déjà l'autre homme, avant les longs échanges de mails que les procédures amenaient toujours dans leurs sillages — même si c'était probablement sa secrétaire qui lui répondait — qui avaient précédés le procès. Fils d'une famille bourgeoise, il était entré dans la même école que lui avec aisance, et en était ressorti major de promo. Il avait toujours tout eu, et, en le voyant faire, tout semblait facile. De plus, il prenait leur métier avec détachement, plaidant pour le plus offrant ou bien des cas perdus qui l'amusait. Il n'y avait ni compassion pour les victimes ni passion, à part cette attirance froide et policé pour le défi peut-être.

À son opposé, Thomas avait toujours eu à cœur de défendre des causes nobles, n'hésitant pas à accepter des affaires pro bono afin de permettre que justice soit rendue, défendant la vierge et l'orphelin contre tous, restant souvent penchés sur ses affaires jusque tard dans la nuit, ne tenant qu'à la caféine le lendemain.

Alors cet homme, cet adversaire, il le respectait tout en le méprisant, et quand sa voix où il aurait cru discerner un certain sarcasme lui donna la permission de prendre la parole à son tour, il était remonté à bloc. Prenant son dossier à deux mains il se leva, salua le parti adverse, le procureur, les jurés, puis d'une voix forte et passionnée exposa ses réponses, ses accusations, ses réclamations, dans un ordre méthodique, la raison ne le quittant tout de même pas.

Lorsqu'il sorti de la salle avec sa cliente, il lâcha un profond soupir. C'était terminé pour lui, les jurés étaient partis délibérer. Il lui adressa un sourire doux, tentant de réconforter la frêle jeune femme que la présence de l'homme qui l'avait agressé faisait vaciller comme une fleur dans le vent. Il jeta un coup d'œil vers cet homme, un vieil entrepreneur friqué, et croisa celui de l'autre Maître qui lui adressa un hochement de tête. Rêvait il le léger sourire de l'autre homme ? Probablement, ou bien était-ce une preuve supplémentaire de l'ironie de son ancien camarade. Le beau brun était sorti, briquet à la main, l'autre passant sous sa robe pour récupérer ses clopes dans son pantalon de tailleur supposait-il, avant qu'il n'ai pu déterminer s'il lui souriait.

On les faisait entrer à nouveau, pour le verdict final. Il posa une main dans le dos de sa cliente, discrètement, lui serrant l'épaule avant de la relâcher rapidement. Condamné à cinq ans de prison ferme.

La sanction était tombée. Pas assez élevée, évidemment, sur les quinze risqués, mais elle était là. Il sorti rapidement et enlaça sa cliente, qui pleurait de joie, les nerfs craquant. Avec les preuves minces qu'ils avaient, il se félicitait d'avoir réussi. Puis elle partit rejoindre ses sœurs qui l'avaient accompagnée, tandis que lui partait se changer. Il retira et rangea soigneusement sa veste tandis que Maître Libe le rejoignait.

« Tu as été impressionnant, Thomas. »

Il lui lança un rapide coup d'œil, étonné que celui-ci lance la conversation, ça faisait un moment qu'ils ne s'étaient plus parlés.

« Il aurait dû prendre plus...

– Mais j'étais là. Et avec vos preuves... Heureusement que je t'ai laissé gagné, n'est-ce pas Thomas.